Le pétrole, gisement de richesse pour Genève
http://www.lefigaro.fr/eco/20061103.FIG ... eneve.html
Un tiers des échanges de pétrole brut se fait à Genève. Plusieurs grandes compagnies pétrolières y ont recentré leurs activités. Les banques y ont installé leurs centres de financement des matières premières. Des milliers de personnes en vivent.
MARC LECOANET se penche sur son ordinateur : devant ses yeux défile la liste des pétroliers qui font route à travers la mer Baltique, la mer Noire ou la Méditerranée. Certains ont chargé leur cargaison dans les ports de Vitino ou d'Arkhangelsk en Russie septentrionale, traversant les zones de glace pour ramener le brut vers le Sud. Régulièrement, les commandants des tankers indiquent leurs positions, font le point sur les conditions de voyage. À Genève, dans les bureaux de Riverlake, la société de transport maritime dirigée par Marc Lecoanet, une trentaine de personnes suivent de près ces déplacements. Pour certains de leurs clients, comme Total, ils jouent le rôle d'intermédiaire entre le propriétaire de la cargaison de pétrole et l'armateur. Comme une myriade de sociétés présentes aux différents échelons de la chaîne du commerce pétrolier, Riverlake s'est installée à Genève. Il y a d'abord de nombreuses institutions financières qui consacrent de larges pans de leurs activités au pétrole. Sur les deux rives du Rhône, les bâtiments de BNP Paribas font face à ceux du Crédit agricole. C'est ici que les banques ont placé leur centre de financement des matières premières, pétrole en tête. BNP Paribas, leader mondial du domaine, y emploie trois cents personnes. Le Credit suisse, l'Union de banques suisses (UBS) sont d'autres acteurs clés de la place.
15 milliards de dollars échangés chaque année
À quelques encablures, Total, l'une des cinq majors (les plus grosses entreprises pétrolières), a placé le quartier général de ses activités commerciales. Après sa fusion avec Elf, le groupe a choisi de faire venir à Genève la majorité de son personnel. La russe Lukoil, numéro deux de la distribution en France après Total, est également présente au centre-ville, et c'est de Genève que sont réalisées ses opérations commerciales via sa filiale Litasco. Rosneft et la hollandaise Vitol disposent aussi d'enseignes dans la cité. Sont aussi présentes les plus grosses sociétés de trading, parmi lesquelles Sempra Trading et Mercuria. Deux des plus importantes entreprises d'inspection, la Société générale de surveillance (SGS) et la Cotecna, ont choisi Genève pour établir leurs sièges. Enfin, des spécialistes en géologie, des sociétés d'exploration, plusieurs entreprises maritimes et une pléthore d'avocats d'affaires complètent le tableau.
Sur les 180 000 habitants de Genève, entre 3 000 et 5 000 travaillent dans le négoce de pétrole. Désormais, on estime qu'un tiers des échanges de brut transite par la ville du bout du lac Léman ; environ 15 milliards de dollars y seraient échangés chaque année. Si Londres se maintient à la tête du trading (achat et vente), Genève, qui la suit de près, s'est fait une spécialité du financement des activités pétrolières, c'est-à-dire la couverture des risques liés à ce commerce.
Trois atouts : la discrétion, la fiscalité et les organisations internationales
Pour expliquer cet engouement pour la place genevoise, Conrad Gerber, président de la société de conseil Petro-Logistics, cite la réputation des institutions financières, l'inimitable discrétion suisse, son secret bancaire et la bonne qualité des infrastructures. Par ailleurs, l'existence à Genève de nombreuses organisations internationales et notamment celles liées au commerce (Organisation mondiale du commerce-OMC, Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement-Cnuced) draine dans la ville une multitude de spécialistes et d'interlocuteurs potentiels. La petite taille de la ville facilite en outre les rencontres informelles : il suffit parfois de franchir quelques mètres pour entrer en contact de visu avec un partenaire d'affaires.
Gati al-Jebouri est directeur de Litasco. À Genève, il apprécie « les arrangements fiscaux particulièrement avantageux que la Suisse pratique sur les sociétés étrangères et la possibilité de négocier avec les autorités ». Ainsi, d'après les estimations d'un spécialiste, le taux d'imposition des sociétés est d'environ 10 % à Genève, alors qu'il atteint près de 25 % à Londres. C'est aussi au savoir-faire et à la flexibilité suisses que les acteurs font référence pour expliquer leur choix : pour Jacques-Olivier Thomann, responsable mondial du financement du commerce des matières premières chez BNP Paribas, la longue tradition de la Suisse romande dans le commerce des matières premières, qui remonte au début du XX e siècle, donne aujourd'hui aux spécialistes la maîtrise de cet environnement. Des instruments financiers nouveaux ont suivi l'évolution de ce marché.
