L'Irak

Impact de la déplétion sur la géopolitique présente, passée et à venir.

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Message par epe » 18 janv. 2006, 17:43

Ca chauffe! :smt070

L’Irak accuse l’Iran de détenir des gardes côtes, Téhéran dément

Reuters, 17 janvier – L’Irak a demandé mardi la libération des gardes côtes qui ont été arrêtés par l’Iran durant une confrontation impliquant des trafiquants de pétrole dans ses eaux territoriaux près de la frontière avec l’Iran, l’ambassade d'Iran à Bagdad a nié être au courant de cet incident.

L’affaire, dans laquelle des officiers irakiens ont dit qu’un de leurs hommes a été grièvement blessé, est un test pour les relations cordiales entre Bagdad et Téhéran depuis que des chi'ites pro – iraniens ont pris le contrôle de l’Irak après que l’armée américaine ait renversé le régime de Saddam Hussein.

Le ministre des affaires étrangères irakien Hoshiyar Zebari a soulevé ce sujet avec le chargé d’affaires iranien Hassan Kazemi-Qomi, lors d’une réunion à ce sujet, a déclaré un responsable du ministère des affaires étrangères.

Les responsables irakiens, dans des déclarations confuses, ont dit que neuf ou dix gardes côtes ont été détenus samedi ou dimanche dans l’estuaire du Chatt al Arab entre Bassora et le Golfe. Cette frontière entre les deux Etats a longtemps était l'objet de disputes entre eux.

Mais Kazemi-Qomi a dit par le biais d'un porte-parole : « Les rapports sur cet incident ne sont pas vrais ». Il n’a pas fait d’autres commentaires.

Un porte-parole du premier ministre Ibrahim al-Jaafari a dit que huit gardes côtes et un officier ont été faits prisonniers par les Iraniens.

Un haut responsable qui dirige les patrouilles de bateaux sur les eaux du Chatt al-Arab, entre la ville de Bassora et la mer du Golfe, a dit qu’un des gardes côtes a été grièvement blessé par des tirs quand les forces iraniennes ont intervenues au moment où la patrouille irakienne allait inspecter un navire suspecté de transporter du pétrole.

Un gouverneur local a dit qu’un garde côte irakien avait été tué.
-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
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Message par mehdiclean » 19 janv. 2006, 14:04

après avoir retiré d'Irak 300 soldats en septembre dernier, et 300 autres ce mois-ci, l'Italie va retirer encore 1000 soldats d'ici au mois de juin sur les 2300 qui restent aujourd'hui en Irak, ils vont bientôt se retrouver tout seuls les américains... :-D
http://www.french.xinhuanet.com/french/ ... 207670.htm
Dernière modification par mehdiclean le 20 janv. 2006, 10:40, modifié 2 fois.
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Message par MadMax » 19 janv. 2006, 18:30

Ben Laden propose "une trêve de longue durée" au peuple américain

DUBAI, 19 jan 2006 (AFP) - Le chef du réseau terroriste al-Qaïda, Oussama Ben Laden, a offert "une trêve de longue durée" au peuple américain, dans une cassette audio diffusée jeudi par la télévision satellitaire du Qatar al-Jazira.



Des opérations "en cours de préparation" aux Etats-Unis (ben Laden)

DUBAI, 19 jan 2006 (AFP) - Des "opérations" sont "en cours de préparation" aux Etats-Unis, a affirmé le chef du réseau Al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans un enregistrement audio diffusé jeudi par la chaîne satellitaire Al-Jazira.
AFP

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Message par Tiennel » 19 janv. 2006, 18:32

Quel est le mobile (ou la contrepartie) d'une telle trève ?

EDIT : c'est bon, j'ai trouvé la réponse sur une autre dépêche. La trève est subordonnée au retrait de l'Irak.
Méfiez-vous des biais cognitifs

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Message par phylippe » 19 janv. 2006, 23:27

Appel urgent pour sauver les universitaires irakiens.

Un aspect peu connu de la tragédie qui se déroule en Irak est la liquidation systématique des universitaires du pays. D’après les estimations les plus prudentes, plus de 250 enseignants ont été assassinés et plusieurs centaines d’autres ont disparu. Pendant que des milliers d’entre eux fuient le pays, craignant pour leur vie, non seulement l’Irak subit une grave fuite des cerveaux mais sa classe moyenne laïque - qui a refusé de se laisser coopter par les occupants états-uniens- est décimée, avec de graves conséquences pour l’avenir du pays.


