
Le Premier ministre Ibrahim Djaafari, un islamiste chiite que Washington presse d'intégrer les représentants de la minorité sunnite dans un gouvernement de coalition pour éviter une guerre civile, a annoncé à la télévision que le pays observerait trois jours de deuil national.Il a lancé un appel à l'unité, en présentant cet attentat comme une attaque visant tous les musulmans et en préconisant la résistance contre les insurgés cherchant à semer la haine entre les communautés.Selon des responsables locaux, on ne signale pour l'heure aucune victime après cet attentat, perpétré par des hommes armés qui ont pénétré à l'aube dans la Mosquée d'or et déclenché des charges explosives qui ont détruit le dôme du sanctuaire.
La Mosquée d'or, l'un des quatre lieux saints les plus vénérés par les chiites en Irak, renferme les tombes de deux imams, Ali al-Hadi et son fils Hassan al-Askari.D'après des habitants de Samarra et des images diffusées à la télévision, le dessus du dôme a été soufflé. Une porte-parole de l'armée américaine a qualifié de "catastrophiques" les dégâts causés au toit.Samarra, qui est située à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad, est un bastion de l'insurrection sunnite contre le gouvernement, majoritairement chiite et soutenu par les Etats-Unis. La ville abrite peu de chiites.
A Nadjaf, ville sainte chiite située dans le sud du pays, le cabinet de l'influent ayatollah Sistani a publié un communiqué décrétant sept jours de deuil et préconisant des "manifestations appropriées".
Sistani a su pour l'instant, selon de nombreux responsables chiites, empêcher que sa communauté, longtemps réprimée sous Saddam Hussein, ne réponde par la violence aux attentats sanglants dont elle fait régulièrement l'objet.
Abdoullah al-Djoubaara, gouverneur adjoint de la province de Salaheddine, où se trouve Samarra, a déclaré à Reuters que des hommes armés avaient pénétré à l'aube dans la Mosquée d'or, puis posé des bombes qu'ils ont fait exploser. Il a précisé qu'une manifestation se préparait à Samarra.
Des habitants de la ville ramassent les morceaux du dôme doré, détruit dans l'explosion.
"Nous exigeons que le gouvernement irakien prenne les mesures les plus extrêmes contre ces terroristes. Pardonner ces gens ne serait pas acceptable", a déclaré Salah al-Haidari, qui dirige la fondation chargée de l'entretien des mosquées et des sanctuaires chiites, à une chaîne de télévision irakienne.
Le grand ayatollah Bachir al-Najafi l'a qualifié d'"agression odieuse contre le cœur de l'islam et de l'Irak et une tentative de susciter le confessionnalisme".
Le dirigeant du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), Ammar Hakim, a déclaré pour sa part que "les terroristes takfiris ont franchi une nouvelle étape avec l'attaque des imams de la lignée du prophète", appelant ses "frères" à "resserrer les rangs".
A Nadjaf, quelque 2.000 manifestants chiites ont crié vengeance, a constaté sur place un journaliste de Reuters.
"Chiites, soulevez-vous ! Chiites, vengez-vous ! Chiites, soulevez-vous !", ont-ils scandé.
Un millier de manifestants chiites sont également descendus dans les rues à Kut, au sud-est de Bagdad.
Demander à des sunnites de respecter une semaine de deuil pour un lieu saint qu’ils viennent de faire sauter, revient à imposer aux sunnites de se soumettre à la loi des mollahs chiites. On est tout près d’une république islamique chiite là.
Une fois de plus les chiites cherchent à placer leur religion au dessus de celle des autres dans le monde musulman. Ambiance assurée.