nucleaire japonais

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Re: nucleaire japonais

Message par Seiya » 26 juil. 2011, 22:30

A propos de Monju, sa remarquable tuyauterie, son plutonium, sa propagande :
L’accident de Monju

Le 8 décembre 1995 à Kouga du département de Fukui, il y a eu un accident grave, une fuite de sodium dans le surrégénérateur de Monju, du Centre de recherche des réacteurs et des combustibles nucléaires. Ca faisait déjà plusieurs fois qu’on avait des accidents à Monju. D’ailleurs, on m’a appelé au chantier de Monju, 6 fois, car mes anciens subordonnés y sont devenus directeurs ou superviseurs ou ouvriers de la construction de Monju et ils m’appelaient chaque fois qu’ils avaient des problèmes. A l’époque, j’avais déjà pris ma retraite, mais je ne pouvais pas laisser tomber car je savais que même un seul accident est inacceptable dans les centrales nucléaires.

Un jour, on m’a donc demandé de venir au chantier de Monju, car ils n’arrivaient pas à emboîter les tuyaux. En arrivant, j’ai bien constaté que tous les tuyaux qui sont préfabriqués comme ceux qui sont faits sur commande étaient de la bonne taille et installés en respectant le plan. Mais ils ne pouvaient tout de même pas les emboîter. J’ai beaucoup réfléchi mais je n’arrivais pas à trouver la cause. En cherchant toute la nuit, j’ai enfin compris. Monju était construit par plusieurs fabricants comme Hitachi, Toshiba, Mitsubishi et Fuji. Et chaque fabricant employait des normes de plan différentes.

Pour dessiner les plans, chez Hitachi où j’ai travaillé, on négligeait moins que 0,5mm. Mais chez Toshiba et Mitsubishi, on l’arrondissait à la valeur supérieure. Et chez Nihongenken on arrondissait à la valeur inférieure. Ce n’est que 0,5mm, mais quand il y a 100 fois, ça fait une grande différence. C’est pour cela qu’on ne pouvait pas emboîter les tuyaux bien que tous respectaient le plan.

Comme ça n’allait pas, on leur a fait refaire des pièces. C’était le prestige du pays qui était en jeu. Pour ça, on ne dépensait jamais trop d’argent.

Pourquoi une telle chose est arrivée? Parce que chaque entreprise gardait ses savoir-faire et ses propres informations. Ils n’ont pas discuté pour se mettre d’accord sur la façon de traiter ces 0,5mm, pour garder leurs secrets. Je suppose aussi qu’ils n’ont rien non plus discuté sur le thermomètre qui a été la cause directe de l’accident de 1995.

Dans n’importe quel ensemble industriel, on installe le même type de thermomètre dans les tuyauteries. Mais je n’ai jamais vu de thermomètre qui était aussi long que celui de Monju. Je suis sûr qu’il y avait quelqu’un qui avait remarqué que c’était dangereux au moment de la construction. Mais il n’a rien dit car ce n’était pas son entreprise qui s’en occupait et il n’en était pas responsable.

Le fabricant du surrégénérateur était formé d’une équipe composite comme le Centre de recherche, lui même était une équipe composite des compagnies d’électricité. Dans une condition pareille, l’accident est inéluctable. Je ne vois pas comment ça ne pouvait pas arriver.

Ce qui est encore incroyable, c’est que le gouvernement ne le reconnaît toujours pas comme un accident bien que ça a été un accident très grave. Il a expliqué que «il y a eu un phénomène» comme pour l’accident de la centrale de Mihama. Peu après l’accident de Monju, j’ai été appelé par le Conseil Général de Fukui. Dans le département, on compte 15 réacteurs nucléaires. Ce sont les députés du parti Libéral-Démocrate qui les ont acceptés et je leur disais toujours «S’il y a un accident, ce sera de votre faute. Ceux qui étaient contre le nucléaire ne sont pas responsables». Et bien cette fois-ci, ils m’ont demandé conseil en disant «Cette fois, on a décidé de se battre contre le Centre de recherche. On ne peut plus fermer les yeux».