Déjà en juillet 2004, le journaliste chevronné Robert Fisk écrivait, depuis l’Irak : « Le personnel universitaire craint qu’une campagne pour priver l’Irak de ses enseignants universitaires ne soit en cours, campagne qui complèterait la destruction culturelle du pays, qui a commencé quand l’armée américaine est entrée à Bagdad ».


La vague d’assassinats semble n’être ni partisane ni sectaire, elle touche les femmes autant que les hommes, et s’étend à tout le pays. Elle ne fait pas de discrimination entre les compétences : enseignants de géographie, d’histoire, de littérature arabe ainsi que de sciences se trouvent parmi les personnes assassinées. Aucune arrestation n’a été faite en relation avec ces assassinats.


Selon l’Université des Nations Unies, 84% environ des institutions de l’enseignement supérieur ont été incendiées, pillées ou détruites. Le système éducatif irakien était parmi les meilleurs de la région ; l’instruction de sa population était une des ressources les plus importantes du pays.


Cette situation est le miroir de l’occupation dans son ensemble : une catastrophe aux proportions impressionnantes qui se déroule dans un climat d’incurie criminelle. La responsabilité de protéger les citoyens irakiens, y compris les universitaires, incombe en fin de compte aux États-Unis, en tant que puissance occupante, et sur la base de la législation humanitaire internationale.
Dernière modification par phylippe le 19 janv. 2006, 23:37, modifié 1 fois.
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Message par MadMax » 19 janv. 2006, 23:33

Israël ? :roll:

(je n'approuve pas c(s)es méthodes)

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Message par thorgal » 20 janv. 2006, 08:26

Phylippe, ça me rappelle bcp l'Algérie des années 90 ... d'abord on met les islamisets politiques hors-la-loi, puis ceux-ci (certains) + d'autres à la solde du gvt prennent le macquis et zigouillent à peu près toute la classe intellectuelle. Ensuite ça se généralise à la population sans discrimination. C'est très effrayant ...

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Message par mehdiclean » 20 janv. 2006, 10:20

bravo phylippe d'avoir soulevé ce sujet, qui est très important mais pourtant passé sous silence !
j'ai lu dans d'autres sources que c'était 500 scientifiques, proffesseurs et ingénieurs de haut rang qui ont été liquidés en Irak depuis 3 ans (dont un ingénieur en armement que je connaissais personnellement et qui a été assassiné il y a un an)
phylippe a écrit :Déjà en juillet 2004, le journaliste chevronné Robert Fisk écrivait, depuis l’Irak : « Le personnel universitaire craint qu’une campagne pour priver l’Irak de ses enseignants universitaires ne soit en cours, campagne qui complèterait la destruction culturelle du pays, qui a commencé quand l’armée américaine est entrée à Bagdad ».
on peut dire que ça a même débuté avant et que ça a été bien planifié, puisque, comme par hasard, les USA (précieusement aidés par les services secrets israëliens) avaient dressé une liste de savants irakiens pour les interroger au moment où les inspecteurs de l'ONU dirigés par Hans Blix (qui a disparu de la circulation, depuis qu'il a violemment critiqué les mensonges et la mauvaise foi des américains dans cette histoire) cherchaient les fameuses armes de destruction massives soit-disant détenues en Irak.
Les américains voulaient que ces savants soient interrogés par la CIA à l'extérieur de l'Irak, ce que le gouvernement irakien a très justement refusé.
On voit maintenant que cette liste a en fait été établie pour liquider l'élite scientifique de l'Irak !
c'est comme une entrevue passée elle aussi sous silence, entre un membre du gouvernement US (je ne me rappelle plus lequel, mais je crois que c'était Rumsfeld) et des représentants de la fédération des antiquaires américains, juste avant l'invasion américaine, et après comme on le sait, à peine Baghdad prise, il y a eu le pillage par de mystérieuses personnes des musées archéologiques irakiens, et le vol de milliers de pièces de haute valeur...
On voit donc bien que les américains, et derrière eux Israël, cherchent à détruire une civilisation, et non juste renverser un régime.
C'est pour ça que j'espère que l'Iran auront l'arme nucléaire le plus tôt possible pour protéger la civilisation contre ces barbares !... :evil:
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Message par phylippe » 20 janv. 2006, 10:26

