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par Philippe » 12 juin 2013, 16:05
Raminagrobis,
Généralement, je suis d’accord avec ce que tu écris. Mais là, je me dois d’exprimer mon désaccord.
D’une façon générale, les monstres thermiques actuels sont totalement inadaptés à la circulation dans les villes. Le véhicule thermique adapté à la ville, si on accepte que l’expression ne soit pas un oxymore, n’est encore qu’un concept-car : la « sceptique-car ». Qu’il s’agisse de rouler à 30 ou à 50 kilomètres/heure, les engins actuels ne peuvent pas et ne pourront jamais fonctionner à leur optimum.
Il faut bien réaliser une chose. En ville, une bonne partie des carburants est simplement cramée pour fournir au véhicule l’énergie cinétique de son allure de croisière. Un engin d’une tonne a une énergie cinétique de 100 kilojoules à 50 kilomètres/heure. En prenant un rendement optimiste de 20% pour le moteur et un pouvoir calorifique inférieur de 33 mégajoules par litre pour le carburant SP98, cette énergie cinétique a été obtenue par la combustion de 1,5 centilitre d’essence (les chiffres sont arrondis à chaque étape du calcul). Ca signifie qu’à chaque feu tricolore, le véhicule à l’arrêt doit cramer 1,5 cl d’essence pour remonter à 50 km/h. S’il s’arrête tous les 250 mètres, ça donne une consommation supplémentaire de 6 litres aux 100 kilomètres, qui s’ajoute aux autres postes de consommation (résistance au roulement des pneus, résistance de l’air, dénivellations, etc.). Si la vitesse est limitée à 30 km/h, cette surconsommation pour redonner de l’énergie cinétique au véhicule tombe à 2 litres aux 100 km (le rapport exact est de 9/25). Il n’y a donc pas photo entre les deux vitesses maximales autorisées. Réduire la vitesse à 30 km/h dans certaines rues n’augmente pas la consommation d’énergie. En plus, pour le même prix, on réduit la mortalité des piétons en cas de choc dans les mêmes proportions, ce qui est un autre argument massue en faveur des réductions de vitesse.
Par ailleurs, il y a évidemment le rapport de boîte de vitesses. Il y a, en effet, des gens qui roulent en seconde à 30 km/h. Ce sont les mêmes qui rétrogradent à l’approche des feux tricolores, comme on leur a appris à l’auto-école. Ils font un max de boucan et ils me donnent parfois des envies de 22LR. Personnellement, à cette vitesse, je suis en quatrième et souvent même en cinquième. Pour le confort (moindre bruit) et la consommation (consommation considérablement moindre, comme ton graphique l’indique). Il faut juste que le moteur ne broute pas. La moindre dénivellation oblige certes à rétrograder en quatrième. Avec un moteur à gasoil, il faut sans doute être moins ambitieux d’un rapport de boîte. Il faut bien comprendre qu’en ville, il faut rouler sur le rapport de boîte le plus élevé possible pour réduire à la fois le bruit, la pollution et la consommation. La différence de consommation, entre la seconde et la cinquième, sert principalement à incinérer de l’azote. Les oxydes de ce gaz, majoritaire dans l’air, font le bonheur des citadins (il y en a même un qui est hilarant et anesthésiant, le protoxyde...). Je précise qu’en 17 ans (1986 à 2013), j’ai amené deux Renault à essence du commerce à 170 000 kilomètres chacune (la Laguna actuelle étant toujours en service après 13 ans), en cinquième tout le temps, sans jamais avoir eu une avarie de moteur ou de boîte de vitesses. La lutte contre le bruit et contre la pollution passe par la pédagogie qu’un véhicule thermique, en ville, se conduit sur le rapport de boîte le plus élevé possible sans faire brouter le moteur. Il y a des dizaines de milliers de barils de pétrole par jour à économiser par ce comportement évident, malheureusement encore méconnu.