Le chiffre de 100 000 barils par jour (d’équivalent pétrole) est difficilement compatible avec des réserves de seulement 190 millions de barils équivalents pétrole. Si on suppose que le plateau dure juste un an à 100 000 barils/jour (et 350 jours de production dans l’année), le plateau sera suivi d’un déclin de 18,4% par an. Les réserves doivent certainement être plus élevées que ça : en janvier 2012, TOTAL communiquait sur le dépôt d’un plan de développement du gisement, crédité d’environ 1 milliard de barils d’équivalent pétrole, et une durée de vie de 30 ans :
http://subseaiq.com/data/Project.aspx?p ... eSupport=1. Au bout de 30 ans, avec des réserves de seulement 190 millions de barils et le déclin de 18,4% par an cité plus haut, le gisement ne produirait plus que 200 barils par jour ! Le chiffre d'un milliard de barils apparaît plus crédible.
Ensuite, il faut rappeler que ces chiffres sont des
barils d’équivalent pétrole. On ajoute des barils de vrai pétrole et de condensats (les liquides qui remontent avec le gaz naturel) à des volumes de gaz convertis en barils avec une règle de conversion non fournie (équivalent thermique : 1 baril = 5 600 pieds cubes, ou 6 000 suivant les auteurs - soit 1 mètre cube de gaz = 1 litre de liquide environ - ou équivalent économique, le gaz étant vendu moins cher que le pétrole, pouvant aller de 8 000 à 20 000 pieds cubes pour un baril). Comme on ne sait pas la part respective des gaz et des liquides, il est difficile d’aller plus loin dans l’analyse de la découverte.
Dernier point, l’exploitation des gaz à condensats est souvent un défi important. L’exploitation du gaz ne pose généralement pas de problème, mais la difficulté est la maximisation de la récupération des condensats. Ceux-ci sont initialement à l’état gazeux dans le gisement, mais la baisse de la pression résultant du soutirage conduit souvent à une condensation desdits condensats dans le gisement même (phénomène connu sous le nom de condensation rétrograde). Les liquides sont moins mobiles que les gaz et finissent par rester piégés dans le gisement alors que les gaz continuent d’en sortir. On produit donc, au fil du temps avec des teneurs en condensats en forte diminution. C’est pour éviter ce phénomène que les sociétés pétrolières procèdent souvent, lors des premières années de l’exploitation, à la réinjection de tout ou partie du gaz dans le gisement (opération désignée "recyclage du gaz"), en se contentant d’exploiter les liquides, afin d’augmenter le taux de récupération de ces derniers. Bien évidemment, le gaz réinjecté finit par être exploité, lorsque le taux de récupération des condensats est jugé satisfaisant.