Venezuela

Impact de la déplétion sur la géopolitique présente, passée et à venir.

Modérateurs : Rod, Modérateurs

Avatar de l’utilisateur
Cheb
Charbon
Charbon
Messages : 286
Inscription : 30 nov. 2005, 12:06
Localisation : Ariège

Message par Cheb » 06 avr. 2006, 08:59

La démocratie participative en Lybie, ça s'appele la Jamahriya (connue en Occident sous le nom dévoyé de Populocratie ...)

Extrait du Wiki :
Le pouvoir exécutif est partagé entre le Guide de la révolution, Muammar al-Kadhafi, seize représentants du Congrès général du peuple (CGP), l'Assemblée nationale et son bureau politique. En fait, dans le texte constitutionnel, il existe une imbrication totale des pouvoirs exécutif, législatif voire judiciaire, dans la mesure où la justice est supposée être assurée par le peuple au sein du Comité du peuple pour la justice. Dans la pratique, le chef de l'État prend les grandes décisions ...
"Si vous n'aimez pas mes idées, ce n'est pas grave, j'en ai d'autres" (Marshall Mc Luhan)

Avatar de l’utilisateur
matthieu25
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 3338
Inscription : 21 juil. 2005, 00:17
Localisation : passenans

Message par matthieu25 » 08 avr. 2006, 20:33


CARACAS (AFP) - La majorité des compagnies étrangères implantées au Venezuela ont accepté ces derniers jours de se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation pétrolière du président Chavez, convaincues, selon les experts, que la flambée du pétrole rentabilisera leurs investissements.

Mercredi, le groupe français Total a commencé à rembourser des arriérés d'impôts estimés à 108 millions de dollars par le fisc vénézuélien pour la période 2001-2004. Depuis la mi-2005, le gouvernement fait appliquer une nouvelle loi sur les hydrocarbures (adoptée en 2001), plus défavorable qu'auparavant aux compagnies étrangères puisque les impôts prélevés pour ces contrats de prestataires de sercice sont passés de 34% à 50% et les royalties de 0% à un maximum de 30%.

Le président vénézuelien Hugo Chavez, à Caracas le 31 mars 2006
Agrandir la photo
Toutes les entreprises étrangères s'étaient progressivement pliées à ces nouvelles règles sauf Total, l'Italien Eni et l'Américain ChevronTexaco qui se sont vus imposer au fil des mois des intérêts de retard et amendes. Total s'est finalement incliné. Eni (Milan: ENI.MI - actualité) à qui les autorités vénézuéliennes réclament 68,9 millions de dollars, a reçu cette semaine un nouvel avertissement du fisc (Seniat).

Le gouvernement a aussi changé les règles du jeu pour l'exploitation des gisements du pays, en exigeant que les groupes étrangers modifient des contrats signés dans les années 90 et s'associent désormais systématiquement à la compagnie publique PDVSA (Petroleos de Venezuela) en lui réservant une participation de 60%. Ces contrats régissent la production de 550.000 barils par jour.

Une vingtaine de multinationales ont accepté le 31 mars le protocole d'association imposé par le gouvernement, parmi lesquelles les groupes américains Chevron (NYSE: CVX - actualité) et Harvest (Paris: FR0010207795 - actualité) , l'anglo-hollandais Shell (London: RDSB.L - actualité) , le britannique BP (London: BP.L - actualité) , l'espagnol Repsol (Madrid: REP.MC - actualité) , le chinois CNP et le brésilien Petrobras (PETR3.SA - actualité) .

La plus grande compagnie pétrolière du monde ExxonMobil a refusé et préféré vendre sa participation dans un gisement. Total et Eni ont aussi dit "non" et ont été sanctionnés lundi dernier par une prise de contrôle par PDVSA de leurs champs pétroliers (produisant respectivement 33.000 barils par jour et 50.000 barils). Eni a menacé d'intenter une action en justice contre PDVSA pour "violation des droits contractuels" tout en laissant une porte ouverte à des négociations avec les autorités, à l'instar de Total.

Pour l'analyste Alberto Quiroz Corradi, le changement des règles du jeu par le gouvernement vénézuélien lèse fortement les compagnies étrangères. "Elles avaient pas mal investi dans des contrats qui devaient durer vingt ans et ils ont été interrompus avant d'arriver à la moitié de cette durée", a-t-il noté. Le brut vénézuélien est plus difficile à exploiter que celui du Golfe ce qui explique les conditions préférentielles accordées à l'époque par Caracas pour convaincre les colosses étrangers de se lancer dans l'aventure.

