On a trouvé au fond des océans des milliards de mètres cubes de gaz. De quoi résoudre tous les problèmes d’énergie. Le risque: rendre le réchauffement climatique totalement incontrôlable
C’est une sorte de glace étrange, constituée d’un agencement de molécules d’eau qui emprisonnent des molécules de gaz, par exemple du méthane, ou encore du propane. Les chimistes parlent d’«hydrates de gaz» ou, mieux, de «clathrates»
L’USGS (le Geological Survey américain) estime à plusieurs dizaines de millions de milliards de mètres cubes la quantité de méthane ainsi piégée dans ces glaces instables. «Cela représente au moins le double de tout le carbone contenu dans l’ensemble des gisements d’énergie fossile, pétrole, gaz et charbon compris», assure un spécialiste.
Même si on ne savait en récupérer qu’une toute petite fraction, les quantités accessibles seraient phénoménales: convenablement réchauffé et pompé, un seul mètre cube de clathrate donne pas moins de 164 mètres cubes de gaz naturel. Mais jouer avec cette glace, c’est aussi jouer avec le feu. D’abord parce qu’il s’agit de toute façon d’un carburant fossile, dont la combustion contribue au fâcheux effet de serre. Mais surtout parce que toute déstabilisation malencontreuse de ce méthane, gelé depuis la nuit des temps, pourrait entraîner le dégazage massif d’immenses gisements. On imagine des myriades de mètres cubes de cet hydrocarbure gazeux s’échappant d’un seul coup des fonds marins. Les bulles secouant l’océan avant de rejoindre l’atmosphère pour y accélérer le réchauffement climatique
Une équipe de l’Université du Michigan a même pu établir un lien entre une titanesque libération de gaz survenue dans l’Atlantique il y a 55 millions d’années et le réchauffement climatique concomitant: une hausse moyenne de 4 à 6 °C. Le climat de la planète avait mis 200000 ans pour s’en remettre. Espérons que nous ne sommes pas en train de le détraquer pour aussi longtemps.
