Les prix de l'huile de palme au plus bas depuis six ans
Par Franck Stassi - Usine Nouvelle le 28 août 2015
La chute des prix du pétrole, les craintes liées à l’économie chinoise et des critiques récurrentes sur ses impacts environnementaux et sanitaires précipitent la baisse des prix de l’huile de palme.
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Prix quotidiens de l'huile de palme, en ringgits, à Kuala Lumpur (Malaisie)
Les prix de l’huile de palme ont perdu 16% depuis le début de l’année. Mardi 25 août, ils s’élevaient à 1906 ringgits (452 dollars) par tonne à Kuala Lumpur (Malaisie), soit leur plus bas niveau depuis 2009. L’indice des huiles végétales publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont l’huile de palme fait partie intégrante, reflète également cette baisse, passant de 156 en janvier 2015 à 147,6 en juillet.
Représentant environ 30% de la consommation mondiale d’huiles, l’huile de palme est présente dans la moitié des produits alimentaires industriels.
Le produit subit, à l’instar de la plupart des matières premières, les conséquences des craintes liées au ralentissement économique chinois. La chute de 60% des prix du pétrole depuis juin 2014 a par ailleurs affecté la demande en agrocarburants, dont l’huile de palme peut être utilisée comme composant, à l’instar d’autres huiles végétales. Signe de l’ampleur de la baisse des prix, le conglomérat malaisien Sime Darby, premier producteur mondial côté d'huile de palme, a annoncé mercredi 26 août une baisse de 17% de son bénéfice net lors du trimestre avril-juin, à 988,7 millions de ringgits. "Le groupe a continué de subir les effets négatifs des prix des matières premières à la baisse et des conditions de marché instables pendant la période concernée", a sobrement expliqué le groupe.
La déforestation en ligne de mire
L’huile de palme fait les frais de critiques récurrentes sur son éventuelle dangerosité pour la santé et sur l'impact environnemental de certaines plantations, notamment en Asie. D’après la FAO, la culture du palmier à huile engendrerait 80% des déforestations réalisées en Malaisie, le premier producteur mondial d’huile de palme, et de 17% à 27% des déforestations en Indonésie.
Cette désaffection pour l’huile de palme s’illustre encore, dernièrement, par le retrait mi-août du fonds de pension public norvégien, le plus important fonds souverain mondial, de ses participations au capital de quatre grands groupes asiatiques. Il a notamment écarté de son portefeuille le conglomérat Daewoo, qui détenait une participation de 85% dans une entreprise procédant à la déforestation de zones boisées à des fins de conversion en zone de plantation de palmiers.
De manière plus anecdotique, la ministre française de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie Ségolène Royal s’en était vertement prise, en juin dernier, au Nutella en raison de l’impact environnemental de l’huile de palme, un de ses principaux ingrédients. Avant de s'excuser pour cette charge injustifiée.
L'Inde fait ses emplettes
Conséquence de la baisse des prix, l’Inde, premier importateur mondial d’huiles de cuisson, a récemment relevé ses volumes d’achat. Au terme de la campagne de commercialisation, en octobre, les importations indiennes d’huile de palme progresseraient de 16% en un an, à 9,3 millions de tonnes. "En raison de la baisse des prix et de la dépréciation du ringgit, l’huile de palme est devenue très attrayante pour les acheteurs", a expliqué à Reuters Nitesh Shahra, président de Ruchi Soya, le premier raffineur indien d’huiles comestibles.