Alors pourquoi la majorité des compagnies ont-elles accepté les nouvelles conditions ? "Parce qu'elles travaillent sur le long terme et les gouvernements à court terme", a estimé M. Quiroz Corradi, en ajoutant: "il n'y a pas de maux qui dure 100 ans".

L'autre raison c'est "que grâce aux prix élevés du pétrole, elles espèrent pouvoir récupérer ce qu'elles ont investi et elles veulent être présentes dans un pays aux énormes réserves", selon l'expert.

Le Venezuela affirme qu'il disposera de réserves supérieures à l'Arabie saoudite une fois que seront certifiés les 230.000 millions de barils de pétrole lourd et extra-lourd de la Ceinture de l'Orénoque (venant s'ajouter aux réserves actuelles de 80.582 millions de barils).

La zone de l'Orénoque est déjà partiellement exploitée via des associations stratégiques entre six géants du pétrole et PDVSA qui détient dans ces contrats une participation minoritaire. ExxonMobil, ConocoPhilips, Chevron, Total, BP et le groupe norvégien Statoil (Oslo: STL.OL - actualité) extraient chaque jour 620.000 barils de la ceinture de l'Orénoque, en utilisant des technologies très coûteuses et sophistiquées.

L'analyste a noté que le gouvernement "n'a pas touché pour le moment" à ces contrats même si les royalties pour cette zone ont été récement augmentées de 1 à 20%.
J'apprends que les compagnies travaillent sur le long terme.(même Air France :-) )
La religion est la maladie honteuse de l' humanité.la politique en est le cancer(Millon de Montherlant)

Avatar de l’utilisateur
MadMax
Modérateur
Modérateur
Messages : 2971
Inscription : 12 août 2005, 08:58
Localisation : Dans un cul-de-sac gazier

Message par MadMax » 10 avr. 2006, 11:50

Le Venezuela menace d'expulser l'ambassadeur américain


2006-04-10 15:40:58

Image


CARACAS, 9 avril (XINHUA) -- Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a condamné l'attaque de la semaine dernière contre l'ambassadeur américain, William Brownfield, tout en avertissant que ce dernier serait expulsé du pays s'il continuait de provoquer la population.


M. Chavez a indiqué lors de l'émission télévisée et radiodiffusée de dimanche "Alo Presidente" que l'ambassadeur américain devait cesser de provoquer et d'intervenir dans les affaires du Venezuela, ou il devrait plier bagage.

Il risque d'être déclaré persona non grata, a ajouté le président vénézuélien.

Des partisans du gouvernement ont jeté des oeufs, des fruits et des légumes contre M. Brownfield vendredi lors de sa visite dans un centre sportif à l'ouest de Caracas pour remettre des équipements de baseball.

M. Chavez a indiqué que M. Brownfield avait provoqué cet incident parce qu'il n'avait pas consulté le gouvernement avant son déplacement dans ce bidonville.

Après l'incident de vendredi, Washington a affirmé qu'il y aurait de "sévères conséquences diplomatiques" si Caracas ne protégeait pas l'envoyé américain.

Les relations entre les 2 pays se sont détériorées depuis les 18 derniers mois. M. Chavez a déclaré que les Etats-Unis préparent une invasion de son pays, alors que les Etats-Unis accusent M. Chavez de déstabliser la région.

Rafa
Brut léger
Brut léger
Messages : 471
Inscription : 16 juil. 2005, 20:34
Localisation : Lidje, Walonreye

Message par Rafa » 10 avr. 2006, 12:50

L'ambassadeur US a cherché a provoquer, en se rendant, sans préavir (malgré qu'un ambassadeur se doive de toujours signaler ses deplacements au pays hôte) dans un quartiers populaire et aie voulu entrer, sans y être invité, à un evenement qui s'y deroulait.
La reaction des habitants était plus que previsible, ils lui ont dit de partir, et ont lancé des oeufs et des tomates sur sa voiture.

Le président vénézuelien a dit dimanche dans son émission "allo président", qu'il ferait expulser l'amabassadeur s'il continuait à faire des provocations.


La situation est assez tendue au Vénézuela; puisqu'on est en année éléctorale, et que la victoire d'Hugo Chavez est déjà prévisible (il a 80% d'opinions favorables dans les sondages); devant l'impossibilité de le battre éléctoralement, il y a des maneuvres ocultes en cours; cela comprend le fait que l'opposition n'aie pas encore proposé de candidat, dans une tentative de donner une image deligitimante des éléctions ("il n'y a que des candidats officialistes" diront-t-ils, sans préciser que l'opposition s'abstient de par sa propre volonté); mais il y a eu aussi une série de rapts et assassinats assez atypiques; dont on soupçonne l'implication des paramilitaires et narco-traficants colombiens, et qui aurait pour but de generer un climat de tension et d'insecurité dans l'espoir de declencher des troubles graves qui donneraient l'excuse pour une intervention militaire (au fait, les Etats-Unis sont en train de faire des excercises militaires énormes dans les eaux des caraibes, avec des porte-avions et des milliers de soldats).

