Gagné !le 01 Mars Alturiak a écrit :Je me disais que d'ici une dizaine d'années, avec le PO probablement passé et le recours de plus en plus important au charbon, ce dernier pourrait redevenir la principale source d'énergie. La domination du pétrole n'aura duré qu'une cinquantaine d'années.
le 03 mars dans l' Expansion :
http://energie.lexpansion.com/articles/ ... e-en-2050/Le charbon, énergie reine en 2050
mardi 03 mars 2009
En 2050, la première façon de produire de l’électricité sera sans doute toujours de brûler du charbon, avec tous les risques de pollution. Et la part du nucléaire reculera en termes relatifs.
Jacques Percebois est directeur du Centre de Recherche en Economie et Droit de l’Energie (CREDEN) à l’Université Montpellier I.
Le charbon, dont certains prévisionnistes des années 1980 avaient envisagé la disparition totale du bilan énergétique à l’échelle mondiale à l’horizon 2050, pourrait devenir la principale source d’énergie primaire, devant le pétrole, à cette échéance. La consommation d’énergie primaire devrait doubler d’ici 2050 et le charbon pourrait alors couvrir 34% des besoins (26% en 2007) contre 27% pour le pétrole (38% en 2007).
Si l’on considère les sources de production d’électricité, beaucoup d’experts pensent que le charbon sera dans tous les cas de figure la première source, pas loin de 50%, contre 28% pour le gaz, et 9 à 10% seulement pour le nucléaire. C’est déjà le cas aujourd’hui : la structure de la production mondiale d’électricité est de 40% pour le charbon, de 21% pour le gaz naturel, de 16% pour l’hydraulique, de 15% pour le nucléaire, de 6% pour le pétrole et de 2% pour l’éolien et le solaire (*).
Ainsi, d’ici 2050, la part du nucléaire devrait donc baisser en termes relatifs (de 15% à 9 ou 10%) car la croissance du nucléaire sera plus lente que celle de la production d’électricité. La capacité nucléaire installée devrait croître mais les besoins d’électricité sont tels que c’est le charbon qui restera le combustible le plus utilisé. C’est en revanche le gaz naturel qui devrait connaître le taux de croissance le plus élevé dans le secteur de la génération électrique. Cela tient notamment au fait que la production d’électricité va s’accroître fortement dans les pays du sud et que le recours au nucléaire y restera modeste car la technologie nucléaire n’est pas encore accessible à tous.
C’est dire qu’à l’échelle mondiale la première façon de produire de l’électricité est aujourd’hui de faire appel au charbon polluant et la place du charbon dans la production d’électricité dépasse d’ailleurs 50% aux Etats-Unis et 80% en Chine. Au total la place du nucléaire demeure modeste à l’échelle européenne, américaine et mondiale et cette place ne devrait pas s’accroître d’ici 2030 et 2050 en pourcentage, si on en croit certains scénarios de l’AIE.
Pourtant le nucléaire semble aujourd’hui tenir les promesses qui étaient celles de ses débuts et qui avaient été quelque peu mises à mal par l’accident de Three Mile Island en 1979 et celui de Chernobyl en 1986 et par des prix du pétrole beaucoup trop bas durant longtemps. La hausse vertigineuse du prix des hydrocarbures observée en 2008 et la préoccupation croissante d’un développement durable lui confèrent aujourd’hui des vertus que beaucoup de spécialistes ne voulaient pas voir. Le nucléaire n’est-il pas tout à la fois un facteur d’indépendance énergétique, un facteur de stabilité du prix de l’électricité et un facteur de lutte contre le réchauffement climatique, même si certaines nuances doivent être apportées à ce constat ?
Le nucléaire est un élément incontournable du « mix énergétique » mondial si l’on veut tenir les engagements de Kyoto et cela concerne aussi bien les pays du sud que ceux du nord. Des pays comme l’Italie et la Suède l’ont bien compris qui aujourd’hui envisagent à nouveau l’option nucléaire. Seule l’Allemagne est réticente, mais pour combien de temps encore ? Mais le nucléaire suscite encore des inquiétudes qu’il ne faut pas sous-estimer et qui ne doivent pas être balayées d’un revers de main. C’est surtout le problème de la gestion des déchets qui est au centre des préoccupations. Les recherches sur la transmutation, celles sur la construction de sites de stockage sécurisés sont en cours et laissent espérer des solutions acceptables dans le futur mais les efforts doivent encore être poursuivis avant que des réponses satisfaisantes soient apportées.
(*) Il est à noter qu’en Europe (UE des 27), le nucléaire est aujourd’hui (chiffres 2007) beaucoup plus présent qu’au niveau mondial. Il reste encore aujourd’hui la principale source de production d’électricité (32%), devant le charbon (30%), le gaz (20%), l’hydraulique et autres ENR (14%) et le pétrole (4%). Aux Etats-Unis le nucléaire fournit 20% de l’électricité, contre 34% au Japon et 15% en Russie.