Enfin, il y a quelques années, le programme des Nations unies « Pétrole contre nourriture » à destination de l'Irak a fait fleurir de nouveaux intermédiaires qui ont choisi Genève comme résidence.
Le 28 septembre, 17 entreprises actives à Genève dans le commerce des matières premières ont décidé de se regrouper au sein de l'Association du négoce et de l'affrètement. Présidée par Jacques-Olivier Thomann, la nouvelle organisation - à laquelle Litasco, l'UBS, la SGS, BNP Paribas Suisse ou Cargill International appartiennent - représente les intérêts de ses membres auprès des autorités suisses.[/b]
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Quand on connaît le nombres de fumiers qui se sont engraissés sur le dos des Irakiens, elle a belle réputation le SuisseEnfin, il y a quelques années, le programme des Nations unies « Pétrole contre nourriture » à destination de l'Irak a fait fleurir de nouveaux intermédiaires qui ont choisi Genève comme résidence.

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http://www.boursorama.com/graphiques/gr ... &i3=0&st=6
En attendant les banques comme intermédiaires sur les dérivés s’en mettent plein les poches vu le volume d’échange actuel sur le brut. Ca bouillonne grave dans le baril en ce moment
En attendant les banques comme intermédiaires sur les dérivés s’en mettent plein les poches vu le volume d’échange actuel sur le brut. Ca bouillonne grave dans le baril en ce moment

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Vous aurez remarqué la chute continue des volumes depuis les élections US, c’est vraiment impressionnant, un vrai cas d’école.
Les cours n’ont plus rien à voir avec la réalité physique, le pétrole ne reste plus qu’un vague sous jacent utilisé par les traders en totale déconnexion avec la réalité. Pour l’heure il convient de vendre, alors hop, le troupeau vend.
Vous aurez remarqué la chute continue des volumes depuis les élections US, c’est vraiment impressionnant, un vrai cas d’école.
Les cours n’ont plus rien à voir avec la réalité physique, le pétrole ne reste plus qu’un vague sous jacent utilisé par les traders en totale déconnexion avec la réalité. Pour l’heure il convient de vendre, alors hop, le troupeau vend.
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Genève, plate-forme de "Kremlin Oil"
LE MONDE / 10.07.07
Aujourd'hui, on ne peut presque plus toucher au pétrole russe sans avoir de très très bonnes connexions." François Banchet, un négociant spécialisé, résume ainsi le désarroi qui s'est emparé de la communauté genevoise des traders. Alors que Genève est devenue la capitale mondiale du négoce des produits pétroliers et du brut russes - 75 % des exportations de Moscou y sont traitées -, certaines sociétés, dirigées en sous-main par des proches du président Poutine, étouffent désormais la concurrence. Parties de rien ou presque, elles commercialisent de gigantesques volumes d'or noir, laissant des miettes aux autres.
Installée sur trois étages, au coeur du quartier des banques, Gunvor International Limited - succursale d'une société off-shore enregistrée à Tortola, dans les îles Vierges britanniques - focalise l'attention. Il y a trois mois, elle a semé la zizanie en débauchant des traders de la société Addax, à des salaires annuels allant jusqu'à 4 millions de dollars (3 millions d'euros), soit cinq fois les tarifs en vigueur. "Tout le monde sait qu'ils sont liés au Kremlin et que leur fortune peut tourner. C'est donc le prix à payer pour attirer les traders", explique Jean-Pierre Carles, le vice-directeur d'Addax. L'année dernière, ce sont quatre spécialistes de Total qui avaient été recrutés par Gunvor. Ses appétits en personnel qualifié sont dévorants, à l'image de sa progression.
Selon une brochure réservée aux clients, le groupe Gunvor - qui compte aussi une société en Estonie, une compagnie de navigation et une simple représentation à Moscou - vend à lui seul un tiers des exportations de pétrole russe, soit 60 millions de tonnes par an, affichant un chiffre d'affaires de 30 milliards de dollars. "La plupart des traders doivent se battre quotidiennement pour obtenir des contrats, mais cette société semble être reliée à Moscou via un robinet qu'elle ouvre à loisir", observe un spécialiste.
A Moscou, comme à Genève, il n'est un secret pour personne que cette fortune est due aux liens particuliers qu'entretient Guennadi Timtchenko - le fondateur de Gunvor - avec Vladimir Poutine. A 55 ans, M. Timtchenko, qui refuse tout contact avec les médias, est considéré comme l'un des "oligarques" les plus influents.