J'avais déjà lu cette info ailleurs avant mais je ne sais plus où. Je suis content de l'avoir retrouvée. Si vous cliquer sur le lien, il y a une pétition.
Le pillage de musée s'inscrit effectivement dans la même logique. Seules les pièces de valeurs on disparus, pas les copie. Ceux qui on fait ça étaient bien organisés et au courant.
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Message par jerome » 20 janv. 2006, 12:11

mehdiclean a écrit : On voit donc bien que les américains, et derrière eux Israël, cherchent à détruire une civilisation, et non juste renverser un régime.
Je ne sais pas si c'était le but recherché (auquel cas ils méritent le surnom d'Attila), mais en tout cas c'est un fait établi (malheureusement), car on voit jour après jour le pays se désagréger.
mehdiclean a écrit :C'est pour ça que j'espère que l'Iran auront l'arme nucléaire le plus tôt possible pour protéger la civilisation contre ces barbares !... :evil:
Ils seront "protégés" (dans une certaine mesure) s'ils obtiennent la bombe, mais de là à le souhaiter.
Quand à justifier le fait que l'Iran n'ai pas le droit d'avoir la bombe après le discours de notre président, là ça devient difficile! ("je garde la bombe pour me protéger des autres et pour conserver mon approvisionnement, par contre j'interdit aux autres, qui deviennent de fait des états terroristes, de la faire"). :roll:
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Message par mehdiclean » 20 janv. 2006, 12:49

c'est clair ! en gros c'est "moi j'ai le droit d'être puissant mais pas les autres..."
l'Iran a au moins le mérite de mettre en lumière cette hypocrisie.
quant à l'Irak, j'espère qu'on le laissera se relever...
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Message par jerome » 20 janv. 2006, 13:44

mehdiclean a écrit :quant à l'Irak, j'espère qu'on le laissera se relever...
Pas tant qu'il aura du pétrole! Malheureusement...
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Message par mehdiclean » 24 janv. 2006, 13:57

TIKRIT (Irak), 24 janvier (XINHUANET) -- Deux ingénieurs allemands ont été enlevés par des inconnus arms à Baiji, ville pétrolière située dans le nord de l'Irak, a-t-on appris de source policière.

"Des inconnus armés dans 2 véhicules ont pénétré dans le camp de résidence de la Arabian Company for Detergent dans l'immense raffinerie de Baiji vers 08H00 (05H00 GMT)", a indiqué à Xinhua le major Muthanna Ibrahim de la police de Baiji.

Ces hommes armés ont enlevé 2 ressortissants allemands dans leurs voitures et ont fui la scène, a-t-il ajouté.

Plus de 200 étrangers ont été enlevés en Irak depuis l'invasion menée par les Etats-Unis contre le pays en mars 2003. Des dizaines d'otages ont été tués.
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Message par MadMax » 24 janv. 2006, 21:55

Le nombre d'attaques contre les troupes américaines en Irak a augmenté en 2005


2006-01-24 11:52:42



WASHINGTON, 23 janvier (XINHUANET) -- Le nombre d'attaques contre les troupes américaines et leurs alliés en Irak a augmenté de 29% en 2005 par rapport à l'année précédente, a rapporté USA Today, citant des chiffres de l'armée américaine.

Les rebelles ont lancé 34 131 attaques l'an dernier, contre 26 496 en 2004.

Sur la même période, les rebelles ont étendu leurs attaques aux forces irakiennes engagées dans les combats, indique le reportage.

Selon des sources de l'armée américaines, le nombre de soldats irakiens formés et équipés est passé à 227 000 et les forces de sécurité irakiennes sont donc plus souvent la cible d'attaques des rebelles.

Les forces irakiennes "sont des cibles faciles", indique Andrew Krepinevich, un expert des attaques rebelles basé à Washington.

Le nombre d'attentats à la voiture piégée a plus que doubler en Irak, passant de 420 en 2004 à 873 en 2005.

