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Avis contradictoires sur la prochaine hausse des taux de la BCE
par Stella Dawson and Emma Davis
FRANCFORT/LUXEMBOURG (Reuters) - Les membres de la Banque centrale européenne (BCE) ont formulé des déclarations contradictoires concernant la rapidité avec laquelle celle-ci pourrait poursuivre ses hausses de taux d'intérêt.
Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, a déclaré que la hausse de 0,25 point de pourcentage annoncée le 1er décembre suffisait "pour l'instant" à juguler les pressions inflationnistes.
"Après la hausse des taux, les anticipations inflationnistes sont revenues à la normale. Cela signifie que la hausse suffit pour l'instant", a-t-il dit dans un entretien publié vendredi par le quotidien italien Il Giornale.
"Cela n'exclut pas cependant qu'en cas de situation de nouvel accroissement des anticipations inflationnistes, nous ne soyons pas prêts à répéter l'opération", a-t-il ajouté.
Hormis cette réserve, ses propos permettent de penser qu'il considère la hausse du 1er décembre comme suffisante.
PERSISTANCE DE RISQUES POUR LA STABILITE DES PRIX
Mais l'Allemand Axel Weber et le Luxembourgeois Yves Mersch, tous deux membres du conseil des gouverneurs de la BCE, ont exprimé toutefois une position sensiblement différente, ce qui a provoqué une légère hausse des rendements des emprunts d'Etat de la zone euro sur le marché obligataire et une certaine volatilité de l'euro.
Dans un entretien publié vendredi par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Axel Weber a souligné la persistance de risques haussiers pour la stabilité des prix. Il a également déclaré ne pouvoir exclure un nouveau resserrement monétaire à relativement court terme et sans préavis important.
"C'est un fait qu'il subsiste un certain nombre de risques haussiers pour la stabilité des prix", a-t-il ajouté.
"Pour l'essentiel, les taux d'intérêt peuvent changer lorsqu'il est primordial de limiter les risques en matière de prix, ce qui peut se produire rapidement et sans grand avertissement préalable", a-t-il dit.
Le président de la Bundesbank a ajouté qu'il aurait pu envisager une hausse de taux plus énergique que le relèvement d'un quart de point de pourcentage annoncé la semaine dernière, qui constituait la première mesure de resserrement du crédit décidée en cinq ans par la BCE.
Son homologue Yves Mersch, gouverneur de la banque centrale du Luxembourg, a formulé des propos sensiblement similaires en soulignant au cours d'une conférence de presse la persistance de risques en matière de prix malgré la hausse de taux.
En fait, a-t-il déclaré, l'évolution des prix pourrait se détériorer jusqu'en 2007, notamment en ce qui concerne le taux central d'inflation (hors alimentation et énergie), qui pourrait d'après lui s'avérer supérieur au taux d'ensemble.
"Les taux d'intérêt, nominaux et réels, sont à un niveau très bas", a-t-il ajouté. "Par conséquent, la politique monétaire reste très accommodante et constitue toujours un puissant soutien à l'activité économique et à la création d'emplois."
A Athènes, Nicholas Garganas, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a lui aussi déclaré que la hausse de taux de décembre n'affecterait pas la croissance économique de la zone euro. "Elle n'inaugure pas une série de relèvements", a-t-il déclaré à la presse.
HAUSSE DES JANVIER OU FEVRIER ?
Les marchés obligataires, qui s'efforcent de tirer de tous ces propos des enseignements sur le moment où pourrait être décidée une nouvelle hausse de taux, voient dans les commentaires concernant l'inflation un signe d'un éventuel relèvement de taux dès janvier ou février.
"L'opinion (des membres de la BCE) est que cela suffit pour l'instant, mais cela ne signifie pas que ce sera suffisant lors de leur prochaine réunion", déclare un opérateur.
D'après l'économiste Lorenzo Codogno (Bank of America), la BCE rencontre des difficultés de communication après que son président Jean-Claude Trichet eut tenté de minimiser l'impact de la hausse du 1er décembre en déclarant qu'aucun processus de relèvement régulier des taux n'était envisagé.
"Cette semaine, le ton des membres de la BCE commence déjà à aller davantage dans le sens d'un resserrement", dit-il.
D'après lui, cela permet de penser que si les indicateurs économiques montrent que l'économie de la zone euro continue de se renforcer, la BCE pourrait souhaiter relever plus tôt ses taux d'intérêt, afin d'éviter un enracinement de l'inflation.