Message
par pragma tic » 15 févr. 2010, 10:42
Bonjour,
Pura Vida, ton intervention m’amène à préciser certaines choses.
J’ai moi-même proposé un lien vers une interprétation de la création monétaire par la pratique du crédit, non dans le but de résoudre le problème, mais plutôt pour expliquer que mes propres interventions s’appuient sur des questionnements réels, et ne sont pas faites pour embêter le monde.
Je suis un parfait ignare en la chose si l’on choisit A.J.H. comme référence, mais je n’interviens pas pour faire joli, j’interviens parce que je voudrais comprendre.
Je me fiche parfaitement de la création monétaire dans le cadre du crédit, si j’interviens en ce moment sur les fils économiques, c’est pour deux raisons distinctes et complémentaires : La première, c’est qu’il me parait possible que des banquiers fassent les frais d’une interprétation erronée de leurs activités, leur conférant un statut de boucs émissaires, ce qui, au-delà de la question morale, me dérange car pendant qu’on tente de solutionner de faux problèmes, on ne tente pas de solutionner les vrais. (Certaines grosses banques font ce qu’il faut pour, mais gardons nous des généralités.)
Au-delà de cette question concrète, mes observations du fonctionnement social m’amènent à me demander si la monnaie (qui n’avait jusqu’à présent aucunement attiré mon attention) ne permettrait pas de « dissimuler » (à court terme) une décroissance de production de richesses matérielles, en la compensant par une création de richesses « virtuelles », et j’ai d’ailleurs vu récemment qu’un député français argumentait dans ce sens. Je souhaiterais donc également vérifier cette hypothèse, ce qui m’impose de m’instruire dans le secteur de la monnaie !
Alors ignare, mais pas innocent. Outre que je sois formé et diplômé en comptabilité générale, en finance, et en droit, et que j’ai quand même reçu un paquet d’heures de formation en économie générale, j’ai été un agent économique actif, et je dispose de représentations très concrètes de nombres d’éléments qui ont été cités à titre argumentaire sur ce fil.
Qui souffre selon moi d’amalgames non résolus, et d’un manque de prise en compte des axiomes économiques de base.
Des amalgames non résolus : Je crois que certains, dans leurs argumentaires, ne distinguent pas entre « création » (de la masse monétaire) et « augmentation de la circulation » (de celle-ci), et que ça n’aide pas à clarifier le débat.
La comptabilité générale comptabilise les flux, puis les solde en vue d’aboutir à l’état patrimonial d’une entité économique.
Des flux, c’est quoi ? Ce sont des unités qui circulent, comptabilisées sur une durée de référence. La durée étant définie arbitrairement, on ne peut déduire du résultat obtenu (un nombre de circulations enregistrées) aucune information sur l’évolution de la quantité d’unités qui a circulé ! Si je comptabilise 25 000 mouvements, je ne peux savoir si ces mouvement ont été générés par 1000 unités qui ont fait 25 mouvements, ou une unité qui en a fait 25000, et non plus s’il y avait plus d’unités en circulation à la fin qu’au début, ce qui est pourtant ce qu’on recherche ici.
Or, j’observe un grand nombre d’argumentaires sur ce fil qui voudraient prouver par une augmentation de la masse en circulation une augmentation d’unités en circulation ! Le raisonnement est invalide.
Une non prise en compte des axiomes économiques de base. Dont l’un est que la comptabilité générale doit fournir une représentation sincère de l’activité et du patrimoine de l’entreprise.
Il en résulte qu’une écriture comptable n’est qu’une représentation d’une action économique, et ne se confond pas avec celle-ci. Alors quand j’observe qu’on me dit qu’on crée de la monnaie en passant une écriture comptable, ça me laisse forcément perplexe.
D’une part car ce n’est pas le rôle normal d’une écriture comptable, et d’autre part, car on fait bien peu de cas de cet axiome. Il en résulte que pour moi, une telle affirmation devrait être particulièrement argumentée, en particulier en expliquant à quel titre on s’exonère de ce principe général de fonctionnement comptable. Je ne trouve pas cette explication, et reste donc dans un positionnement interrogatif.
Posons le problème de manière à nous affranchir de l’amalgame dénoncé plus haut.
Si un banquier passe une écriture comptable représentant une mise en circulation monétaire, il faut distinguer entre deux cas de figure :
- soit cet monnaie, mise en mouvement, existait déjà dans son patrimoine, et ne fait que circuler, et il n’y a pas création monétaire.
- soit cette monnaie n’existait pas dans son patrimoine, et donc il la crée vraiment !
En plaçant cette situation dans le contexte légal tel que je le comprends, on aboutit à la représentation suivante.
Le banquier peut mettre en circulation jusqu’à environ 12,5 fois ses fonds propres. (ratio Mac Donought)
Il ne peut remettre en circulation environ que 98% des dépôts qu’il reçoit (réserves obligatoires)
Si il a 1 000 de fonds propres : (et dans le cadre de la représentation que je me fais actuellement de la législation) on obtient :
Le banquier a le droit de mettre 12 500 en circulation. (Mac Donought)
Si il bénéficie de 12 000 de dépôts, il peut donc le faire en toute légalité, en faisant circuler ses 1000 de fonds propres et 11 500 des dépots. (moins de 98% : réserves légales).
Ici , Il agit en légalité, et n’a pour moi effectué aucune création monétaire, juste « remis en circulation ».
Autre cas : Si le banquier a 1000 de fonds propres, mais 6000 de dépôts.
Il peut (toujours selon mon interprétation actuelle), remettre 1000 + 5860 en circulation. (Pour moi : respect de la Loi, pas de création monétaire).
S’il va au-delà, par exemple à 7000 remis en circulation, Il respecte le ratio Mac Donought, mais il ne respecte plus les réserves obligatoires. (Et ne fait toujours pour moi aucune création monétaire).
S’il remet 8000 en circulation, ça devient intéressant ; car outre qu’il ne respecte pas les réserves obligatoires, il fait alors de la création monétaire, puisqu’il met en circulation de la monnaie dont il ne dispose pas.
Je n’irai personnellement pas plus loin dans les modélisations tant que je n’aurai pas de certitude à ce sujet. A ce stade, je crois simplement qu’une telle pratique est contraire à la Loi comptable, et je doute donc que les banquiers la pratiquent. Mais seul quelqu’un maîtrisant le domaine (ayant non seulement les connaissances, mais aussi les savoir faire, et enfin la compréhension des savoir-faire) peut s’autoriser validement une telle réponse.
Mes hypothèses de travail sont actuellement que la création monétaire n’interviendrait qu’au niveau des intérêts dans le cadre du crédit bancaire, et que cette création monétaire ne serait concrétisée que par les banques centrales. Le reste des observations ne serait lié qu’à une augmentation de la mise en circulation, pas de la quantité de monnaie qui tourne !
Beaucoup de chemin à faire, mais commençons par le commencement, voulez-vous ?
Un banquier peut-il légalement mettre en circulation de la monnaie dont il ne dispose pas ?
Dernière modification par
pragma tic le 15 févr. 2010, 18:21, modifié 4 fois.
Il est plus tard que vous ne pensez.
Votre plan B est mon plan A.