Je leur ai dit d’abord «C’est un accident. Il ne faut pas se laisser duper par le mot phénomène». A la télévision, au moment du compte rendu fait par le Centre de recherche au Conseil Général, le porte-parole du Centre a employé le mot «le phénomène de cette fois-ci», et aussitôt un député a crié «Non, c’est un accident!». Mais, si on n’avait rien dit, le Centre et le gouvernement l’auraient passé comme un simple phénomène. Non seulement les riverains, mais aussi tout le monde doit faire attention à ce mot qui présente les choses à la légère.

Les peuples comprennent les choses d’une façon complètement différente selon qu’on dit un accident ou un phénomène. C’est parce que le gouvernement joue avec les mots que le peuple japonais n’est pas sensible au risque d’accident nucléaire, c’est une tromperie

Le plutonium japonais dans les armes nucléaires françaises?

Le plutonium qu’on utilise dans le surrégénérateur de Monju est extrait, sur commande du Japon, à partir du recyclage effectué en France. Le recyclage du combustible nucléaire consiste à extraire du plutonium des déchets d’uranium, déjà brûlés dans les centrales. Le plutonium est une matière que l’on peut produire uniquement de manière artificielle.

A Monju, on utilise environ 1,4 tonnes de plutonium (à la fois dans le réacteur). La bombe de Nagasaki contenait environ 8kg de plutonium. Alors, combien de bombes nucléaires peut-on produire à partir du plutonium de Monju? Le plutonium est une matière très dangereuse qui est capable de provoquer le cancer des poumons à partir de quantités très faibles. Sa demi-vie radioactive est de 24.000 ans, presque l’éternité (pour nous). C’est ainsi que l’on a choisi le mot Pluton: le nom du roi des Enfers, pour sa racine. On a bien raison de le considérer comme la matière la plus dangereuse du monde.

Mais combien de gens savent qu’il y a une grande probabilité pour que le plutonium japonais ait été utilisé dans les essais nucléaires français effectués dans le Pacifique Sud jusqu’en 1995? Dans le centre de recyclage français, ils ne distinguent pas le plutonium destiné aux armes nucléaires du plutonium à utiliser dans les centrales. C’est donc quasiment sûr que du plutonium japonais a été utilisé dans les essais nucléaires.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement japonais ne pouvait pas déclarer ouvertement son opposition contre les essais nucléaires français. Si le Japon voulait arrêter la France, c’était très facile. Il lui suffisait de renoncer au contrat de recyclage. Mais il n’en a rien fait.

Le marché du recyclage nucléaire prend la deuxième place dans l’ensemble des transactions commerciales entre ces deux pays. A quoi cela sert de crier «non aux essais nucléaires» sans savoir cette réalité? Le Japon avance son statut de seul pays irradié. Mais nous avons certainement contribué indirectement à irradier les habitants de Tahiti et à contaminer l’Océan Pacifique.

La communauté internationale a déjà abandonné le plutonium. Il n’y a que le Japon qui persiste à essayer de produire de l’électricité avec une matière si dangereuse. Ils essaient maintenant d’utiliser le combustible MOX, mélange d’uranium et de plutonium, dans les réacteurs ordinaires. Mais c’est excessivement dangereux, c’est un peu comme brûler de l’essence dans un chauffage à fioul. Les centrales n’ont pas été conçues pour brûler du plutonium. La fission nucléaire du plutonium dégage beaucoup plus d’énergie que celle de l’uranium. C’est pour cette raison qu’on l’utilise pour fabriquer la bombe atomique.
Le Japon est un pays qui ne possède pas beaucoup de ressources énergétiques naturelles. Mais cela ne justifie pas une telle erreur. Si l’on n’arrête pas les centrales nucléaires, si l’on n’abandonne pas le plutonium, le nombre des gens irradiés va augmenter partout dans le monde.

Le Japon qui n’ose pas interrompre le projet

Dans le monde, le temps de l’énergie nucléaire est bientôt terminé. En février 1996, les Etats-Unis ont déclaré leur projet de diminuer le nombre de centrales nucléaires américaines de moitié d’ici 2015. Le président a également ordonné d’arrêter l’extraction du plutonium. Il est si redoutable qu’ils ont arrêté même les recherches scientifiques.

