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par tolosa » 21 déc. 2007, 18:03
Économie
Pétrole : le plafond bientôt atteint ?
Mise en ligne 20/12/2007 11h34
Un nombre grandissant de pontes de l'industrie pétrolière épousent une idée longtemps considérée comme marginale : nous approchons du nombre maximal de barils de pétrole brut que nous pouvons extraire quotidiennement.
Certains prédisent que malgré la soif de pétrole qui s'accroît rapidement, les producteurs pourraient atteindre ce plafond dès 2012. Cette limite approximative -- que deux hauts dirigeants du secteur pétrolier ont récemment fixée à environ 100 millions de barils par jour --est très inférieure aux projections visant la demande mondiale au cours des prochaines décennies. La production actuelle tourne autour de 85 millions de barils par jour.
Naturellement, le monde ne manquera pas de pétrole de sitôt. Et une foule d'experts en énergie s'attendent à ce que les prix exorbitants hâtent le développement de carburants de remplacement et améliorent l'efficacité énergétique. Toutefois, il semble de plus en plus évident que la production de pétrole brut atteigne un plateau avant le déploiement à grande échelle de ces innovations. Voilà qui pourrait engendrer une période marquée par des pénuries d'énergie, des prix élevés et une concurrence féroce en matière de carburant.
Le plafonnement de la production entraînerait un revirement fondamental dans le secteur énergétique. Depuis 1965, la production pétrolière a atteint un taux de croissance moyen de 2,3 % par année, d'après les statistiques compilées par la mégapétrolière britannique BP. L'extension de ces gisements pétrolifères, majoritairement bon marché par rapport aux normes d'aujourd'hui, a alimenté l'expansion de l'économie mondiale après la Seconde Guerre mondiale.
Le «pic pétrolier»
Certains protagonistes du secteur pétrolier approuvent des aspects de la théorie dite du «pic pétrolier», mais avec une variante de taille.
Les supporteurs traditionnels de cette théorie, dont plusieurs ne font pas partie de l'industrie ou sont des géologues à la retraite, ont soutenu que la production pétrolière mondiale atteindra bientôt un sommet et qu'elle entrera sous peu dans une phase baissière irréversible étant donné que près de la moitié du pétrole disponible sur toute la planète a déjà été extrait.
Les nouveaux tenants ne croient pas que les réserves pétrolières mondiales sont à moitié vides. Néanmoins, ils estiment que la production mondiale plafonnera bientôt pour d'autres raisons, soit l'accès restreint aux champs pétrolifères, l'escalade des coûts et la géologie toujours plus complexe des champs pétroliers.
Le 31 octobre, Christophe de Margerie, PDG du groupe français Total, a ébranlé les participants à une conférence donnée à Londres, en proclamant que les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie, le gendarme de l'énergie des pays industrialisés, concernant la production pétrolière étaient irréalistes. Selon l'AIE, la production devrait atteindre entre 102,3 et 120 millions de barils par jour d'ici à 2030, ce à quoi M. de Margerie a rétorqué qu'il sera «difficile» de produire ne serait-ce que 100 millions de barils par jour d'ici là.
«C'est l'opinion de ceux qui aiment parler clairement et franchement et qui ne veulent pas seulement faire plaisir aux gens», a-t-il lancé sans ménagement. Le dirigeant français a déclaré que de nombreux champs pétrolifères existants s'épuisent à un rythme qui endommagera leur structure géologique, ce qui limitera leur rendement futur et ce, bien plus que ne l'anticipent la plupart des gens.
Limites
Qui plus est, certaines nations dotées d'immenses gisements pétrolifères non exploités tirent tellement de recettes de leur production courante qu'elles s'imaginent n'avoir nullement besoin de développer leurs champs, ce qui restreint davantage la production.
Plus tôt en novembre, James Mulva, PDG de ConocoPhillips, a fait écho à ces conclusions lors d'un discours à Wall Street : «Je ne crois pas que l'approvisionnement dépassera les 100 millions de barils par jour... D'où viendrait tout ce pétrole?».
Même des représentants des États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole entrevoient des limites. Le président du conseil de la Libya National Oil Corp. a mentionné, au cours de la même conférence londonienne, que le monde aura de la difficulté à produire plus de 100 millions de barils par jour.
Beaucoup de chefs de file du secteur rejettent encore l'idée qu'ilyalieudes'inquiéter. «Je ne suis pas partisan de la théorie voulant que l'approvisionnement de pétrole ait atteint son maximum», a révélé le patron de BP, Tony Hayward, dans le cadre d'un discours à Houston, plus tôt en novembre.
Rex Tillerson, PDG de Exxon Mobil, a affirmé que si les sociétés avaient plus facilement accès aux réserves pétrolières mondiales, la production s'accroîtrait et les prix diminueraient. Si cet accès leur était accordé, Exxon Mobil croit que l'industrie serait en mesure d'augmenter la production de carburant afin de répondre à la demande de 116 millions de barils par jour prévue en 2030.
Les pétrolières ont connu plusieurs années de prix haussiers, au cours desquelles elles ont tenté de produire davantage. Cette situation a permis à leurs dirigeants de mieux saisir de ce qu'il était possible, ou non, de faire.
Un changement radical de nos modes de vie et un renoncement au « progrès » est le prix à payer pour éviter le désastre. Comme cela paraît irréalisable, l’occultation du mal s’ensuit inévitablement (jean-Pierre Dupuy).