POUR PRÉSERVER SES RÉSERVES PÉTROLIÈRES
L'Algérie doit réduire sa production
Samedi 02 Novembre 2013
L'Algérie devrait réduire sa production pétrolière afin de préserver ses réserves d'hydrocarbures aux générations futures, ont estimé, hier, des experts participants à la Convention du Front des forces socialistes sur l'énergie. Intervenant au cours de cette rencontre organisée par le FFS sur les perspectives de développement du secteur de l'énergie, l'ancien ministre de l'Energie, Nordine Aït Laoussine, a indiqué que le fort rythme de production des hydrocarbures enregistré depuis les années 2000 a provoqué un déclin des gisements. Selon des estimations citées par l'ancien P-DG de Sonatrach, l'Algérie a consommé les deux tiers de ses réserves pétrolières récupérables et plus de la moitié de ses réserves de gaz naturel. «Un tel degré d'épuisement des ressources qui a conduit à une baisse de la production ces dernières années nous imposent la mise en oeuvre de mesures radicales, dont l'intensification de l'exploration et la maîtrise de la consommation nationale», a-t-il préconisé. A ce titre, l'ancien ministre de l'Energie a recommandé de plafonner la production pétrolière à un niveau qui permet le financement de l'économie. Ce niveau de production nécessaire au développement de l'économie doit être discuté et faire l'objet d'un consensus entre tous les acteurs et institutions du secteur. La préservation des réserves d'hydrocarbures prônée par plusieurs pays pétroliers comme la Norvège obéit au besoin d'assurer une disponibilité de l'énergie aux Algériens et une sécurité énergétique aux générations futures, a-t-il expliqué. Pour autant, il considère que l'Algérie n'a pas dit son dernier mot concernant la reconstitution de ses réserves d'hydrocarbures conventionnels, dont le potentiel est important pour peu qu'elle accentue l'effort de l'exploration. Abondant dans le même sens, l'expert pétrolier, Chems Eddine Chitour a soutenu que l'Algérie «ne peut acheter la paix sociale en continuant» à pomper le maximum pour augmenter ses recettes. «Faut-il stocker des dollars ou de l'énergie?», s'est interrogé ce professeur des universités qui évoque le mauvais choix de cumuler des réserves de change générées par la rente pétrolière, des placements qui risquent de s'effriter si le dollar perdait davantage de sa valeur, selon lui. Il considère que les réserves récupérables de pétrole doivent «exclusivement» servir à satisfaire la demande énergétique nationale en premier lieu. Ce à quoi, M. Ahmed Mecheraoui, conseiller auprès du ministre de l'Energie a répliqué, en affirmant que cette préoccupation a été prise en charge par le gouvernement dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures. La satisfaction du marché national est assurée par cette nouvelle loi qui oblige les partenaires de Sonatrach à céder leurs parts de production pétrolière au groupe algérien.
http://www.lexpressiondz.com/actualite/ ... ction.html
A noter que M. Chems Eddine Chitour (directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l´Ecole polytechnique d'Alger), est très actif dans la communication sur le pic de production, il avait aussi signé la tribune "mobiliser la société face au pic pétrolier", et repris une partie du texte dans lexpressiondz (ne retrouve plus le lien).
Par exemple :
http://www.lexpressiondz.com/actualite/ ... eclin.html
LE PR CHITOUR À LA 17E JOURNÉE DE L'ÉNERGIE
"Nous sommes sur le déclin!"
Mercredi 17 Avril 2013
Par Mohamed TOUATI
L'avenir des générations futures est d'ores et déjà hypothéqué
Le directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l´Ecole polytechnique d'Alger, a confirmé hier, lors d'une intervention remarquable, le déclin de la production de pétrole et la nécessité d'une stratégie pour mettre en oeuvre un développement durable.
