GillesH38 a écrit : ↑02 oct. 2023, 15:58
Donc ça, on peut penser que ça obéit bien à un besoin de rituel, puisque ça ne change effectivement rien entre ne pas avoir d'élections, et avoir des élections "verrouillées". En revanche si le fait d'être libre et multipartites n'apporte rien de fondamental, quelle explication donnes tu à ce que les dictatures ne le font pas ? qu'est ce que ça leur couterait si ça ne changeait rien et qu'il n'y avait pas de causalité ?
Ca depend des dictatures. Les communistes votaient avec des candidats independants autorisés. Les nazis ne le faisaient pas puisque le symbole ne correspondait pas bien a l'ideologie que l'on voulait vehiculer ( il fallait un leader fort qui guide le peuple).
C'est un peu comme un element de decoration. Par exemple, les scientifiques s'habillent plus souvent de façon asexuée parce que ca correspond en moyenne a leur imaginaire qu'il faut des choses objectives et fonctionnelles, etre rationnel plutot que guidé par des émotions. Mais ce choix vestimentaire ne sert a rien dans leur travail. D'autres milieux vont avoir ou pas les memes codes vestimentaires suivant que ca s'integre naturellement ou pas dans leur systeme de representation. Dans un milieu artistique, ce sera l'opposé.
Le vote c'est pareil. Ca ne sert pas en grand chose quand on regarde en pratique les décisions qui sont prises, leur gestation, et qu'on compare avec ce qui est discuté dans les campagnes electorales. Mais c'est un element décoratif et symbolique qui colle bien avec l'imaginaire des démocraties occidentales. D'autres systemes vont le reprendre ( communistes) ou pas ( nazis) selon que ce vetement suive bien ou pas avec le reste de leur discours.
Ou parfois, il vont reprendre le systeme de vote mais avec des modalités operationnelles differentes qui donne une meilleure harmonie a l'ensemble du discours. Par exemple, le fait d'etre multipartite chez les communistes est assez accessoire, puisque l'imaginaire véhiculé est qu'on est tous des bisounours travaillant dans le sens commun. Dans le communisme, on peut mettre un peu de dissensus mais pas trop, sinon ca rompt l'idee du consensus vers le bien qui nous reunit tous. Un peu comme dans les crises recentes : le consensus a été brandi comme une marque de l'empire du bien et ceux qui s'y opposent sont complotistes, d'extreme droite et ne s'associent pas au camp consensuel pour le bien.
Bref, ce sont un peu toujours les memes idées dans la psychologie humaine. La vie symbolique, et les modifications de symbole, leurs mouvements, pour apporter une cohérence plus grande entre les symboles et le discours sous-jacent.