Les bombes placées au bord de la route continuent à être les armes les plus souvent utilisées par les rebelles et les attaques de ce type se sont élevées à 10 953 en 2005 contre 5607 en 2004.

Malgré l'augmentation du nombre d'attaques, les forces américaines affirment qu'elles sont plus efficaces dans la protection contre les rebelles.

En 2005, 673 soldats américains ont été tués contre 714 en 2004. Le nombre de blessés a diminué de 26% sur la même période.


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Message par phylippe » 25 janv. 2006, 18:28

Voilà une interview qui vaut son pesant de cacahuètes.


Irak : « La résistance grandit de jour en jour ».

Subhi Toma, qui a connu l’emprisonnement durant le règne de Saddam Hussein, n’a pas accepté que les Etats-Unis aillent renverser les autorités de son pays. Il se bat aujourd’hui pour réclamer le départ des troupes d’occupation, alerter l’opinion sur les graves violations des droits humains et appeler le monde à soutenir la résistance patriotique irakienne.
S.C.



S.C. - Les Irakiens ont-ils tout perdu ?

Subhi Toma : Oui, ils ont tout perdu. Leur pays est dans une situation effroyable. La majorité des Irakiens ressentent cette guerre comme un crime abominable. Un crime qui a détruit une nation, démantelé un pays, la Mésopotamie dont ils étaient si fiers. Il n’y a plus d’Etat, il n’y a plus rien. Les Américains ont réduit la Mésopotamie à un magma de tribus, de milices, de communautés religieuses, ils ont démantelé les structures de l’Etat, réduit à néant l’administration. Il y a des maladies que les Irakiens ne peuvent plus soigner, alors qu’avant il y avait en Irak un système de santé très performant. Les médecins sont assassinés, contraints de s’exiler. Les gens n’ont plus accès qu’à 4 heures d’électricité par jour. L’environnement a été totalement pollué par l’usage, par l’armée anglo-américaine, d’armes interdites, comme l’uranium appauvri, les bombes au phosphore blanc. Les stations d’épuration ont été bombardées et seulement 40 % de l’eau est encore potable. L’occupation a jeté les enfants dans la rue. 40 % des enfants irakiens ne fréquentent plus l’école. Ils sont exposés à toutes sortes d’abus, surtout aux abords des bases américaines, où les soldats ont amené drogues et prostitution.

S.C.- Etes-vous retourné en Irak ?

Subhi Toma : Je suis entré en Irak le 3 mai 2003. Bagdad venait d’essuyer trois semaines de bombardements. Le 1er mai Bush a déclaré : « Voilà la guerre est finie ». J’ai vu des bandes de pilleurs s’attaquer aux banques. C’était des gangs d’Arabes de toutes origines qui avaient été entraînés dans des bases militaires américaines - en Hongrie, en Roumanie, en Pologne - et que l’armée avait embarqués en Irak à cet effet. J’ai vu les soldats qui depuis les tanks leurs faisaient des signes pour les encourager à continuer d’aller piller et casser. C’est ainsi qu’ils ont pillé tous les trésors dans les musées, vidé tous les coffres de banques. Ce que je vous raconte, d’autres que moi l’on vu, l’ont rapporté, je n’invente rien.

S.C.- Ce sont ces bandes que les télévisions ont montrées en train de s’attaquer aux symboles du régime de Saddam Hussein pour nous faire croire qu’il y avait des Irakiens qui applaudissaient l’arrivée des troupes américaines ?

Subhi Toma : Ce sont ces gangs qui ont démantelé toutes les usines, renvoyé l’Irak à l’âge préindustriel. L’Irak était un pays industrialisé ; dans les années 70 il était parmi les pays du sud émergents. L’usine de Massara qui produisait 30% des médicaments à l’usage des Irakiens, a été vendue en pièces détachées aux Jordaniens et aux Koweitiens. Aujourd’hui 80 % des Irakiens n’ont plus d’emploi. 55 % entre 18 et 55 ans, sont au chômage. Le seul emploi qui leur reste est de s’enrôler comme mercenaires auprès des politiciens Kurdes, Chiites et les armées occupantes. Outre les mercenaires arabes, il y a actuellement 50’000 mercenaires Français, Allemands, Anglais, Polonais, Roumains, latino américains, formés par les Américains pour travailler dans ces « armées privées ».