Les Etats-Unis, comme l’Angleterre et l’Allemagne, ont déjà arrêté les centrales surrégénératrices où l’on brûle du plutonium comme celle de Monju. L’Allemagne a stoppé celle qu’elle avait achevée (Kalkar) et a construit un parc de loisir (Wunderland) à la place. La plupart des pays ont renoncé car ils ont compris que c’est impossible de produire de l’électricité à partir du plutonium. Le gouvernement japonais doit savoir qu’il a commis une erreur. Mais il n’a pas encore abandonné le plutonium. Il a même annoncé la reprise du projet.
Pourquoi le Japon n’abandonne pas? Parce que c’est un pays qui n’a pas assez de courage pour interrompre les projets déjà votés. C’est vraiment dangereux, mais je peux vous donner beaucoup d’exemples montrant ce caractère du gouvernement.
Source : témoignage de M. Hirado NORIO, technicien chaudronnier, rédigé en 1996 (mort du cancer en 1997)
"C’est ainsi que ce qui peut l’aider et l’aiderait, devient sa perte, comme toute énergie mal employée."

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Re: nucleaire japonais

Message par mahiahi » 26 juil. 2011, 22:51

En 1996, le président était Bill Clinton
C'est quand tout semble perdu qu'il ne faut douter de rien
Dieu se rit des hommes déplorant les effets dont ils chérissent les causes
Défiez-vous des cosmopolites allant chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent remplir autour d'eux

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Re: nucleaire japonais

Message par energy_isere » 01 août 2011, 11:14

Japon : un investissement de 900 millions d'euros pour rehausser les digues de la centrale d'Hamaoka

22 Juillet 2011 Actu-Environnement.com

Ce Vendredi 22 juillet 2012, Chubu Electric Power a annoncé vouloir investir environ 100 milliards de yens (approximativement 900 millions d'euros) afin de renforcer les protections anti-tsunami de la centrale nucléaire de Hamaoka. Les travaux devraient être achevés en décembre 2012.

Concrètement, l'opérateur compte construire une digue de 18 mètres de haut autour de la centrale. De même, des mesures seront prises pour empêcher que l'eau ne puisse pénétrer dans les bâtiments de la centrale.

Reste que "certains observateurs, dont d'éminents sismologues, ont prévenu que le fait que la centrale soit construite à la pointe d'une péninsule sablonneuse crée un risque particulier", rapporte l'agence Reuters. En 2009, Chubu avait préféré arrêter définitivement les réacteurs 1 et 2, sur un total de cinq, après avoir estimé qu'il serait trop coûteux d'effectuer des travaux pour répondre à de nouveaux standards sismiques. Les trois réacteurs encore en activité sont prévus pour résister à un séisme de magnitude 8,5.

Le 6 mai, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, avait imposé la fermeture de la centrale nucléaire de Hamaoka (12520) "pour la sécurité des habitants." Le gouvernement avait demandé à l'opérateur de la centrale située à environ 200 km au sud ouest de Kyoto de prévoir une protection contre un possible tsunami géant.
http://www.actu-environnement.com/ae/ne ... 13111.php4

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Re: nucleaire japonais

Message par energy_isere » 01 août 2011, 22:06

Japon : le taux d'utilisation des centrales nucléaires au plus bas

01/08/2011 Les Eechos

Le taux d'utilisation des réacteurs nucléaires japonais est tombé à 33,9% en moyenne au mois de juillet, au plus bas depuis au moins 32 ans, selon des calculs effectués par Reuters sur la base des chiffres publiés lundi par le ministère japonais du Commerce. Ce taux était de 36,8% en juin, et de 70,0% en juillet 2010. Le précédent plus bas, qui était de 34,2%, date de mai 1979, mois le plus ancien pour lequel cette statistique est disponible.
La crise nucléaire provoquée par la catastrophe de mars à la centrale de Fukushima-Daiichi a suscité de fortes craintes pour la sûreté nucléaire, et les pouvoirs publics japonais d'échelon local hésitent à autoriser la réouverture des réacteurs éteints pour maintenance.
Le gouvernement central prévoit des tests de résistance et révise sa politique énergétique face aux pénuries de courant qui risquent de peser sur l'archipel jusqu'en 2012.
Sur les 54 réacteurs existants au Japon, seuls 16 sont actuellement en service. D'ici à fin septembre, cinq d'entre eux doivent à leur tour être fermés pour maintenance.
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 200998.php

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Re: nucleaire japonais

Message par energy_isere » 09 août 2011, 10:46

Crise de Fukushima : la compagnie Tepco déplore encore des pertes colossales

La situation financière de la première compagnie d'électricité japonaise, Tokyo Electric Power (Tepco), a continué de se dégrader de façon dramatique au printemps, à cause de pertes colossales consécutives à l'accident nucléaire de Fukushima.

