tita a écrit : ↑06 nov. 2022, 09:40
On a l'habitude, en Suisse, de devoir voter plusieurs fois sur le même sujet (typiquement, l'achat des avions de combat). On avait refusé d'entrer dans l'Europe en 1992 (par une campagne du politicien le plus riche de Suisse). Mais pour des raisons économiques, on a évidemment dû établir des accords avec l'UE. La même chose se produit avec le Royaume-Uni qui a bien dû établir des accords avec l'UE.
Là, tu proposes des changements de la constitution. Une refonte de la république, et du système d'élection et de représentation. Ce n'est pas impossible à faire. Mais c'est pas juste des idées qu'il faut avoir, mais développer concrètement un tel remodelage, dans les détails.
On a parfois des initiatives en Suisse qui sont simplement inapplicables, parce qu'elles interfères avec d'autres lois. Typiquement, on ne peut pas appliquer une loi qui interdit une catégorie de population d'entrer en Suisse (p. ex. les personnes n'ayant pas de passeport européen), parce que ça remettrait en question tous nos accords avec l'UE, dont les accords commerciaux, ce qui poserait des problèmes à nos entreprises (largement dépendantes de leurs exportations en Europe).
Le problème n'est pas qu'il n'y a plus de démocratie. Mais c'est qu'il y a un niveau d'intrication entre les économies de différents Etats qui empêche de prendre n'importe quelle décision. Et cette intrication n'est pas juste pour le bénéfice des plus riches. C'est un système qui fonctionne. Mais peut-être un peut trop "fonctionnel".
Il y a un aspect un peu plus profond. Le sens qu'on donne à ce qui se produit. Le sens de l'histoire. Il y a une opposition au capitalisme ultra-libérale partagée par beaucoup, mais il n'y a pas un grand récit qui uni. Ce n'est pas pour rien qu'il y a une fascination pour les "grands hommes" du passé, face à une certaine désillusion de l'image des politiciens actuels.
Accessoirement, un article que je viens de lire:
https://www.rts.ch/info/monde/13515635- ... iable.html
Marrant comme titre. Un brin manichéen tout de même. Mais je vois pas trop le lien entre ce dont je parle et le complotisme. A moins que tu appelles complotisme de dire que ce sont les financiers qui gouvernent en occident?
Pour te répondre sur le fond des changements vers un approfondissement démocratique (bien que tout à fait souhaitable) ne suffisent pas. Les causes de la fin du consentement (remplacer par l'apathie ou la révolte) vont bien au de là et ont à voir avec ce que les marxiste appelle la structure. C'est un retour de souveraineté sur l'activité de chacun qu'il faut avant tout. Je te renvois à Friot sur ce sujet. J'ai une préférence pour les systèmes de gouvernements démocratiques mais en réalité le respect l'autonomie des individus dans le fonctionnement quotidien est en bien plus important.
Dans ce que je propose il y a différent degré et le premier est de trouver une voie pour éviter la violence. Pour ça il convient de recréer du consentement et donc de modifier suffisamment en profondeur le système politique (la modification de constitution dont tu parles) pour qu'on puisse effectivement réguler un minimum l'économie. Revenir a une forme de compromis comme l'avait été le CNR (le vrai pas l'arnaque macronienne) et qui in fine a évité la révolution en France. Il est pas exclu qu'on fasse ce choix mais plus le temps passe moins cela devient probable. Suffit de voir l'aveuglement d'un GIlles ou d'un sceptique.
Cette solution n'a rien d'un idéal le capitalisme reste en place et ses effets sur la biosphère en général et les humains en particulier. Mais pour éviter une révolution violente et son lot d'atrocité cela peut être un compromis acceptable.
Si la révolution est inévitable alors il faut aller au bout et ce "bout" ne concerne qu'assez secondairement comment on choisit nos représentant. Le cœur c'est le changement de paradigme : mettre fin à l'économisme ("sortir de l'économie"), à la rupture entre humanité et le non humain, créer des institutions (comme celles proposés par Friot par exemple) pour que l'autonomie au travail devienne un aspect quotidien de la vie de chacun...
Le tout en évitant le fascisme qui aura toujours la préférence de ceux au pouvoir contre toute forme de partage généralisé des richesses.
Bien sur je ne fait qu'effleuré le sujet ici. Il convient de bien peser nos choix pour fonder ce nouveau "politico-religieux" (pour reprendre l'expression de Gaudelier) ou "contrat social" (pour faire plaisir à kercoz parce que je pense que cette expression est trompeuse) mais pas besoin d'aller bien loin pour voir que ce paradigme est déjà parmi nous dans une certaine mesure. Si demain il avait le soutient de l'infrastructure d'état sa diffusion irait très vite.