La légende veut qu'il soit, lui aussi, issu du KGB. Dans les années 1990, il croise en tout cas le chemin de Vladimir Poutine, qui dirige alors le comité des relations économiques extérieures de la ville de Leningrad (Saint-Pétersbourg). Les deux hommes sympathisent, fréquentent le même club de judo et leurs datchas sont voisines. M. Timtchenko est un businessman de rang moyen. Sa société Kinex rachète à bon prix les produits pétroliers de Surgutneftegaz, revendus à l'étranger avec une marge, via deux sociétés off-shore dont la fameuse Gunvor, créée en 1997. Rapidement, Guennadi Timtchenko pilote ses affaires depuis la Finlande. Selon plusieurs sources, il est resté en contact avec Vladimir Poutine, qui le consulte régulièrement en matière de stratégie pétrolière.
Mais quand, en septembre 2001, le Russo-Finlandais s'installe avec femme et enfants à Cologny, la banlieue genevoise ultra chic, enregistrant une filiale d'International Petroleum Products (IPP) - l'une des deux off-shore créées du temps de Saint-Pétersbourg -, personne ne le connaît. Officiellement sans activités en Suisse, il bénéficie d'un "forfait fiscal". Deux ans après, Gunvor s'implante à Genève comme simple société de services, puis, en avril 2004, elle ouvre une succursale. Guennadi Timtchenko n'apparaît pas dans ses statuts.
Vladimir Poutine vient alors d'entamer son second mandat présidentiel, et durant la campagne électorale, seul Ivan Rybkine, le candidat marionnette de l'opposant Boris Berezovski, a osé brandir à plusieurs reprises le nom de M. Timtchenko, qualifié de "caissier noir du Kremlin". Alors que le dépeçage du pétrolier Ioukos a commencé, on lui prédit un brillant avenir dans le pétrole. Mais le sujet retombe, rares étant les médias qui veulent s'aventurer sur ce terrain.
Entre-temps, Gunvor a pulvérisé tous les pronostics. Dès la fin 2004, ses affaires explosent, alors que celles de Petroval - le trader officiel de Ioukos, installé aussi à Genève - périclitent. Le gisement de Iouganskneftegaz - l'un des plus beaux joyaux de Ioukos - vient d'être racheté aux enchères par le géant étatique Rosneft, après être passé entre les mains du mystérieux Baïkal Finance Group, dont M. Timtchenko aurait été l'un des actionnaires. Les vannes s'ouvrent. Une étude réalisée par Riverlake, une société de courtage maritime basée à Genève, montre que pour les seuls ports de la mer Baltique, Gunvor est passé, entre 2004 et 2006, de 5,9 millions de tonnes de pétrole commercialisées à plus de 20 millions, arrivant en tête des top lifters (négociants).
Devenu le premier producteur russe, Rosneft vend officiellement ses barils via des appels d'offres. Mais c'est, en général, Gunvor qui emporte le morceau. Egalement partenaire de Gazprom Export, Gunvor commercialise l'essentiel du brut de Gazpromneft qui, elle, a racheté Sibneft, l'ex-empire de Roman Abramovitch. Gunvor intervient ainsi comme une sorte de trader officieux des majors russes, ce qui, à Genève, vaut à la société le surnom de "Kremlin Oil".
Le directeur de Gunvor à Genève, Torbjörn Törnqvist, citoyen suédois, rejette ces affirmations, expliquant au Monde que "Guennadi Timtchenko n'a pas vu le président Poutine depuis quinze ans". Il refuse cependant de donner le nom des actionnaires de la holding, enregistrée dans les îles Vierges britanniques. "Notre progression n'a rien à voir avec la politique, mais avec notre savoir-faire et notre expérience", explique-t-il, reconnaissant cependant avoir de très bonnes relations avec les majors russes, qui "préfèrent traiter avec peu de partenaires".
Et dans l'ombre de Gunvor, outre IPP - l'autre société de M. Timtchenko -, c'est une autre société qui se profile : Highlander International Trading, dont le siège principal est à Amsterdam. En mai 2000, cette société, alors appelée Energo Impex, s'installe à Genève avec comme seul administrateur Alexeï Bogdanchikov, le fils de Sergueï Bogdanchikov, l'actuel patron du géant Rosneft ! Cinq mois après, il disparaît des statuts. Rebaptisée Highlander en 2006 et devenue en partie propriété du fonds d'investissement Fleming Family & Partners, la société progresse à pas de géant, exportant aujourd'hui 2,5 millions de tonnes par mois de brut et de produits pétroliers venant de Russie.
"Les affaires de Highlander marchent de mieux en mieux. C'est à peu près la même bande que Gunvor. Ils travaillent avec Rosneft", confirme un avocat spécialisé dans le pétrole qui prédit toutefois un probable revers de fortune le jour où Vladimir Poutine ne sera plus président de Russie.
Mais pour l'heure, rares sont ceux qui résistent à ces bulldozers. Litasco, la société genevoise de négoce de Loukoïl, se maintient, mais elle a un temps envisagé de quitter Genève. Les traders indépendants, eux, ont de moins en moins d'espoir d'avoir accès au marché.