L'exploitant de ce vaste site atomique situé sur la côte nord-est de l'archipel, ravagée le 11 mars par un violent séisme suivi d'un tsunami gigantesque, a fait état mardi d'un déficit net de 572 milliards de yens (près de 5 milliards d'euros) au terme du premier trimestre de son exercice 2011-2012.

"La qualité de nos finances s'est fortement détériorée", a déploré Tepco, reconnaissant sa responsabilité dans le drame survenu à Fukushima, lequel a forcé quelque 80.000 résidents des environs à fuir leur domicile et ruiné l'activité de nombreuses sociétés, commerces ou exploitations agricoles.

La compagnie a dû enregistrer au 1er trimestre une charge exceptionnelle de 398 milliards pour les dédommagements de victimes et de 105 milliards pour les pertes matérielles concernant les quatre réacteurs les plus problématiques de la centrale.

Outre ces frais exceptionnels qui plombent ses comptes, Tepco souffre de manques à gagner et de dépenses plus lourdes d'achat du pétrole ou du gaz naturel, pour relancer des centrales thermiques afin de compenser l'arrêt de la plupart de ses réacteurs nucléaires.

Pour éviter que Tokyo et les préfectures limitrophes ne soient plongées dans le noir, Tepco exige des entreprises comme des particuliers des efforts importants de réduction de consommation électrique. Las, du coup, elle vend moins d'électricité et encaisse moins.

.................
http://www.boursorama.com/infos/actuali ... bf43804dd6

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Re: nucleaire japonais

Message par energy_isere » 17 août 2011, 21:51

Un réacteur nucléaire redémarre au Japon

Le 17 août 2011 Usine Nouvelle

C’est la première fois depuis la survenance du séisme japonais du 11 mars qu’un réacteur nucléaire est réactivé au Japon.

Le groupe Hokkaido Electric Power (Hepco) annonce le 17 août qu’il remet en marche le réacteur numéro 3 de la centrale Tomari située sur l'île de Hokkaido. Une opération effectuée après le feu vert des autorités locales. En effet, les quatre municipalités situées à proximité de la centrale ont accepté ce redémarrage. Le réacteur était à l’arrêt depuis le 7 mars mais n’avait pas été relancé en raison de la catastrophe de Fukushima.

Depuis la survenance du tsunami du 1 mars, près des trois quarts des 54 réacteurs nucléaires japonais sont à l’arrêt pour maintenance ou par mesure de sécurité. La plupart des Japonais sont d’ailleurs opposés à leur redémarrage. Même le Premier ministre, Naoto Kan, s’est déclaré en faveur d’un abandon progressif de l’énergie d’origine nucléaire dans le pays. Il se dit favorable au développement des énergies renouvelables.

Reste que le ministère de l'Economie et de l'Industrie (Meti) est pour une remise en exploitation commerciale des réacteurs ayant satisfait aux tests de sûreté imposés par le gouvernement. Les premiers tests ont été achevés la semaine dernière, précise l'Agence de sûreté industrielle et nucléaire (Nisa).
http://www.usinenouvelle.com/article/un ... on.N157119

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Re: nucleaire japonais

Message par krolik » 20 août 2011, 15:31

Un article intéressant de Courier International.
@+
http://www.courrierinternational.com/ar ... onucleaire

JAPON • Comment un pays irradié est devenu pronucléaire
Après Fukushima, beaucoup se demandent comment un pays victime de deux bombes atomiques a pu devenir une puissance nucléaire. Explications.