Pour le moment ça ne s'est pas concretisé, les auteurs matériels des trois assassinats ont été apprehendés ou indentifiés et recherchés, et le message que l'opposition voulait faire passer (accusant Hugo Chavez de l'insécurité) s'est degonglé comme une baudruche;
mais il ne fait aucun doute que d'autres actions, y compris des actes terroristes, seront tentées par l'opposition radicale, financée par les services sécrets des Etats-Unis.

Rafa
Brut léger
Brut léger
Messages : 471
Inscription : 16 juil. 2005, 20:34
Localisation : Lidje, Walonreye

Message par Rafa » 10 avr. 2006, 13:06

Le site de la BBC a une carte du tracé du futur gazoduc reliant le Vénézuela à l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay:

Image

On peut voir l'importance du projet, le plus grand gazoduc jamais construit dans la région; et qui reserrera encore plus les liens entre les pays marqués en orange sur la carte (tous membres du Mercosur, et tous avec des gouvernements orientés à gauche, et tous s'étant opposés et fait capoter le projet d'ALCA (zone de libre echange americaine) des Etats-Unis).
Il y aurait aussi des ramificiations vers le Paraguay (aussi membre du mercosur) et la Bolivie (pas encore membre, mais pourrait le devenir; la Bolivie sera bientôt membre de la télévision publique d'Etat TeleSUR, financée par le Vénézuela, Cuba, Argentine et Uruguay, et bientôt la Bolivie donc).

Au Pérou; le candidat Ollanta Humala, est arrivé en première position lors du premier tour dimanche (le depouillement partiel ne lui donne pas assez de voix que pour passer au premier tour apparamment); d'arriver à la présidence, le Pérou viendrait se joindre au Vénézuela et aux autres pays "bloc régional de pouvoir" en formation.

Une compagnie vénézuelo-salvadorienne a été créée pour permettre la vente directe de pétrole vénézuelien raffiné aux municipalités du Salvador qui s'associent au projet (les municipalités avec des maires du FMLN, parti de l'ancienne guerilla); cela permets de passer outre le gouvernement central, aux mains pour le momment d'un parti pro-US. Cette possibilité d'avoir accès à du combustible moins cher et avec de très avantageuses conditions de payement, renforce la position des municipalités aux mains du FMLN, il s'agit donc d'une action politique d'integration menée par le Vénézuela.

Quant à la Banque de développement latinoaméricaine, elle est en voie de se concretiser; et sera donc une alternative pour les gouvernements en recherche de financements, qui ne devront plus alors faire appel au FMI (et surtout à son influence nefaste sur les politiques économiques locales). Déjà le Brésil et l'Argentine se sont depêtrés du FMI, en payant, grâce à l'aide du Vénézuela, en avance leurs dettes avec le FMI, et n'ayant desormais plus aucun lien avec cette entité.
Les gouvernements du Vénézuela, de la Bolivie et de l'Uruguay ont déjà dit qu'ils comptaient suivre une voie similaire et se depêtrer au plus tôt de leurs attaches avec le FMI.
Une banque régionale qui pourrait racheter les dettes de ces pays pourrait accélérer le processus.

Avatar de l’utilisateur
tolosa
Modérateur
Modérateur
Messages : 865
Inscription : 16 oct. 2005, 22:24
Localisation : Je suis la où mon nom l'indique

Message par tolosa » 10 avr. 2006, 13:07

L'évolution de l'amérique latine est décidement très intéressante. je trouve que l'on en parle guère ici en Europe.

Pura Vida
Condensat
Condensat
Messages : 548
Inscription : 21 mars 2006, 21:38

Message par Pura Vida » 10 avr. 2006, 18:31

Bonjour Tolosa,

Oui, très juste!
Etant très relationné avec le Mexique, j'y ai mis deux "importants" messages il y a moins de 48 heures à géopolitique, index Mexique.
Toutes affaires à suivre
Cordialement
Pura Vida

Avatar de l’utilisateur
Tiennel
Modérateur
Modérateur
Messages : 4959
Inscription : 12 mars 2005, 00:37

