https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chroniqu ... rabes-unisL'or des conflits transite toujours par les Émirats arabes unis
RFI le : 05/11/2025
On avait les chiffres de 2023, on a désormais ceux de 2024, et ils confirment que les Émirats arabes unis restent une plaque tournante pour le commerce de l'or issu de zones en conflit. Leur rôle est toujours aussi important, en dépit d'une législation adoptée en 2023 qui vise à interdire précisément les importations de minerai issu de contrebande.
Les statistiques 2024 dévoilées par l'ONG Swissaid ont été publiées vendredi 31 octobre 2025 sur le site de UN Com Trade, la base de données des Nations unies sur les statistiques du commerce des produits de base, avant de disparaître ce lundi 3 novembre. Pourtant l'organisation onusienne avait attendu des mois d'avoir enfin ces chiffres.
S'agit-il d'un simple problème technique ou d'une crainte subite des Émirats de voir ces données porter préjudice au pays qui doit faire l'objet l'année prochaine d'une réévaluation de la part du GAFI, le Groupe d'action financière qui lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ? Les Émirats étaient sortis de la liste grise de pays sous surveillance renforcée après avoir notamment mis en place leur nouvelle régulation sur l'or (Due Diligence Regulation for Responsible Sourcing of Gold). Pour l'instant, Swissaid, qui a réussi à consulter les chiffres, n'a pas pu en savoir plus.
Flux plus importants en provenance du Soudan
Ces chiffres montrent que les importations d'or d'origine douteuse n'ont pas faibli, en particulier en provenance de pays africains en conflit. Sur les 1 392 tonnes d'or importées par les Émirats en 2024 - pour une valeur de près de 105 milliards de dollars -, plus de la moitié provient de pays africains. Ce chiffre a augmenté de 20% par rapport à l'année précédente.
Les Émirats ont ainsi continué à importer de l'or du Soudan : 29 tonnes directement du pays, contre 17 t en 2023, auxquelles il faut ajouter l'or soudanais qui transite via l'Égypte, le Tchad, et la Libye, trois pays qui ont aussi continué à fournir d'importants volumes en 2024.
Les Émirats ont ainsi continué à importer de l'or du Soudan : 29 tonnes directement du pays, contre 17 t en 2023, auxquelles il faut ajouter l'or soudanais qui transite via l'Égypte, le Tchad, et la Libye, trois pays qui ont aussi continué à fournir d'importants volumes en 2024.
Importations en hausse du Rwanda et d'Ouganda
Les Émirats ont aussi augmenté leurs importations d'Ouganda – 31 tonnes contre 14 tonnes en 2023 – et du Rwanda – 19 t contre 13,8 t en 2023 – des pays qui produisent peu d'or, mais qui servent de plaque tournante pour le minerai issu notamment de RDC, où il provient en partie de zones de conflit, selon l'ONG suisse.
Un autre pays illustre le manque de traçabilité de l'or qui arrive au Moyen-Orient, le Togo. D'après les données accessibles la semaine dernière, sur le site de l'UN Com Trade, les Émirats ont importé 52 tonnes de ce pays d'Afrique de l'Ouest – pour 4 milliards de dollars – alors que le pays n'en produit quasiment pas.
La Russie, autre fournisseur des Émirats
Les Émirats arabes unis continuent de se fournir aussi en Russie et participe indirectement au financement de la guerre en Ukraine. L'année dernière, les Émirats ont importé 66 tonnes de Russie, soit 25 tonnes de plus qu'en 2023. Les Émirats ont aussi augmenté leurs achats en Arménie – pays qui sert quasiment exclusivement de point de transit pour l'or russe, rappelle Swissaid.
« Avec la nouvelle législation adoptée en 2023, ces chiffres auraient dû baisser et non pas augmenter », relève Marc Ummel, responsable du dossier matières premières chez Swissaid. Pour l'ONG, cela montre de graves lacunes dans la mise en œuvre des nouveaux engagements pris par le pays.
Ces chiffres éclaboussent aussi la Suisse dans la mesure où elle importe de l'or d'origine inconnue depuis les Émirats arabes unis. Selon Swissaid, « entre janvier et septembre 2025, Berne a importé 316 tonnes d’or pour une valeur de 27 milliards de francs suisses, soit plus du double des volumes annuels habituels ».
L'Or et l'influence du cours du baril sur le cours de l'once
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https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chroniqu ... on-de-l-orPourquoi Pékin joue le premier rôle dans l'augmentation de l'or
RFI le : 20/11/2025
Le cours de l’or a atteint un sommet historique, notamment parce que la Banque centrale de Chine a multiplié ses achats. Avec toujours en tête, la volonté de dédollariser un peu l’économie mondiale.
L’or a battu tous les records en 2025. Et depuis le mois d'octobre, son cours a dépassé 4 000 dollars l’once. Et ce sont les achats des banques centrales qui ont soutenu la hausse. Que ce soit par exemple la Banque centrale d'Azerbaïdjan ou du Kazakhstan. Mais Pékin est de loin le premier acheteur. La banque centrale chinoise pourrait, selon certaines sources, avoir acheté dix fois plus d’or qu’elle ne l’a officiellement déclaré.
Les analystes de la banque Société générale, interrogés par le Financial Times, estiment que les achats chinois représentent cette année un tiers de la demande mondiale de l'ensemble des banques centrales. Pas moins de 250 tonnes.
Contester le dollar
Le phénomène s’est accéléré depuis 2022 et le gel des avoirs de la banque centrale russe après l'invasion de l'Ukraine. Le but est à la fois de moins dépendre de la justice occidentale et c’est aussi la preuve de la contestation du dollar comme pierre angulaire du système financier mondial. Ces motivations concernent au-delà de la Chine un grand nombre de pays en développement.
L’achat de l’or se fait notamment au détriment des bons du trésor américain. Cela répond à un objectif de dédollarisation des réserves de valeur des banques centrales. Et cela, personne ne veut publiquement l’assumer, surtout avec l’imprévisible Donald Trump à la Maison Blanche. Les banques centrales restent donc discrètes concernant leurs achats. Il y a quatre ans, 90 % d'entre eux étaient rapportés spontanément au Fonds monétaire international (FMI) qui tient les comptes. Aujourd’hui, on estime que seul un tiers des achats est déclaré.
Le Cambodge en pionnier
Pour aller plus loin, la Chine propose même désormais à ses amis de stocker pour leur compte l’or qu’ils achètent. C'est une information rapportée par l’agence Bloomberg en septembre dernier concernant l’or acheté sur la place de Shanghai. Un service historiquement offert à de nombreux pays : l'Angleterre, la Suisse et les États-Unis. Le Cambodge est le premier pays à avoir accepté pour de futurs achats. Son or sera stocké dans la zone économique de Shenzhen (Shenzhen's bonded warehouses).
Pour Pékin, il s’agit tout à la fois de favoriser le développement de sa place financière, d'offrir une alternative aux services occidentaux, et bien sûr au dollar, utilisé partout ailleurs dans le monde pour le commerce de l'or. Pour Phnom Penh, c’est avant tout un geste politique à l’égard de son principal partenaire commercial, qui détient par ailleurs plus de 30 % de la dette du pays.