18.08.2011 | Yutaka Shiokura | Asahi Shimbun


Courrier international

Lors d’un débat sur l’Énergie nucléaire dans l’Émission Asa made nama terebi [ En direct jusqu’à l’aube , sur TV Asahi], le journaliste italien Pio D’Emilia a demandé : Comment un pays qui a connu Hiroshima a-t-il pu autoriser si facilement la construction de centrales nucléaires ? A cette question, un des invités qui était sur le plateau, Michio Ishikawa, ancien président de l’Institut japonais de technologie nu­cléaire, qui a notamment été chargé du développement de l’Énergie nucléaire depuis le début de son implantation dans l’archipel, a répondu : Savez-vous que beaucoup de chercheurs de ma génération spécialistes du nucléaire sont des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki ? Tous ont soutenu le développement de cette énergie nouvelle dans l’optique d’une “utilisation pacifique’! Le fait de s’en servir pour permettre aux gens de vivre, et non plus de mourir, leur tenait particulièrement à coeur. Ce que M. Ishikawa voulait dire, c’est que, loin de promouvoir le nucléaire malgré l’expérience de la bombe, les Japonais ont plutôt poursuivi leurs recherches précisément parce qu’ils avaient vécu cette expérience.

C’est là un raisonnement qui mérite d’être détaillé. Mikiyo Kano, chercheuse spécialisée dans l’histoire des femmes et elle-même survivante d’Hiroshima, explique dans les colonnes du mensuel Impaction que cette même thèse se retrouve dans les discours de Mitsuo Taketani, aujourd’hui décédé, qui a été un des principaux défenseurs de l’utilisation pacifique du nucléaire. Les Japonais sont les seules victimes au monde de l’arme nucléaire. Ils ont par conséquent plus que quiconque le droit de mener des recherches à des fins pacifiques sur cette énergie , argumentait Taketani dans un hors-série du magazine Kaizo publié en novembre 1952. Quel est le raisonnement qui, paradoxalement, conduit des victimes de radiations à promouvoir l’Énergie nucléaire ? Toshiyuki Tanaka, professeur et chercheur de l’Institut de recherche pour la paix à l’université d’Hiroshima, expliquait dans le numéro d’août du mensuel Sekai : C’est justement parce que nous avons été victimes de la bombe atomique que le discours des partisans du nucléaire civil nous a séduits. Pour eux, la technologie qui a tué nos proches pouvait non seulement traiter le cancer, mais en plus nous apporter le confort. Ce discours est apparu comme porteur d’espoir aux yeux des hibakusha [irradiés].

Quant à l’essayiste Morihide Katayama, il explique ce paradoxe de façon très différente. Dans un article paru dans le mensuel Shincho 45, il avance que, si le Japon s’est lancé dans le nucléaire civil, c’est aussi par un certain désir de vengeance à l’Égard des Etats-Unis. En partant du fait que le Japon a perdu la guerre à cause de son retard scientifique, nous avons conclu qu’il nous fallait prendre notre revanche en triomphant dans ce domaine précis. Ainsi, il existe bien des raisons pour qu’un pays qui a souffert de la bombe s’aventure dans l’exploitation du nucléaire.

Les Japonais ont toujours cru dur comme fer au mythe de la sûretÉ . Selon l’historien Hisato Nakajima, ce mythe est lui aussi très lié au vécu d’Hiroshima et de Nagasaki. Dans le numéro de juin de Gendai Shiso, ce dernier raconte que pour l’implantation de la centrale de Fukushima Daiichi, alors que les habitants de la région se montraient réticents, un employé de Tepco [Tokyo Electric Power, la compagnie gestionnaire de la centrale] a balayé leurs inquiétudes. Il a réussi à obtenir leur accord en racontant qu’il avait été témoin de l’explosion d’Hiroshima et que son frère y avait perdu la vie. Il leur a assurÉ qu’il ne soutiendrait jamais le projet s’il avait la moindre inquiétude, parce que la bombe avait tué un de ses proches. M. Nakajima explique que, pour les habitants comme pour les salariés de Tepco, le mythe de la sûreté nucléaire était d’autant plus nécessaire que le pays avait été bombardé.