S.C.- Qui sont les poseurs des bombes qui ensanglantent le pays ?

Subhi Toma : Nous pensons que tous les attentats qui visent les mosquées, les écoles, les marchés, sont imputables à ces mercenaires. Les attaques de la résistance patriotique visent les troupes d’occupation et les Irakiens qui collaborent avec elles La résistance est constituée de soldats et d’officiers de l’armée de Saddam Hussein.

S.C.- Chez nous, les médias ne parlent pas de résistance mais d’Al Quaida et de Zarkaoui !

Subhi Toma : Qui est derrière le nom d’Al Quaida ? Qui est Zarkaoui et où est-il ? Quel est le service secret qui agit en utilisant son nom ? Nous pensons que Zarkaoui n’existe pas. Les gangsters qui commettent ces attentats pour des services secrets occidentaux ont un salaire mensuel de 5 000 dollars. L’objectif de ces massacres est de faire croire à l’opinion que ceux qui résistent en Irak sont « des barbares » et que les Américains sont en Irak pour protéger les Irakiens. Et pour fabriquer ces « barbares », Bush a envoyé l’ambassadeur Negroponte en Irak et l’a chargé de former ces escadrons de la mort. C’était Negroponte lui-même qui avait été envoyé en Amérique centrale pour organiser les escadrons qui ont entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes. Ces milices privées sont là pour commettre des actes barbares que les occupants attribuent ensuite à la résistance patriotique pour la discréditer et diviser les Irakiens.

S.C.- Pourquoi la résistance ne dément-elle pas ?

Subhi Toma : Il y a chaque jour des communiqués de la résistance, diffusés via Internet, qui dénoncent les massacres de civils qu’ils attribuent aux services spéciaux liés à l’occupation. Mais les médias occidentaux n’en parlent pas.

S.C.- Il n’en demeure pas moins difficile d’expliquer que des Etats démocratiques puissent financer des groupes pour massacrer des innocents !

Subhi Toma : Pourquoi est-ce difficile ? Il est devenu parfaitement clair que des services secrets d’Etats occidentaux infiltrent et manipulent des groupes locaux pour leur faire faire ce qu’ils appellent « le sale boulot ». C’est la démarche du colonialisme. C’est de la barbarie. Les Etats-Unis veulent faire croire que les résistants irakiens sont des tarés. Ils ont fait la même chose au Vietnam. La force des Etats-Unis réside dans le fait que leur propagande passe dans les médias et que leurs atrocités sont acceptées par l’opinion. Leur démocratie est une véritable escroquerie. Leurs actes dégoûtent les Irakiens de la démocratie. Aujourd’hui tout le monde sait que les services secrets américains avaient organisé en 1973 le coup d’Etat qui avait porté Pinochet au pouvoir au Chili. Au Vietnam avec l’opération Phénix, l’armée américaine a coupé la tête de paysans vietnamiens et les a ensuite exposés aux photographes pour faire croire au monde que les résistants communistes étaient des barbares. C’est la même stratégie. Pourquoi serait-il difficile de croire que les Etats-Unis et la Grande Bretagne fomentent ce même genre d’atrocités pour justifier leur agression en Irak et faire croire qu’il n’y a pas de résistance, qu’il n’y a que des « terroristes » ?

S.C.- Le fait que l’Irak est dévasté et le peuple ruiné ne semble pas affecter Bush. N’a-t-il pas déclaré à mi décembre que son armée est en train de gagner ? !

Subhi Toma : Si nous avons tout perdu, eux ils n’ont pas gagné. C’est terrible, c’est terrible. L’Irak était un pays moderne, organisé et structuré. Un pays sécularisé. En 1930 il y avait des femmes juges, en 1950 des femmes ministres. Ils en ont fait un désastre...ce n’est plus un pays. Toutes les provinces sont dévastées, soumises à des bombardements depuis trois ans. Ils ont tout détruit. Mais ils n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Paul Wolfowitz, un des douze architectes de « la guerre préventive », disait que l’armée américaine avait atteint un niveau de compétence technologique qui permettait aux Etats-Unis de mener plusieurs guerres en même temps. Avec l’Irak, ils ont connu un revers total. Leur stratégie d’envoyer des troupes et des chars est un échec. Ils ne feront plus jamais la même erreur. Ils ne pourront plus occuper l’Iran ni la Syrie.

