Pétrole et gaz de schiste : les majors font le pari de l’Argentine
Les Echos 21/03/2014
Le pétrolier français Total et les anglo-saxons Chevron et Shell accélèrent leurs investissements en Argentine. Le pays est le plus gros producteur d’ hydrocarbures de schiste en dehors des Etats-Unis et du Canada.
« L’exploitation du gaz non conventionnel, c’est le pari de la prochaine décennie ! » En tenant ces propos la semaine dernière, le PDG de Total, Christophe de Margerie, ne tentait pas de relancer le débat sur les gaz de schiste en France. Il évoquait la situation en Argentine, à l’issue d’un long entretien avec la présidente, Cristina Kirchner, en visite à Paris pour inaugurer le Salon du livre. Le groupe pétrolier « a décidé d’accélérer ses investissements dans le pays », a déclaré de son côté la présidente après l’entretien. Présent dans le pays depuis 1978, deuxième opérateur gazier du pays, Total a lancé dès 2011 des campagnes d’exploration d’hydrocarbures de schiste, qui s’avèrent encourageantes. Il devrait forer les premiers puits pilote dans les prochains mois.
Total n’est pas seul à considérer l’Argentine comme un enjeu majeur pour les années à venir. L’américain Chevron a annoncé en juillet 2013 un accord avec la société locale YPF (redevenue compagnie d’Etat après l’expropriation de l’espagnol Repsol en 2012), portant sur 1,25 milliard de dollars d’investissements destinés à développer la production d’hydrocarbures de schistes. Et Shell a annoncé en décembre son intention de tripler ses investissements dans la zone, à 500 millions de dollars.
Car non seulement l’Argentine veut continuer à développer ses ressources en hydrocarbures (notamment à Vega Pleyade en Terre de Feu, où Total vient d’engager le développement d’un gisement offshore de gaz), mais elle recèle aussi d’immenses réserves de gaz et de pétrole de schiste. Selon les dernières estimations du département américain de l’énergie, l’Argentine détiendrait les deuxièmes réserves de gaz mondiales (23.000 milliards de mètres cubes) derrière la Chine, et les quatrièmes pour le pétrole (27 milliards de barils), derrière la Russie, les Etats-Unis, et la Chine. De quoi alimenter les rêves d’indépendance énergétique du pays qui, après avoir été exportateur de pétrole, est redevenu importateur depuis 2010.
« Répéter ce qui s’est passé aux Etats-Unis »
Parmi les pays potentiellement riches en hydrocarbures de schiste, l’Argentine est d’ailleurs, et de loin, le plus avancé en dehors de l’Amérique du Nord. Favorisée par l’existence d’infrastructures pétrolières dans le bassin de Neuquén, en Patagonie, la production a même déjà démarré. YPF y a foré ses premiers puits il y a deux ans, dans l’immense gisement de Vaca Muerta, où se concentrent les réserves. Elle annonce aujourd’hui 161 puits en production, qui produisent 20.000 barils équivalent pétrole par jour (bep/j). Et veut clairement accélérer. « Nous avons l’engagement de répéter ce qui s’est passé aux Etats-Unis et qui a changé le paradigme énergétique mondial », a insisté Miguel Galuccio, le PDG de la société, en faisant visiter les installations la semaine dernière à des investisseurs internationaux. Les autorités tablent sur 100.000 barils de pétrole et 13 millions de mètres cubes de gaz par jour en 2017.
Le pays aura toutefois pour cela besoin des majors internationales. YPF, qui prévoit d’investir 37 milliards de dollars pour développer la production de Vaca Muerta, a annoncé qu’elle cherchait des partenaires. Pour attirer les investisseurs, le gouvernement argentin a évoqué une nouvelle loi pétrolière d’ici à deux ans. Le pays propose déjà des incitations fiscales sur les taxes à l’exportation pour les sociétés qui investissent au moins 1 milliard de dollars sur 5 ans. L’accord qu’il vient de trouver avec Repsol, qui bénéficiera de 5 millions de dollars en obligations pour compenser son expropriation en 2012, est sans doute de même destiné à rassurer les compagnies étrangères.
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 658970.php
il ya une erreur :
''L’accord qu’il vient de trouver avec Repsol, qui bénéficiera de 5 millions de dollars en obligations pour compenser son expropriation en 2012,''
c'est evidemment pas 5 millions de $ mais 5 milliard de $.
J' ai raporté ca plus haut (post du 26 fev 2014).