Le dernier ouvrage du sociologue Hiroshi Kainuma, Fukushima ron [ Discours sur Fukushima ], a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps. Sans doute parce qu’il s’intéresse à l’importance qu’a prise le nucléaire pour la préfecture de Fukushima et qu’il décrit sa perception par la population locale comme une apothéose de la modernitÉ . M. Kainuma s’intéresse lui aussi à ce qui lie la bombe atomique et les centrales nucléaires. Ce que j’entends par “apothéose de la modernitÉ’, c’est le côté éclatant de la croissance économique d’après-guerre. Elle s’est traduite par une prospérité et une démocratisation sans égales. Des idéaux modernes qui se sont imposés et ont conduit les gens à percevoir la bombe et les centrales comme l’essence même de la modernité.

Cette année, l’Association japonaise des victimes de la bombe H et de la bombe A, créée par les victimes d’Hiroshima et de Nagasaki, a décidé, lors de la commémoration des bombardements qui a eu lieu chaque année [les 6 et 9 août], de s’orienter vers une dénucléarisation totale, demandant l’arrêt progressif de tous les réacteurs. Il s’agit là d’un revirement radical pour cette organisation, qui, depuis sa création en 1956, n’a jamais réclamé la sortie du nucléaire civil. Ce qui est certain, c’est que le nucléaire civil ne se serait jamais développé au Japon si le pays n’avait pas subi les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.

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Re: nucleaire japonais

Message par krolik » 20 août 2011, 19:08

L'histoire et le futur..
@+
Une centrale à Hiroshima ? Pourquoi pas !

Courrier international (http://www.courrierinternational.com/ar ... urquoi-pas) - 18.08.2011

L’implantation de centrales nucléaires dans l’archipel a longtemps été très liée à la stratégie américaine. L’idée était que si le Japon – seul pays qui a connu l’horreur de l’arme atomique – avait recours à l’énergie nucléaire, l’image de cette source d’énergie ne pouvait qu’en sortir renforcée. Cette logique a conduit les autorités américaines à envisager – huit ans à peine après l’explosion des premières bombes atomiques de l’Histoire – de construire un réacteur à Hiroshima. “Le projet est revenu de nombreuses fois sur le tapis, surtout au début des années 1950. Washington cherchait à étouffer la montée du sentiment antiaméricain dans l’archipel après l’accident de mars 1954 [des bateaux de pêche japonais ont été contaminés par les retombées radioactives des essais de la bombe H effectués par les Etats-Unis sur l’atoll de Bikini]”, relate l’Asahi Shimbun. Le projet n’a cependant jamais vu le jour devant l’opposition ferme du président Eisenhower. Selon les documents envoyés par le département d’Etat à la Maison-Blanche le 7 mai 1955, l’idée de doter Hiroshima d’une centrale a été rejetée car cela revenait à admettre la culpabilité des Américains dans le bombardement de la ville. Une concession diplomatique inconcevable pour Washington.

Aujourd’hui, l’archipel nippon compte 50 réacteurs opérationnels. Mais, depuis l’accident de Fukushima, il y a cinq mois, la sortie du nucléaire commence à être sérieusement envisagée. Le Premier ministre, Naoto Kan, a expliqué vouloir une société qui ne dépendrait plus du nucléaire, et des journaux tels que l’Asahi Shimbun, le Mainichi Shimbun et le Tokyo Shimbun, jadis plus modérés, appellent aujourd’hui à la fermeture progressive des réacteurs du pays. Par contre, le Yomiuri Shimbun, premier quotidien du pays, et le Sankei Shimbun restent inconditionnellement pronucléaires, tout en demandant des contrôles de sécurité plus stricts.

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Message par akochan » 21 août 2011, 07:39

Moisson, preparation des futurs semis, etc font que je suis de loin le forum en moment et je le survole. Ma femme suivant chaue jour l'evolution de ce qui se passe dans son pays, elle me fait remarquer que bien que plus des deux tiers des reacteurs soient a l'arret il ne semble pas manquer d'electricite au japon. La part du nucleaire y eatnt d'environ 30 % je crois. Pourrais-tu krolik m'eclairer sur ce point et comment ils compensent? Merci. Il fait tres chaud en ce moment au japon et les climatiseurs tournent a fond.

