ITER, la fusion nucléaire

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Message par remouveau » 20 déc. 2006, 00:52

:-) Bonjour a tous
ITER le cahier des charges en deux mots :
Produire une énergie abondante avec un minimum de déchet

Permettez moi de citer un passage de texte lu sur le site « technologie environnement ».

« « Produire moins de déchets radioactifs, c'est ce qu'affirment les défenseurs du projet ITER. Ceci n'est pas totalement vrai, car même s'il ne s'agit pas là d'uranium 238 (période de vie : 4.5 milliards d'années) et/ou de plutonium 239 (période vie : 24 000 ans), le sort des déchets tritiés (période de vie : 12.4 années) n'est toujours pas réglé :
Contrairement aux autres radionucléides, le tritium se présente sous trois formes : solide (dans les métaux), liquide (sous forme d'eau tritiée), gazeuse (sous forme de tritium gazeux ou encore de vapeur d'eau tritiée).
Le traitement des déchets tritiés conduit à la production d'eau tritiée difficile à gérer.
De part sa diffusion élevée, le tritium pose de gros problèmes de décontamination des matériaux utilisés.
L'incinération de ces déchets n'est même pas envisageable, car les effluents gazeux résultants de cette opération se répandraient automatiquement dans l'atmosphère en polluant toutes vies et matières voisines.
Actuellement plus de 6 000 fûts de 100 et 200L (sans compter la quantité de ferraille contaminée), plus de 800 L d'eau tritiée sont entreposés (faute de meilleure solution) sur un des sites de recherche en France. (remarque : entreposage ? stockage) » » :?

Ce texte ne me semble pas d’une grande clarté mais je l’ai proposé comme base de réflexion.
Difficile de se faire une idée précise du potentiel de pollution de la fusion à base de tritium deutérium. A mon sens il serait plus judicieux de faire le bilan des substances obtenues après la réaction puis de décrire les dites difficultés de gestion. Ensuite, il faudrait donner la quantité de déchets radioactifs produits par Mégawatt [kg/MW]. => qu' on peu connaitre la quantité de déchet produits pour une consommation donnée.
Ce qui est tout de même alléchant avec Iter c’est la moindre quantité de déchets produits et la période de vie de 12 années en regard des 4 milliards de l’uranium. Mais cela n’est pas suffisant car en considérant la quantité quasi inépuisable en matière première permettant la fusion, cela implique une vision à long terme l’impacte écologique. 8-)

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Message par Environnement2100 » 20 déc. 2006, 01:15

remouveau a écrit :le sort des déchets tritiés (période de vie : 12.4 années) n'est toujours pas réglé :
Jamais vu d'hydrogène dans un échantillon d'air : problème réglé.

AMHA, il doit y avoir bien d'autres problèmes que celui-là à traiter avant, y compris au niveau de la contamination radio-active.
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Message par MathBreizh » 20 déc. 2006, 09:39

Heu... Je ne suis pas expert, mais la demie-vie du tritium est ridiculement basse et il me semble que cet élément peut être utilisé par la suite pour d'autres applications industrielles.
(Et aussi militaires, mais chut !... :-D )

Ca me semble être un moindre mal...

M'enfin ceci dit, à mon avis ITER sera et restera un pur gouffre à pognon totalement inefficace...

Je pense qu'il y a d'autres projets plus intéressants et surtout viables sur le long terme qui mériteraient qu'on y investisse le fric qui sera dévoré par cette merde.
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Message par Tiennel » 20 déc. 2006, 10:23

ITER coûte en moyenne 250 millions d'euros par an à la communauté mondiale, soit environ un euro par contribuable des pays concernés.

Je pense qu'il y a d'autres gaspillages à exacerber - par exemple le fait de subventionner massivement le transport routier.
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Message par vincent128 » 20 déc. 2006, 11:41

Je pense qu'on lit ici beaucoup d'amalgames et d'approximation.

La fusion est très différente de la fission :
- la réaction de fusion n'est pas une réaction en chaîne et n'est même pas auto-entretenue. Le moindre problème amène le réacteur à s'arrêter spontanément.
- il n'y a quasiment aucun risque d'accident nucléaire,
- quantité de produits radioactifs mis en jeu très faible,
- quantité de déchets générés très faible.