Si cette affirmation du Pr Chitour a valeur d'avertissement pour l'Algérie dont l'économie dépend à quelque 98% de ses exportations en hydrocarbures, le message prend quant à lui une dimension universelle. «Après plus d'un siècle d'augmentation importante de la consommation de pétrole, la Terre s'essouffle.
Les notions de «peak oil», pic de production autrefois ignoré, et de seuil de dépassement «overshoot day», s'imposent comme une réalité inéluctable», souligne l'organisateur des Journées de l'énergie qui n'a cessé depuis des années de répéter que l'heure de la fin du pétrole a sonné, d'où «la nécessité, voire l'urgence pour l'Algérie de mettre en oeuvre une stratégie pour assurer un développement durable multidimensionnel à l'horizon 2030 en insistant sur la nécessité de tourner le dos aux énergies fossiles, de mettre en place une réelle politique d'économie d'énergie, évaluée à plus de 20%, d'aller sans tarder vers un plan Marshall d'énergie renouvelable...» a de nouveau préconisé le directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l´Ecole polytechnique d'Alger. Si la transition énergétique n'est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses. «Nous sommes avertis!» a prévenu l'universitaire.
Un défi que doit relever l'Algérie alors que la conjoncture actuelle lui est plutôt favorable malgré la chute sévère des cours de l'or noir. Les niveaux des prix du pétrole jugés plutôt élevés, lui ont permis de constituer un matelas de devises de près de 200 milliards de dollars, et de faire face à une enveloppe des importations exponentielle qui oscille autour des 45 milliards de dollars... ce qui met à nu l'étroite dépendance de l'économie nationale par rapport aux hydrocarbures. Cet état de grâce factice ne peut durer éternellement.
Les spécialistes accordent un sursis d'un demi-siècle, à peine, au règne sans partage du pétrole sur l'économie mondiale.
L'avenir des générations futures est d'ores et déjà hypothéqué. Il ne faut pas le compromettre davantage et de façon irrémédiable. C'est pour cela qu'il faut garder nos ressources intactes et arrêter de piller notre sous-sol qui demeure notre vraie banque. «Il faut arrêter de transformer notre pétrole en dollars pour les placer par la suite dans les banques américaines» a averti le Pr Chitour. «Il faut être prêt à relever les défis et répondre aux agressions par l'intelligence» conseille t-il.
La situation présente le permet t-elle? Le constat est sans concessions. «L'Algérie actuelle, qu'est-ce que c'est? Un pays qui se cherche, qui n'a pas divorcé avec ses démons du régionalisme, du népotisme qui peine à se déployer, qui prend du retard, qui vit sur une rente immorale car elle n'est pas celle de l'effort, de la sueur, de la créativité... Le pays s'enfonce inexorablement dans une espèce de farniente trompeur tant que le baril couvre notre gabegie. Après, ce sera le chaos», écrivait le Pr Chems Eddine Chitour le 2 juillet 2012 dans les colonnes du quotidien L'Expression. Faut t-il penser que la feuille de route qui est proposée dans le cadre de la 17e Journée de l'énergie est illusoire? Ses concepteurs y croient à condition de travailler sur des perspectives d'une génération au moins (2030). Y a-t-il un seuil à ne pas dépasser? «2014 est une étape, ce ne doit pas être un horizon indépassable...» indiquent-ils. Comment procéder? «Il faut développer nos capacités de production dans tous les domaines économiques et améliorer les services publics et sociaux pour gagner la confiance des citoyens... Sortir de l'addiction aux hydrocarbures, vendre utile avec comme contrepartie, un transfert réel de technologie, former utile, consommer sobrement pour diminuer la dépendance à l'extérieur...», conseille le Pr Chitour qui souligne qu' «une calorie laissée dans le sous-sol est une calorie disponible pour les générations futures». Une réflexion qui caractérise l'état d'esprit de cette 17e Journée de l'énergie et tout son enjeu: s'affranchir des hydrocarbures et apprendre aux générations futures à vivre dans un environnement sain. Il ne reste plus qu'à se retrousser les manches pour y parvenir.