J'ai encore dans ma bibliothèque certains ouvrages d'il y a quinze ans sur le sujet. Je me demandais sérieusement à l'époque si je n'allais pas entamer une thèse sur le sujet (la découverte des oxydes supraconducteurs à "haute température critique" en 1986 avait insufflé un tel enthousiasme...)GillesH38 a écrit :regardez l'exemple des supraconducteurs haute Tc.
Dans un de ces ouvrages (Les nouveaux supraconducteurs - François Gervais - Technique et Documentation, Lavoisier, 1991) on peut lire p.183
Un horizon de dix à vingt ans n'est même plus suffisant pour qu'un spécialiste soit à l'abri d'un pronostic contredit, alors que J.-F. Kennedy avait pu promettre la Lune en moins d'une décennie. Les délais d'applicabilité se sont allongés.Il faut se rendre à l'évidence. Les chances de voir les applications de la supraconductivité révolutionner notre vie quotidienne dans un avenir immédiat apparaissent bien minces. Inversement, dire que rien ne débouchera à une échelle de dix à vingt ans serait faire preuve d'un pessimisme non fondé à l'heure actuelle.
Je suis de plus en plus convaincu que les progrès scientifiques sont devenus impossibles à traduire en progrès techniques. C'est-à-dire que la tâche qui consiste à faire concevoir et produire par l'ingénieur une application issue des nouvelles connaissances est devenue hors de portée des ressources disponibles. Car chaque mise en oeuvre des connaissances plus avancées nécessite un appareillage industriel d'une nouvelle ampleur. Cette course au gigantisme butte tout simplement sur des échelles où l'effondrement sous sa propre démesure est plus probable que son rebond vers de nouveaux sommets.
D'un autre coté, l'acquisition de nouvelles connaissances est devenu largement tributaire des avancées techniques. Rien ne peut plus être scientifiquement fondé sans la mise en oeuvre d'appareils dont la gestion s'avère de plus en plus lourde. Bien sur, d'heureuses surprises sont toujours possibles, mais leur fréquence et leur applicabilité minimisera la probabilité d'une nouvelle ère industrielle.
Je crois qu'un autre fil de discussion avait déjà évoqué une notion de "peak découverte". Il me semble que l'analogie avec le peak oil n'est pas dénuée de sens.