Le terminal GNL du Verdon, projet de la société néerlandaise 4Gas (contrôlée par Carlyle), demeure suspendu à un contrat de très long terme (20 ans) avec des compagnies distributrices, et à une extension du réseau de gazoduc de TIGF, filiale de Total, jusqu'au futur terminal.
Source : Sud-Ouest
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TERMINAL METHANIER DU VERDON. --Deux dirigeants de la compagnie néerlandaise 4Gas, qui envisage d'investir 400 à 500 millions d'euros dans l'avant-port, commentent leur projet
4Gas dévoile sa stratégie
par Bernard Broustet
Le futur terminal méthanier devrait être bâti en lieu et place de l'ancien terminal pétrolier
La jeune société néerlandaise 4Gas, contrôlée par le très puissant fonds d'investissement anglo-saxon Carlyle et Riverstone a de gros projets en Gironde (« Sud Ouest » du 10 août). Elle envisage de construire dans l'avant-port du Verdon, à l'extrême pointe de la presqu'île médocaine, un terminal méthanier qui permettrait de stocker du gaz naturel liquéfié, susceptible d'être ensuite expédié par des infrastructures terrestres (gazoducs), après avoir été ramené à son état initial.
Dans un entretien exclusif avec « Sud Ouest », Haroun Van Hovell, directeur financier de la compagnie et Henj Jonkman, directeur général de 4Gas France, font le point sur ce projet, dont la réalisation est entre autres subordonnée à des autorisations administratives, et à des négociations commerciales avec des utilisateurs potentiels.
Leurs propos et les grandes lignes de ce dossier peuvent se résumer de la façon suivante.
Un projet gigantesque La réalisation d'un terminal méthanier au Verdon se traduirait par un investissement de 400 à 500 millions d'euros suivant le dimensionnement de l'équipement. Le chantier occuperait environ 700 personnes. Et l'équipement emploierait quelque 60 personnes dans sa phase opérationnelle. L'installation incluerait notamment deux ou trois cuves de 52 mètres de haut et d'environ 80 mètres de diamètre. Ces réservoirs géants, où le gaz resterait à une température de moins 162 degrés, seraient dotés de parois épaisses composées d'une couche d'isolant, d'un acier spécial et d'une protection extérieure en béton. Henk Jonkman insiste sur le fait que ces cuves seront deux fois moins hautes que le portique du terminal porte-conteneurs du Verdon, ce qui ne suffira pas forcément à calmer les inquiétudes des gestionnaires du port de plaisance Port-Médoc qui redoutent l'impact de l'opération sur une clientèle de navigateurs, dont on ne peut pas dire qu'elle ait déjà tendance à se bousculer pour mouiller dans les parages.
Mais l'ampleur et les enjeux économiques du projet de 4Gas sont évidemment sans commune mesure avec ceux de Port-Médoc. S'il voit le jour, le terminal méthanier engendrera au minimum pour le Port autonome de Bordeaux un trafic de deux millions de tonnes, représentant près du quart de son activité actuelle. Et plusieurs navires méthaniers feraient escale chaque semaine au Verdon pour y décharger leur cargaison.
Pas pour tout de suite Le premier coup de pelleteuse n'est pas pour demain. Les dirigeants de 4Gas soulignent en effet qu'ils ne lanceront pas l'opération avant d'avoir conclu des contrats de très long terme (20 ans) avec des utilisateurs (1). D'autre part, le dossier est soumis à un long processus d'autorisations administratives. En outre, il faut avoir la certitude que le gaz pourra être expédié par voie terrestre. Or, le gazoduc actuellement en service dans le Sud-Ouest s'arrête très loin du Verdon. 4Gas ne doute pas que les flux de gaz induits par la construction du terminal justifient la prolongation de cet ouvrage jusqu'au bout de la presqu'île. Le groupe Total, dont la filiale TIGF est propriétaire et exploitante de ce réseau, s'abstient jusqu'ici de tout commentaire sur ce point. En tout état de cause, une fois tous ces préalables levés, trois ans de travaux seront nécessaires pour réaliser cet équipement, qui, dans le meilleur des cas, ne verra pas le jour avant le début de la prochaine décennie.
Une méthode originale 4Gas, qui n'emploie à ce jour qu'une trentaine de salariés, mais qui peut s'appuyer sur les énormes moyens financiers de ses actionnaires, n'est ni producteur, ni distributeur, ni utilisateur de gaz. Mais l'entreprise a choisi de se concentrer sur la construction de coûteux terminaux méthaniers, susceptibles d'être mis à la disposition de gros opérateurs, qui peuvent ainsi s'épargner ces investissements, et consacrer encore à court terme davantage de ressources à l'exploration, à la construction de centrales électriques ou à la distribution.
La stratégie de 4Gas consiste en quelque sorte à créer un réseau planétaire de terminaux dans les zones les plus consommatrices. L'entreprise a ainsi déjà lancé des projets au pays de Galles et au Canada. Et elle s'intéresse de près à l'Asie. Elle mise donc à fond sur cette filière du gaz liquéfié qui, tout en restant très minoritaire dans l'acheminement et le stockage du précieux combustible, se développe à toute vitesse. La liquéfaction du gaz, qui divise son volume par 600, permet à ses acheteurs (distributeurs, électriciens, etc.) de moins dépendre de ceux des grands pays producteurs (Russie, Algérie, etc.) d'où partent les gazoducs terrestres. Quant aux producteurs situés loin des lieux de consommation, ils peuvent ainsi beaucoup plus facilement exporter leur gaz. La Malaisie, l'Indonésie, l'Australie, le Qatar et l'île antillaise de Trinidé-et-Tobago figurent ainsi parmi les principaux exportateurs mondiaux de ce méthane liquide qui arrivera peut-être un jour sur les rives de la Gironde.
(1) Pour le terminal gazier de Milford Haven, des contrats de vingt ans ont ainsi été conclus avec le producteur malaisien Petronas et avec le distributeur britannique British Gas.
La sécurité nucléaire est une chose trop grave pour être confiée à des actionnaires.