Le principal inconvénient d'ITER, ce sont les délais. Rappelons tout d'abord qu'ITER est un équipement scientifique : il n'a pas vocation de prototype industriel et encore moins de centrale de production.
Pour ITER : début de construction en 2008, achèvement en 2018 si tout va bien. 7 ans pour avoir la confirmation que la solution est effectivement applicable à plus grande échelle, ce qui nous amène en 2025.
A partir de là, construction d'un prototype industriel : DEMO. 10 ans de construction, donc validation définitive du procédé industriel vers 2040 ou 2045, si tout va bien.
Si le prototype DEMO valide l'étape industrielle, les premières centrales de production industrielle ne verraient donc le jour qu'au début de la deuxième moitié du siècle.

Quand on compare ces délais aux enjeux actuels, on ne se dit qu'il y a d'autres urgences (effet de serre et réchauffement climatique, pollutions diverses, nécessité de solutions énergétiques abordables techniquement et financièrement pour les pays pauvres et émergents, etc.).

Mais, pour autant, le budget d'ITER pour la France ne représenterait que 0,15% du budget de la recherche publique (chiffre CEA qui serait tout de même à vérifier). Quand on voit les budgets consacrés à d'autres domaines, le problème n'est pas un manque d'argent ! Il y a toujours de l'argent pour l'armée et pour les guerres, par exemple. Il n'y a donc pas à dire : l'argent qu'on met sur ITER, on pourrait le mettre ailleurs.

A mon sens, il faut voir ITER comme un effort de recherche fondamentale qui ne portera ses fruits quand dans plusieurs dizaines d'années. Ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas le faire, il faut faire de la recherche fondamentale, et la coopération internationale est à saluer.

Compte-tenu de tout cela, ma position (bien que je sois opposé au nucléaire pour ce qui est de la fission, même de 4e génération) c'est la suivante :
- oui pour ITER et pour explorer cette voie,
- MAIS soutenir au moins aussi fort la sobriété + les renouvelables, que le soutien au nucléaire (fission + fusion). Il s'agirait d'avoir un effort massif et urgent en faveur de l'application à grande échelle de solutions de sobriété énergétique et d'énergies renouvelables.

Pour moi le problème n'est pas qu'on fasse ITER, le problème est qu'on ne fait pas grand chose d'autre !
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Message par Environnement2100 » 20 déc. 2006, 17:36

vincent128 a écrit :Pour moi le problème n'est pas qu'on fasse ITER, le problème est qu'on ne fait pas grand chose d'autre !
Exact. Le problème est que depuis Einstein, on n'a que tchi. On a eu une rafale de génies en activité entre 1880 et 1925, et depuis plus rien. Il est là notre véritable déficit.
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Message par GillesH38 » 20 déc. 2006, 20:09

désolé, mais on n'invente pas les lois de la physique, on les découvre, et ce n'est pas de notre faute si elles ne peuvent pas fournir toujours plus sur demande !
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Message par MathBreizh » 20 déc. 2006, 20:24

D'un autre côté d'autres secteurs révèlent actuellement des génies !... L'informatique et l'électronique par exemple... :-D

On pourrait aussi citer Oléocène bien sûr... :-D
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Message par Glycogène » 20 déc. 2006, 23:31

GillesH38 a écrit :désolé, mais on n'invente pas les lois de la physique, on les découvre, et ce n'est pas de notre faute si elles ne peuvent pas fournir toujours plus sur demande !
Et pourtant, on est "inventeur" d'un trésor ou d'une grotte lorsqu'on les découvre.
Encore une manipulation des terreplatistes pour faire croire que tout peut être créé en travaillant un peu :-D

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Message par remouveau » 21 déc. 2006, 00:24

