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par Raminagrobis » 14 mai 2013, 13:10
Ce qui se passe aux USA est vraiment remarquable, d'autant que personne ne s'y attendait.
Pendant 25 ans, la production américaine de pétrole déclinait régulièrement, tandis que la consommation augmentait. Ainsi, le pays devait importer des quantités toujours plus grandes du précieux liquide. Tout le monde pensait que celà allait encore continuer longtemps.
En 2006, la production est à son point bas, la consommation à son maximum (20.5 millions de barrils/jours), ainsi les importations nettes sont de 12.5 millions de barils/jours. Cette quantité représente plus de 15% de la production mondiale. Une partie de ces importations est sous forme de produits raffinés, les raffineries du pays ne pouvant couvrir la demande.
Mais depuis 2006, la situation s'est retournée de façon aussi spectaculaire qu'imprévue.
D'un coté, la consommation totale de produits pétroliers a diminué de plus de deux millions de barils/jours (soit de plus que la consommation de la France!). Cette diminution est essentiellement due à une économie atone. Par exemple, de nombreux américains ont perdu leur emploi et ne prennent donc plus leur voiture pour aller travailler. Mais elle doit aussi un report du pétrole vers le gaz naturel (notamment pour le chauffage) et à une relative amélioration de la sobriété des voitures.
En parallèle, la production de brut a remonté de plus de deux millions de barils.jours, surtout depuis début 2011. Celle augmentation se fait en dépit du déclin continu de l'Alaska et de l'offshore, elle doit tout à la production de pétrole de schiste, essentiellement dans deux Etats : Texas et North Dakota.
Enfin, dans le même temps, la production de butane-propane associée au gaz naturel a augmentée de 700 000 barrils/jour, dans la foulée du boom du gaz de schiste.
Résultat : les importations nettes de pétrole du pays ont diminué de la quantité astronomique de 5 millions de barrils/jour en 6 ans ! L'équivalent de la moitié de la production saoudienne.
C'est un chamboulement complet du marché du pétrole. Ca se traduit par une redéfinition des flux d'échange de pétrole, et celà a de toute évidence évité une flambée du prix du baril.
Pour les Etats-Unis, 5 millions de b/j de moins à importer, c'est environ 175 milliards de dollars économisés. Celà a fortement aidé à réduire leur déficit commercial. L'hémorragie de dollars vers les coffres des pays arabes s'est réduite.
Dans le même intervalle, les importations nettes de la chine ont augmenté de 3 millions de b/j.
En décembre dernier, pour la première fois, les Etats-Unis n'étaient plus le premier importateur mondial de pétrole, remplacés par la Chine. Evidemment les chiffres sur un mois n'ont pas beaucoup de sens, mais d'ici 2 ou 3 ans ce changement pourrait être définitif.
Celà a des répercussions géopolitiques majeures.
Toujours moins.