S.C.- N’ont-ils réalisé aucun de leurs objectifs ?

Subhi Toma : Economiquement ils n’ont pas rentabilisé ce qu’ils ont investi. Ils n’ont pas encore signé le contrat pour exploiter le pétrole. Et ils se retrouvent avec 30’000 à 40’000 tués et blessés. Nous croyons que les Etats-Unis vont perdre la guerre, qu’ils sont aujourd’hui otages de cette guerre. Toutes leur manœuvres politiques - élections, Constitution - visent à installer un gouvernement local qui sera prêt à signer les contrats et à leur confier l’exploitation du pétrole et du gaz irakien, à accepter qu’il y ait des bases militaires américaines en Irak, pour contrôler 80 % du Moyen-Orient. S’ils obtiennent cela ils vont partir.

S.C.- N’y a-t-il pas un gagnant, tout de même, Israël qui a toujours affiché sa volonté d’affaiblir l’Irak ?

Subhi Toma : Oui, on peut dire qu’Israël est stratégiquement gagnant. Il n’acceptait pas l’existence d’un Etat organisé comme l’Irak. Il y a des Israéliens qui sont présents en Irak sous diverses formes. Il se peut qu’Israël ait atteint un de ses objectifs. Mais ce qu’Israël fait au Moyen-Orient - s’imposer par la brutalité et le mépris - n’est pas une solution. Cinquante ans de coercition contre les Palestiniens, n’ont pas réussi à en finir avec eux. Et cela ne marchera pas non plus avec les Irakiens. Tant que cette logique de guerre prévaut, nous allons tous souffrir, car cela dépasse le cadre du Moyen-Orient.

S.C.- Cette guerre aurait-elle été possible si les dirigeants arabes avaient fait front pour la condamner ? En la facilitant n’ont-ils pas participé à l’oppression de leurs peuples ?

Subhi Toma : Bien sûr. Lorsqu’il y a un désastre de cette importance il n’y a pas qu’un seul facteur. La dégénérescence des régimes arabes a abouti à cela. Je suis tout à fait d’accord. Ces régimes arabes sont les alliés stratégiques des Etats-Unis.

S.C.- La soumission des leaders arabes à Washington ne se retournera-t-elle pas contre eux ? Leurs peuples ne se vengeront-ils pas ? Et vous, que ressentez-vous ?

Subhi Toma : Il y a une pensée orientale qui dit : « Si la bêtise gifle l’intelligence il ne faut pas que l’intelligence se comporte comme la bêtise ». La haine n’apporte pas de solution. Nous devons œuvrer pour amener l’Occident à avoir une attitude d’égalité avec nous. Si ce n’est pas cela, alors c’est l’idéologie de la violence.

S.C.- Comment ces victimes de la guerre que l’Occident a humiliées, atteintes dans leur dignité, vont-elles pouvoir se relever ?

Subhi Toma : Quand j’étais là bas, j’ai vu dans la rue les soldats américains frapper des Irakiens, les jeter au sol, les écraser de leurs bottes, les encagouler avec des sacs de plastique. J’ai compris que, par ces actes humiliants et brutaux, les Américains étaient en train de pousser les Irakiens à la résistance. Je reviens de Damas. Les Syriens sont, eux aussi, désespérés. J’ai eu le sentiment qu’ils sont, comme vous le suggérez, profondément atteints par ces humiliations permanentes des Etats-Unis et d’Israël. Ils sont convaincus que leur tour va venir et qu’ils doivent se préparer à résister.

S.C.- Il est difficile de se convaincre - malgré ce que vous venez d’étayer - qu’il y a en Irak une résistance bien organisée. Si tel était le cas pourquoi les Irakiens auraient-ils participé aussi massivement à des élections servant les intérêts de l’occupation ?