:-) salut les gars (c'est our voir si y a des filles lol)
Le site officiel d'iter est un peu léger a mon gout. :-(
On voudrait en savoir beaucoup plus. On voudrait des photos, les plans des infrastructures, un journal mensuel de l'avancement des traveaux des vidéos de conferences plus poussées. Actuellement il faut se contenter d'un petit cours sur la fusion et d'un planing des objectifs etalés sur 40 ans. On a l'impression que tout cela se fait dans son petit coin pépére alors que l'enjeu est tout de meme l'avenir energetique de l'humanité(rien que ça) 8-) . construire des machine pour produir de l'energie electrique ne pose aucun probleme. On maitrise tres bien ces technologies les matieres premieres necessaire abondent sur terre et les moyens de fabricaiton relativement faciles à mettre en oeuvre(c'est limite si vous pourriez pas fabriquer un alternateur dans votre garrage avec un tour et un fraiseuse). Ce dont on a besoin c'est entrainer des alternateurs en rotation. Les centrales hydroliques les heoliennes ne servent aujourd hui qu'a apporter le surplus d'energie lors des pics de consommation. Ce qui fourni l'essentiel de la prodution en France c'est le nucleaire et c'est franchement pas le top en matiere d'écologie. On ne pourra pas continuer comme ça tres longtemps sans provoquer de gros dégas en general et de santé publique en pariculier. C'est pourquoi je pense qu' ITER n'est pas assez ambitieux en terme de délai.
Si vous faites un petit sondage dans votre entourage vous vous apercevrez que tres peu de gens connaissent ITER :shock: . Peu etre que le prix de l'essence et du gaz n'est pas encore assez elevé pour qu'on s'y interesse. Il faut faire du tapage autour de ce projet. Le but du jeu c'est d'avoir de l'energie propre (ou casie propre) le plus tot possible.

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Message par GillesH38 » 21 déc. 2006, 08:15

euh, ouais, tu prends ton café à quel bar le matin?
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Message par th » 21 déc. 2006, 09:24

Environnement2100 a écrit :Le problème est que depuis Einstein, on n'a que tchi. On a eu une rafale de génies en activité entre 1880 et 1925, et depuis plus rien. Il est là notre véritable déficit.
Le modele standard, c'est quand même pas mal, non ?
Il n'est certes pas complet (il manque la gravité, et c'est pas une detail), mais ces capacités predictives ont été, jusque ici (et à ce que j'en sais), remarquables.
C'est peut être la le problème : la qualité predictive du modèle standard ne laisse pas beaucoup de place à une revolution scientifique de ce coté là. Faudra faire avec la physique qu'on a !

"the greatest shortcoming of the human race is our inability to understand the exponential function"- Bartlett.

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Message par GillesH38 » 21 déc. 2006, 09:36

th a écrit :
Environnement2100 a écrit :Le problème est que depuis Einstein, on n'a que tchi. On a eu une rafale de génies en activité entre 1880 et 1925, et depuis plus rien. Il est là notre véritable déficit.
Le modele standard, c'est quand même pas mal, non ?
Il n'est certes pas complet (il manque la gravité, et c'est pas une detail), mais ces capacités predictives ont été, jusque ici (et à ce que j'en sais), remarquables.
C'est peut être la le problème : la qualité predictive du modèle standard ne laisse pas beaucoup de place à une revolution scientifique de ce coté là. Faudra faire avec la physique qu'on a !
C'est vrai qu'en arretant la physique en 1925, E2100 y va un peu fort, puisque ça marque le tout début de la Mecanique quantique, qui s'est développée dans les années 30 et 40. On peut dire sans exagerer qu'avant la Mecanique Quantique, la physique etait incapable d'expliquer l'immense majorité des propriétés de la matière (des propriétés aussi usuelles que la couleur des objets, les états solides et liquides , toutes les réactions chimiques , sont totalement incompréhensibles sans la Méca Q.). Il oublie aussi que la physique nucléaire s'est développée à partir de 1935 , et que les centrales nucléaires n'auraient jamais pu exister sans ;-).

Dans les années 60 et 70, on a développé la physique des particules avec le fameux modèle standard, qui a expliqué beaucoup de propriétés de la physique des particules en accélérateur, mais qui n'a pas apporté grand chose à la vie courante. Et depuis, il faut reconnaitre qu'on pedale un peu dans la choucroute du point de vie théorique, les nouvelles théories (genre théorie des cordes) ayant atteint un tel niveau de complexité, et une telle difficulté de tests expérimentaux, qu'elles sont resté à l'état d'hypothèses, et risquent de le rester encore longtemps. Bref, on a probablement passé le PDS (pic de découvertes scientifiques)....
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Message par energy_isere » 22 févr. 2007, 23:53

Les scientifiques chinois ont autorisé leurs homologues américains à participer au démarrage et au contrôle d'un réacteur à fusion thermonucléaire dans la province orientale de l'Anhui.


