suite de ce post de 2011 au sujet de Jubail
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Total construit avec Saudi Aramco sa première raffinerie en Arabie saoudite. Début 2013, elle recevra ses premiers barils destinés au marché intérieur et aux pays émergents d'Asie.
Nov 2012 Usine Nouvelle
Il est des lieux où la mondialisation n'est pas qu'un concept. Des lieux où elle est solide... aussi solide que le béton et l'acier qui ont permis de bâtir la raffinerie de Jubail, en Arabie saoudite, sur les rives du golfe Persique, au nord du Bahreïn et du Qatar. La visite du chantier de la septième plus grande plate-forme de raffinage-chimie au monde (400 000 barils par jour, soit 20 millions de tonnes par an), mais la première par sa complexité, tient lieu de fenêtre sur le marché mondial du pétrole.
Le chantier et les campements des ouvriers recouvrent une surface équivalente aux six premiers arrondissements de Paris. Ce n'est pas de trop pour accueillir les 38 000 travailleurs indiens, malais et philippins, bâtisseurs de cette cathédrale sur un site qui était encore désert il y a quatre ans... Le projet est lancé en 2006, quand Total et Saudi Aramco signent un partenariat pour fonder le joint-venture Satorp (Saudi Aramco Total Refining and Petrochemical Company), détenu à 62,5% par le saoudien et à 37,5% par le français. La construction de la raffinerie a été confiée à de prestigieux ingénieristes comme Samsung, Tecnicas Reunidas et le français Technip, qui a gagné à lui seul près de 3 milliards de dollars de contrats sur un coût total de 9,6 milliards.
« Satorp est plus qu'un joint-venture, c'est un pont entre la France et l'Arabie saoudite qui permet d'échanger des connaissances, de la culture et des technologies », assure Fawwaz I. Nawwab, son président. Dans les faits, cette formule se traduit par une direction bicéphale : Mohamed Hammad est à la tête de l'exécutif de Satorp et Daniel Grunemwald pilote le projet. Le premier dit du second : « Je le vois comme Alain Delon. Moi, je suis Omar Sharif ». Et de décliner des comparaisons parlantes pour le visiteur français : la raffinerie de Jubail a nécessité autant de béton que huit viaducs de Millau et suffisamment d'acier pour bâtir treize tours Eiffel.
PRODUITS À FORTE VALEUR AJOUTÉE
Des milliers de kilomètres de tuyaux, un cracker colossal, deux tours de distillation de 110 mètres de hauteur, une torchère culminant à 175 mètres, trois cuves qui peuvent chacune stocker 400 000 barils de pétrole... La raffinerie recevra, à partir de janvier 2013, les premières huiles issues de deux champs, Safaniya et Manifa, situés à 150 kilomètres au nord. Ce pétrole bon marché (de 5 à 10 dollars en dessous des cours mondiaux) permet à Satorp d'envisager un retour sur investissement d'ici sept à huit ans. À l'origine, la dixième raffinerie d'Arabie saoudite a été pensée pour alimenter les marchés des pays émergents asiatiques à partir du port industriel de King Fahad. Le royaume wahhabite souhaite limiter ses exportations de pétrole brut et privilégier les produits raffinés à forte valeur ajoutée, comme les carburants et les polymères (propylène, benzène, paraxylène). Mais ces dernières années, en raison d'une forte croissance économique et d'une démographie galopante, le pays a dû importer du carburant. Par conséquent, le site de Jubail alimentera également le marché intérieur.
L'autre enjeu de cette raffinerie gigantesque concerne la « saoudisation » des emplois. Pendant la phase de démarrage, le site comptera 1 400 salariés. Ils seront 1 066 en vitesse de croisière, à partir de la fin de l'année 2013. Les autorités du pays veulent que, sur ces travailleurs, la proportion des nationaux atteigne 85%. Satorp a donc engagé un important effort de formation des jeunes saoudiens, en les envoyant étudier en France, en Corée du Sud et aux États-Unis. Une politique volontariste devenue aujourd'hui indispensable dans un pays où la manne pétrolière a, pendant quatre-vingts ans, quelque peu détourné les habitants de la valeur travail.
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