Subhi Toma : Les dirigeants irakiens savaient que face aux bombardements, ils ne pouvaient pas tenir. Mais ils savaient qu’une fois que les troupes américaines entreraient dans les villes, les choses se compliqueraient pour elle. La résistance grandit de jour en jour. Les engins artisanaux que les Irakiens utilisent contre les chars américains tuaient au début un soldat par jour, maintenant cinq. S’il n’y avait pas une résistance forte, pourquoi, malgré leur ampleur les troupes américaines, ne sont-elles pas arrivées en trois ans à limiter les attaques ? C’est la preuve qu’il y a un soutien populaire à la résistance. L’Irak est un pays vaste. La population est épuisée mais elle a encore un potentiel. Quant aux élections, a participation des Chiites et des Kurdes était acquise. Il y a eu l’idée, aussi, que de contribuer au processus politique pouvait contribuer à accélérer le départ des Américains. La résistance n’est pas seulement armée, elle est aussi politique.

S.C.- Quand Bernard Kouchner attribuait encore récemment à Saddam Hussein la mort de 2,5 millions d’Irakiens dit-il la vérité ?

Subhi Toma : Non. Il y avait une répression politique qui éliminait ses opposants politiques. J’ai fait de la prison en Irak. J’ai été torturé. Je peux comparer ce qui se passait sous Saddam Hussein avec ce qui se passe aujourd’hui. Monsieur Bernard Kouchner exagère les crimes de Saddam Hussein, amplifie ses défauts, pour justifier son adhésion à l’embargo et à la guerre abominable des Etats-Unis. Monsieur Kouchner et ses amis de gauche ont soutenu l’embargo qui a causé la mort d’un demi-million d’enfants et ruiné toute la société. Pour justifier sa participation à un tel crime Monsieur Kouchner continue de faire de Saddam Hussein un personnage bien plus monstrueux qu’il n’était.

S.C.- Voulez-vous dire que les troupes américaines en Irak commettent des actes bien plus abominables que du temps de Saddam Hussein ?

Subhi Toma : Bien sûr. Ce qui se passait sous Saddam Hussein, quantité de régimes latino américains l’ont fait. C’était aux Irakiens de régler leurs problèmes. Cela ne pouvait justifier d’aller détruire un pays, un peuple. Tous ceux qui voulaient que cette guerre se fasse ont menti. Ils se sont servis de la religion pour diviser les Irakiens. Ils ont prétendu que le régime de Saddam Hussein était contre les Chiites. Comment Saddam pouvait-il être l’ennemi des Chiites alors que 80 % des membres du parti Baath et de l’armée irakienne étaient Chiites ? Autre exemple : sur les 55 personnalités dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis, 35 d’entre-elles étaient Chiites ! Faire croire que les Chiites étaient les victimes de Saddam est une escroquerie.

S.C.- Quand, dans les années quatre vingt-dix, des politiciens progressistes appelaient à intervenir, au nom du « droit d’ingérence humanitaire » dans la partie Kurde de l’Irak, n’ouvrait-ils pas la porte à la guerre ?

Subhi Toma : Le droit d’ingérence humanitaire était une proposition douteuse. Le ministre des affaires étrangères Hubert Védrine avait reconnu que ce « droit d’ingérence » était une nouvelle forme de colonisation. Je suis allé en Irak durant l’embargo. J’ai vu les enfants mourir. Quand j’ai vu des démocrates soutenir l’embargo, j’ai alors pris conscience que la politique et la démocratie n’étaient pas cette chose noble que je croyais ; j’ai compris que tous ces politiciens - tous partis confondus - qui ne faisaient rien pour empêcher l’embargo, participaient à un crime impardonnable. On pouvait éviter la guerre. Les promoteurs de la guerre avaient un parti pris. Ce n’était ni le parti de la paix ni de la démocratie. Quand on leur demandait de faire un geste en faveur des enfants irakiens qui mouraient à cause de l’embargo, ces « démocrates » répondaient : « Nous aiderons les démocrates ». Comment peut-on demander à des victimes si elles sont démocrates ?

S.C.- Faut-il considérer les responsables politiques et médiatiques qui ont appuyé cette guerre, complices de crimes ?

Subhi Toma : Bien sûr. Il y a participation active, il y a participation passive. Je pense que tous ceux qui ont justifié l’embargo et soutenu la guerre contre le peuple irakien ont participé d’une façon ou d’une autre aux crimes contre le peuple irakien.
«Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve pollué, le dernier poisson capturé, vous vous rendrez compte que l'argent ne se mange pas» - Proverbe Cree

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