Trêve de plaisanteries, le carburant miracle de l'espace existe, et ce n'est pas du vulgaire hydrocarbure que dieu dans un moment d'égarement a mis sous les pieds de l'axe du mal. Cette panacée énergétique c'est...
(tadam tadam)... l'
hélium-3 !
Cet isotope de l'hélium a pour particularité de pouvoir engendrer des fusions thermonucléaires
aneutroniques, c'est-à-dire qu'à part quelques rayons gammas, toute l'énergie de la fusion est récupérable puisqu'elle ne produit que des noyaux chargés (donc n'échappant pas au confinement). Accessoirement, elle est beaucoup plus propre que les autres fusions car les neutrons qui s'échappent ont tendance à "activer" les matériaux du réacteur qui devient de plus en plus radioactif à l'usage.
L'inconvénient, c'est qu'à part quelques traces dans les silos à missiles, il y en a que pouic sur terre. Il faut aller le chercher à la surface de la
lune où le vent solaire l'a déposé dans le régolithe (décidément, dieu bénit peut-être l'amérique mais ne met pas les fruits du paradis a portée de ses grosses pattes). Ceci explique pourquoi W veut relancer la conquête spatiale et retourner sur la lune installer une
base permanente.
Panacée ? Comme pour tout médicament, il faut lire les petits caractères pour éviter les effets secondaires indésirables. Et le
traité de 1967 servira alors autant que l'ONU dans le conflit irakien aujourd'hui :
- Les américains risquent d'être dans un premier temps les seuls exploitants / distributeurs de cette manne énergétique avec toute la philanthropie qu'on leur connaît. Autrement dit, s'ils disposent du pétrole du futur et le dispensent à leur gré, ils n'ont pas fini de vivre sur le dos du reste de la planète.
- Quand ils ne seront plus la seule nation ayant accès à cette ressource, naîtront des conflits de revendication sur les meilleures zones d'exploitation, et là, la lune méritera vraiment son surnom de golfe persique du 21e siècle.
- Une fois la lune mise en coupe réglée, elle deviendra aussi poétique qu'une vue aérienne de carrière, mais bon, c'est la rançon de la modernité.
- Réchauffement planétaire : aujourd'hui, il est essentiellement dû aux gaz à effets de serre qui modifient les échanges thermiques entre la terre et le ciel nocturne. Demain, on disposera d'une énergie ne produisant pas ces gaz, mais apportant directement de la chaleur : celle de la fusion, transmise à un fluide circulant entre le réacteur, des turbines et pour compléter le cycle thermodynamique, un refroidisseur (un fleuve en général). Je ne sais absolument pas si cet apport de chaleur peut avoir un impact significatif sur notre planète, à voir...
- Pic d'hélium-3 : les réserves lunaires sont estimées à des millénaires de consommation énergétique, on va donc l'exploiter sans retenue, augmenter nos besoins, en inventer de nouveaux (l'He-3 est également le carburant des fusées du futur), gaspiller et se gaver jusqu'à ce rendre compte qu'il devient plus difficile / moins rentable à extraire. Ceci permettra à l'humanité de se casser la gueule plus tard, mais d'encore plus haut qu'avec le pic pétrolier. Charmante perspective pour nos arrières petits enfants (une crasse de plus ou de moins pour les générations futures ne va pas nous empêcher de dormir).
Je vous laisse imaginer les autres calamités que nous ne manqueront pas de nous
laisser infliger, pour conclure sur 2 notes optimistes : de l'hélium-3, il y en a partout ailleurs (+ loin), en particulier dans l'atmosphère jovienne, on en trouvera tout le temps, juste plus difficilement. 2e point et pas des moindres : la fusion aneutronique, par définition, ne permet pas d'enrichir d'autres matériaux, donc pas de fabrication de plutonium, pas de
prolifération nucléaire.