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Message par Hakim » 21 août 2011, 10:21


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Message par krolik » 21 août 2011, 10:48

akochan a écrit :Moisson, preparation des futurs semis, etc font que je suis de loin le forum en moment et je le survole. Ma femme suivant chaue jour l'evolution de ce qui se passe dans son pays, elle me fait remarquer que bien que plus des deux tiers des reacteurs soient a l'arret il ne semble pas manquer d'electricite au japon. La part du nucleaire y eatnt d'environ 30 % je crois. Pourrais-tu krolik m'eclairer sur ce point et comment ils compensent? Merci. Il fait tres chaud en ce moment au japon et les climatiseurs tournent a fond.
Oh il n'y a pas de miracle, je ne pense pas que les climatiseurs tournent à fond surtout dans les grandes entreprises qui ont reçu des ordres de ce point de vue, chez les particuliers ce peut être autre chose.
Ils ont remis en route des vieux trucs à fuel qui crachent de la fumée et des particules..
Une pollution chasse l'autre..
@+

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Re: nucleaire japonais

Message par akochan » 21 août 2011, 10:54

merci pour les deux reponses.

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Re: nucleaire japonais

Message par krolik » 01 sept. 2011, 17:42

Le changement de Premier Ministre au japon.
@+
Japon : Yoshihiko Noda remplace Naoto Kan au poste de Premier ministre
Actu-Environnement.com (http://www.actu-environnement.com/ae/ne ... 13355.php4) - 30 Août 2011

Ce mardi 30 août 2011, la Chambre des députés, contrôlée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), a élu Yoshihiko Noda au poste de Premier ministre, par 308 voix pour sur 475 votes exprimés.

Le successeur de Naoto Kan est avant tout connu pour ses positions favorables à la réduction du déficit public japonais. En la matière, le ministre des Finances du gouvernement sortant préconise un doublement de la TVA, actuellement à 5 %, d'ici à 2015. Une mesure fiscale qui, selon certains observateurs, devrait peser sur le prochain gouvernement. Ainsi, ces analystes jugent que le mandat de Yoshihiko Noda ne devrait pas excéder la durée moyenne des mandats de ses cinq prédécesseurs, soit moins d'un an.

Relancer au plus vite les réacteurs à l'arrêt

En matière de politique énergétique, il a pris ses distances avec son prédécesseur, Naoto Kan, qui souhaitait ouvertement que le Japon renonce à l'énergie nucléaire. S'il estime que la construction de nouvelles centrales nucléaires est probablement impossible suite à la catastrophe de Fukushima et à l'opposition du peuple japonais, il n'a cependant pas soutenu Naoto Kan qui plaidait pour une diminution volontariste de la place de l'atome.

À court terme, il estime que la priorité est d'assurer l'approvisionnement électrique de l'archipel et il plaide pour un redémarrage le plus rapide possible, après la réalisation des stress tests, des réacteurs actuellement à l'arrêt.

Par ailleurs, il devrait rencontrer les mêmes problèmes que Naoto Kan pour mettre un terme à la crise nucléaire en cours à la centrale de Fukushima : un opérateur nucléaire, Tepco, et une administration, l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa), qui semblent bien réticents à coopérer avec le PDJ.

Philippe Collet

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Re: nucleaire japonais

Message par krolik » 01 sept. 2011, 18:04

Il n'empêche qu'il faut bien faire la maintenance des quelques réacteurs encore en fonctionnement..
@+
Source : Maxi Sciences

http://www.maxisciences.com/catastrophe ... 16652.html

Le Japon arrête deux réacteurs nucléaires supplémentaires
Info rédaction, publiée le 31 août 2011



Les compagnies d'électricité Kyushu Electric Power et Shikoku Electric Power s'apprêtent à arrêter pour maintenance d'ici dimanche deux de leurs réacteurs nucléaires. Ce seront respectivement les 42e et 43e mis hors service au Japon sur un total de 54, soit quelque 80% du parc nucléaire du pays.

Deux nouveaux réacteurs japonais vont être stoppés jeudi et dimanche. C'est ce que viennent tout juste d'annoncer séparément les compagnies Kyushu Electric Power, à qui appartient l'unité Sendai N°2, et Shikoku Electric Power, propriétaire de la tranche Ikata N°1. En effet, il est l'heure pour ces deux installations de subir les contrôles réglementaires d'une durée de 75 à 90 jours qui doivent être effectués tous les treize mois environ.