L'essai effectué a duré environ cinq secondes, après que les scientifiques de General Atomics USA ont travaillé dans leurs laboratoires à démarrer le réacteur à fusion à l'Institut de Physique des Plasmas de l'Académie des Sciences de Chine (ASC) du Hefei, chef-lieu de la province de l'Anhui, selon Wu Songtao, directeur adjoint de l'institut.

"L'essai a posé une base pour des études communes sur la réaction à fusion nucléaire avec différents pays", a indiqué Wu, ajoutant que les scientifiques américains avaient fourni toutes les données en temps réel pendant l'essai.

"Nous avons prévu de réaliser d'autres essais de ce genre à l'avenir et davantage de pays devraient être impliqués", a dit Wu.

L'institut de Wu a passé huit ans et dépensé 200 millions de yuans (25 millions de dollars) pour construire le réacteur à fusion Super Tokamak Expérimental Avancé (STEA) qui reproduit le processus de production d'énergie du soleil.

Contrairement aux réacteurs à fission nucléaire traditionnels qui produisent des déchets radioactifs dangereus, le STEA engendrera très peu de pollution.

Les scientifiques émettent l'hypothèse qu'un réacteur à fusion pleinement fonctionnel fournira de l'énergie moins chère, plus sûre, plus propre et inépuisable, et qu'il réduira la dépendance mondiale des combustibles fossiles.

Le problème reste que démarrer un réacteur à fusion consomme plus d'énergie qu'il ne peut en produire.

Le STEA fait partie du programme International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER) qui a été élaboré en commun par les Etats-Unis, la France et la Russie dans les années 1980 avec pour objectif d'établir un réacteur à fusion thermonucléaire.

La Chine a rejoint ITER en 2003.
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Message par energy_isere » 16 mars 2007, 20:17

La construction d'ITER : un chantier pharaonique

LE MONDE / 16.03.07

L'été 2009, des convois "très exceptionnels", constitués de camions à 25 essieux pouvant porter des charges de 450 tonnes, d'énormes aimants de 9 mètres de hauteur ou encore des poutres de 47 mètres de long, devront atteindre Cadarache, à 100 kilomètres de leur port d'arrivée : Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Pour obtenir que le célèbre projet de réacteur à fusion thermonucléaire, dit ITER (pour International Thermonuclear Experimental Reactor), soit développé en France et non au Japon - qui était l'autre candidat pour l'accueillir -, la France a fait comme si Cadarache, site du réacteur, était en bord de mer. Pour masquer un petit mensonge par omission, elle a pris à sa charge, en plus de sa part dans la construction d'ITER, l'aménagement des voies qui conduisent de Fos au Centre de l'énergie atomique (CEA) situé sur le bord de la Durance - loin à l'intérieur des terres.

La taille et le poids des convois transportant les pièces d'un seul tenant nécessaires à la construction du réacteur exigent des routes spécifiquement aménagées, comme celles permettant de transporter les pièces de l'Airbus de Bordeaux à Blagnac, près de Toulouse. Le calendrier d'ITER est extrêmement serré et le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), Christian Frémont, le rappelle à tous les protagonistes du dossier : la France a engagé sa parole - pas question du moindre retard.

Le rapport des commissaires chargés de l'enquête d'utilité publique sur la route et son tracé a été remis au préfet le 31 janvier. La déclaration d'utilité publique (DUP), que le représentant de l'Etat doit signer, le sera à la fin mars 2007. Les appels d'offres sur les multiples marchés de travaux seront lancés au cours du deuxième trimestre de cette année. Et les travaux eux-mêmes - terrassement, renforcement des ponts, ouverture des autoroutes franchies - devront démarrer cet été.

