On a de bonnes raisons d'accuser certains de nos comportements comme responsables de l'apparition et de la dynamique de la pandémie. Mais dans la situation actuelle, nos comportements (tourisme, consommation) ne vont pas changer grand chose face à la propagation, si ce n'est la ralentir et reporter le problème un peu plus loin dans le temps. Faut être réaliste, c'est peu probable que le virus disparaisse. Mais son pouvoir de nuisance va se réduire au fur et à mesure que l'ensemble de la population acquiert une première immunité. C'est à ça que sert le vaccin en tout premier.
Lorsque l'humanité a domestiqué des animaux, ça a apporté son lot de virus et de maladies. Ce n'est qu'à partir du 19ème et 20ème siècles qu'on a réellement réussi à lutter contre (vaccins et antibiotiques pour l'essentiel). Changer nos comportements ne va pas se faire du jour au lendemain. Et on voit bien que le forcer rencontre une résistance. A moins d'imposer une dictature je ne vois pas comment le faire rapidement.
Depuis le tournant du millénaire, nous avons vu Sars-1, Mers, puis Sars-2. Que ce passe-t-il?
Pour les deux pandémies de Sars, on peut dire : il y a cinquante ou soixante ans, quand un vol intercontinental était l'exception et que seuls des diplomates se rendaient en Chine, par exemple, et que le commerce avec l'Asie se faisait via des conteneurs maritimes - à cette époque un tel virus ne se serait pas propagé si facilement. Les voyages permettent à une épidémie locale de se transformer plus facilement en pandémie. A la source, lors du passage de l'animal à l'homme, nous, les humains, utilisons de plus en plus de terres dans le domaine de la faune sauvage et intensifions l'élevage. La faim de viande d'une humanité croissante. Plus la population animale est dense et nombreuse, plus grandes sont les chances qu'un virus, une fois introduit dans la population, explose et mute comme Sars-2. Plus les gens s'enrichissent, plus ils utilisent des animaux. Mers en est un bon exemple.
De quelle manière ?
Le chameau en tant qu'animal sacrificiel religieux a une longue tradition et est très apprécié. Mais cela coûte aussi beaucoup d'argent. Les pauvres religieux prennent des moutons à la place. Mais plus les gens s'enrichissaient dans cette région, plus les chameaux étaient sacrifiés. Aujourd'hui, par exemple, pendant la saison du Hajj dans la seule péninsule arabique, 40 000 chameaux sont abattus chaque année en tant qu'animaux sacrificiels. Il y a cinquante ans, cela ne commençait même pas à exister. En fin de compte, partout dans le monde, il s'agit de la modification des systèmes naturels : une grande population de bétail à n'importe quel endroit est toujours quelque chose d'artificiel. L'utilisation animale n'existe pas dans la nature. Aucune espèce n'utilise d'autres espèces de cette manière.