Un QE est-il possible en zone euro ?
13/03/14 Les Echos
De nombreux spécialistes se demandent si un QE « à la Fed » serait le bon moyen de relancer une zone euro atone. Les analystes de BNP Paribas se sont penchés sur cette question et estiment ce scénario plausible.
QE or not QE ? Telle est la question. Dans un contexte de déflation dans certains états comme la Grèce ou Chypre ou de faible inflation (les autres états membres ayant tous une inflation inférieure à 2%), beaucoup d’institutionnels, d’investisseurs ou simplement des boursicoteurs se demandent si la BCE va mettre en place un QE « à la Fed ».
Première question à se poser, la BCE est-elle ouverte au quantitative easing ? Si l’on en juge par les déclarations de ses différents membres éminents, cela paraît concevable même si la prudence est de mise. « Les rachats d’actifs sont un des instruments que la BCE peut utiliser pour mettre en œuvre sa politique monétaire, donc c’est, en principe, possible », commentait en novembre dernier Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. En plus d’en avoir envie, l’institution européenne a-t-elle la capacité juridique à mettre en œuvre un tel programme ? La réponse est cette fois-ci plus contrastée. En effet, l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne « interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite ». Toutefois, cet article n’interdit que les achats d’obligations souveraines sur le marché primaire, c’est-à-dire, à leur souscription à l’émission. C’est pourquoi la BCE a pu annoncer en septembre 2012 le principe d’un programme d’opérations monétaires sur titres (OMT), en achetant directement, sous certaines conditions, des obligations émises par des États-membres de l’Eurozone sur les marchés secondaires de la dette souveraine.
Sous quelle forme ?
Dans le scénario présenté par BNP Paribas, si la BCE prend pour référence la masse monétaire, 350 milliards d’euros pourrait être injectés dans l’économie, soit environ 5% du PIB de la zone euro. Par contre, si le critère devient l’output gap ou la perte de PIB enregistrée par les membres de l’Eurozone durant la crise, alors l’établissement financier prévoit une aide à l’économie comprise entre 400 et 1.000 milliards d’euros. Pour réaliser ce programme, BNP privilégie des actifs privés même si comme le rappelle Dominique Bardet, « vous n’entendrez jamais la BCE dire qu’elle ne rachètera jamais de dettes souveraines ». Concrètement, cela se traduirait par des rachats de créances bancaires, ou de titres auprès de la BEI (Banque européenne d’investissement), un organisme ayant pour but de financer des projets au sein de l’Union européenne.
Y aurait-il des objectifs fixés comme pour le QE de la Fed ?
Patrick Jacq, stratégiste chez BNP Paribas, explique que l’encours de crédit pourrait être une bonne variable étant donné ses répercussions sur l’économie réelle, au contraire de la masse monétaire, qui elle, n’induit pas forcément de la croissance. D’autres objectifs sont également possibles, dont notamment une inflation autour de 2% qui serait ciblée par la Banque central Européenne. Toutefois, si ce scénario se réalisait, ça ne serait pas avant le second semestre 2014, précise la banque.
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