Le projet consiste à tout mettre en place pour que ces convois d'une taille inégalée puissent passer deux ans plus tard. Ensuite, 300 convois exceptionnels transporteront, durant cinq ans, les pièces du monumental réacteur. Deux cents d'entre eux, parmi lesquels une trentaine seront des convois dits "très exceptionnels", emprunteront un itinéraire spécialement aménagé sans qu'aucune route nouvelle soit nécessaire.

Les 200 convois spéciaux partiront de Berre, où l'on aura aménagé à côté du petit port pétrolier un quai de transbordement spécial afin d'y débarquer le matériel transporté depuis son arrivée par bateau à Fos à bord de barges spécialement construites. De Berre, ils suivront un itinéraire sinueux qui évite les autoroutes et Aix-en-Provence.

Le parti pris initial a été de réduire au minimum les contraintes techniques et d'utiliser le plus possible les aménagements existants. Or l'itinéraire aixois, déjà très encombré, exigeait d'importantes modifications des voies, des transformations de lignes électriques à haute tension ; de plus, il empruntait de longues portions d'autoroutes souvent saturées. Sur l'itinéraire choisi, les autoroutes seront franchies de nuit, et en quelques minutes.

Avant l'enquête d'utilité publique, les responsables d'ITER-France ont donc tenu des réunions de concertation avec les communes concernées par les aménagements routiers. Le discours, devant des salles souvent pleines, a toujours été le même : faire comprendre à des interlocuteurs "microlocaux", comme dit un fonctionnaire, "qu'ils sont les acteurs d'un dossier international sur lequel le pays a une responsabilité". Et qu'au fond ITER était bon pour eux. Il fallait aussi faire accepter à ces riverains que les inconvénients subis pour un temps pèsent peu devant l'enjeu économique que représente l'arrivée d'ITER en PACA.

Pour l'essentiel, le message semble être passé. D'autant que le renforcement prévu d'une trentaine de ponts, l'aménagement de carrefours, dont une vingtaine de giratoires, la surélévation de pylônes et l'élargissement des routes en certains passages ne créent pas d'inconvénients majeurs durables. Des réticences ou de la colère se sont pourtant manifestées dans deux cas.

A Lançon-de-Provence, les jeunes habitants des Roquilles, un lotissement d'une cinquantaine de villas qui surplombe le canal de la Durance et que longeront les convois, restent fort mécontents. Leur maire, Georges Virlogeux (PS), affirme que le trajet qu'il proposait, hors du village, aurait évité cette grogne et permis de revitaliser une zone d'activité en projet.

A Peyrolles, quelques kilomètres plus loin, les habitants et leur maire n'en reviennent toujours pas que les convois passent sur la route qui traverse leur village. Depuis des années, ils demandaient une déviation pour détourner les 16 000 véhicules qui polluent quotidiennement le centre de leur bourg de 5 000 âmes. Ils escomptaient que les aménagements réalisés pour l'acheminement des matériaux d'ITER permettent d'engager ces travaux.

Or, l'été dernier, les représentants d'ITER-France le leur ont répété, en substance, lors de deux réunions publiques assez houleuses : "Premièrement : on ne peut réaliser en deux ans ce que vous demandez depuis trente ans et qui exige... deux ans d'étude. Deuxièmement : la piste de terre que nous réalisons pour des convois qui circulent à 5 km/heure n'a rien à voir avec une route où l'on roule à plus de 70 km/heure. Et les prix des deux ne sont pas comparables." D'où la colère de la maire, Danièle Long, "très remontée contre ITER".

Car les convois suivront la route jusqu'à l'entrée du village et emprunteront ensuite une piste de terre dont le tracé précis n'est pas encore défini, mais qui frôlera quelques habitations. Enfin, plus à l'est, dans le magnifique défilé de Mirabeau, se pose un problème redoutable. Vu l'étroitesse du lit de la Durance à cet endroit, deux options sont possibles : élargir la route existante, en construisant un encorbellement qui surplombe la rivière. Ou aménager une piste dans son lit, asséché et caillouteux.

Cette hypothèse, qui hérisse les responsables du parc régional du Luberon, contreviendrait aux lois françaises et européennes sur l'eau. La réponse à ces questions sera donnée par le préfet signataire de la DUP dans quelques semaines.

Michel Samson

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