Ainsi, à compter de jeudi, Kyushu Electric Power n'aura plus que deux réacteurs en service sur six, et Shikoku Electric Power n'en aura plus que un sur trois, à partir de dimanche. Les unités de production concernées avaient été remises en activité début août 2010, soit il y a environ 13 mois donc. De ce fait, il ne restera plus à la fin de la semaine que 11 réacteurs en exploitation commerciale dans tout le Japon, sur un parc de 54 unités, ce qui ne représentera qu'un cinquième de la capacité de puissance de l'ensemble. Les deux unités seront ainsi les 42 et 43e à être mises hors service. Mais cinq unités supplémentaires devraient être arrêtées d'ici le 31 décembre, alors qu'on ignore encore la date de réactivation des unités déjà à l'arrêt.

Le gouvernement favorable au redémarrage du reste du parc

Suite à l'accident survenu en mars dernier à la centrale de Fukushima Daiichi, une quinzaine de réacteurs ont été subitement arrêtés dans les centrales du nord-est du pays, suivis peu après par deux autres tranches présentant des risques à Hamaoka, rappelle l'AFP.

Aujourd'hui, le redémarrage de tous les réacteurs stoppés pour maintenance ou en raison des secousses sismiques est ainsi conditionné à de nouveaux tests de résistance, notamment vis-à-vis des catastrophes naturelles, mais aussi à l’approbation des autorités locales. Des exigences qui repoussent l’échéancier habituel et provoquent une réduction de capacité de production électrique nucléaire, obligeant les entreprises comme les particuliers à diminuer leur consommation.
Selon les sondages, la grande majorité de la population souhaite voir une réduction progressive de la part de l'énergie nucléaire au Japon, partageant ainsi la position de l'ex Premier ministre de centre-gauche Naoto Kan qui s'était également prononcé en ce sens. Toutefois, son successeur, Yoshihiko Noda, élu mardi, est favorable au redémarrage des unités dont la sécurité aura été confirmée

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krolik
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Re: nucleaire japonais

Message par krolik » 08 sept. 2011, 17:14

Un Nobel Japonais de littérature contre le nucléaire.
@+
Kenzaburo Oe incite le Japon à abandonner le nucléaire
News Japon
Total Manga (http://www.total-manga.com/news-japon/k ... 203-2.html) - 8/9/2011


Kenzaburo Oe, lauréat du prix Nobel de littérature en 1994, a appelé le nouveau Premier ministre mardi à abandonner l'énergie nucléaire et à ne pas redémarrer les réacteurs, au risque de privilégier l'économie sur la sécurité. Yoshihiko Noda a annoncé qu'il permettra aux centrales nucléaires de reprendre leur activité lorsque leur sécurité sera confirmée.

"Le nouveau Premier ministre semble penser que les centrales nucléaires sont nécessaires pour l'économie du Japon, et la façon de relancer leur activité est l'un de ses principaux programmes politiques. [...] Nous devons prendre la grande décision d'abolir toutes les centrales nucléaires", a-t-il déclaré.

Il précise que l'accident du 11 mars a incité les citoyens à vouloir réduire leur dépendance au nucléaire mais que ce sentiment semblait s'estomper. L'écrivain s'est également exprimé sur une pétition antinucléaire, celle-ci demande au gouvernement le démantèlement des vieilles centrales et la promotion des énergies renouvelables. L'objectif est de recueillir pas moins de 10 millions de signatures et de soumettre le papier au gouvernement en mars prochain. Kenzaburo Oe a toujours soutenu les campagnes pacifistes et antinucléaires, il a d'ailleurs écrit de nombreux livres sur les bombes atomiques américaines de la Seconde Guerre mondiale.

L'écrivain compare l'accident nucléaire du 11 mars à "une troisième bombe atomique" que le Japon s'est infligé à lui-même. Il a ajouté : "Nous avons déjà été confronté à la menace des radiations avec Hiroshima et Nagasaki. Maintenant, beaucoup d'enfants auront à vivre sous la menace de radiations pour les 10, 20 ou 30 années à venir".

Yoshihiko Noda a déclaré qu'aucune nouvelle centrale ne serait construite et que les anciennes installations seraient démantelées, mais il envisage de redémarrer les centrales dont la sécurité est confirmée pour lever les restrictions d'électricité et favoriser la reprise économique du Japon.

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