Message par Tiennel » 10 avr. 2006, 21:18

tolosa: L'évolution de l'amérique latine est décidement très intéressante. je trouve que l'on en parle guère ici en Europe.
L'Amérique Latine (Centre et Sud) a une vertu rare : c'est le seul continent qui ne dépend quasiment pas du reste du monde aujourd'hui pour ses besoins énergétiques :
  • en pétrole, ses besoins représentent 70% de sa production
  • en charbon, ses besoins représentent 50% de sa production
  • il n'y a qu'en gaz où 10% des besoins proviennent du reste du monde
  • ajoutons à celà que la forêt amazonienne et la pampa argentine, si mises entre de bonnes mains, forment un potentiel agricole/sylvicole impressionnant
Ajoutons à cela que, située en grande partie dans l'Hémisphère Sud, l'Amérique Latine souffrirait peu d'éventuels nuages radioactifs issus d'une guerre nucléaire entre nations "civilisées" du Nord.
Méfiez-vous des biais cognitifs

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 98137
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Message par energy_isere » 10 avr. 2006, 23:15

Tiennel dit :

ajoutons à celà que la forêt amazonienne et la pampa argentine, si mises entre de bonnes mains, forment un potentiel agricole/sylvicole " mpressionnant
.
tout est dans le si !

par exemple à envoyé spécial la semaine derniére dans l' émission sur les biocarburants on voyait le proprietaire d'une exploitation de canne à sucre de 4000 hectares pour l' éthanol !
Pas vraiment distribué comme richesse !

Rafa
Brut léger
Brut léger
Messages : 471
Inscription : 16 juil. 2005, 20:34
Localisation : Lidje, Walonreye

Message par Rafa » 11 avr. 2006, 23:43

Les compagnies vénézuelienne PDVSA et cubaine CUPET ont crée une entreprise mixte qui investira 1 milliard de dollards dans la modernisation d'une refinerie cubaine d'une capacité de traitement de 70.000 b/j, construite dans les années 1980 et actuellement à l'arrêt.

Une fois la refinerie en fonctionnement, PDVSA s'est engagée à fournir les 70.000 b/j pour l'alimenter; qui viendraient s'ajouter aux 90.000 b/j actuellement vendus à Cuba par le Vénézuela.
Cuba pour sa part extrait aussi du pétrole, et a des gisements non encore exploités dans sa zone économique du golfe du Mexique.

Il est prévu, dans le cadre de Petrocaribe, dont le Vénézuela et Cuba font partie, que Cuba serve de plaque tournante pour la région dans la fourniture de pétrole (le but est logique du point de vue géographique et économique; mais encore plus politiquement, en donnant cette position clé à Cuba, on fait de la stabilité du pays un élément important pour tous les pays de la région qui se fournissent en combustible via petrocaribe; et donc toute la région aura interêt à s'opposer aux tentatives de desestabilisation ou d'aggresion des Etats-Unis contre Cuba); PDVSA y a déjà établi ses bureaux commerciaux pour la région de caraibes.

La remise en état de la refinierie (qui fut laissée à l'abandon lors de la "période spéciale" cubaine des années 1990, suite à la chute du camp soviétique) est la concretisation faite en octobre 2005; la composition de l'entreprise mixte est de 51% pour Cuba et 49% pour le Vénézuela; les produits raffinés seront distribués aussi bien à Cuba que vers d'autres pays.

Cuba et le Vénézuela ont eu des échanges commerciaux pour un montant de plus de 2 milliards en 2005.

Avatar de l’utilisateur
tolosa
Modérateur
Modérateur
Messages : 865
Inscription : 16 oct. 2005, 22:24
Localisation : Je suis la où mon nom l'indique

Message par tolosa » 12 avr. 2006, 08:37

Bonjour Tolosa,

Oui, très juste!
Etant très relationné avec le Mexique, j'y ai mis deux "importants" messages il y a moins de 48 heures à géopolitique, index Mexique.
Toutes affaires à suivre
Cordialement
Pura Vida
j'ai lu tes contributions avec intérêt. N'hésites pas à reposter sur la question.

Rafa
Brut léger
Brut léger
Messages : 471
Inscription : 16 juil. 2005, 20:34
Localisation : Lidje, Walonreye

Message par Rafa » 12 avr. 2006, 21:09

Le Vénézuela avance dans son plan de desendettement anticipé, en rachettant pour un montant de plus de 2 milliards de dollars de dette exterieure. Le montant de la dette vénézuelienne passe ainsi de 35 a 32% de son PIB.

Le payement anticipé signifie que le pays payera moins au total, ainsi avec ce rachat anticipé le Vénézuela a évité de debourser en payement des interêts de la dette pas moins de 676 millions de dollars en 2006, et pour la totalité du plan de desendettement l'épargne escomptée est de près de 5 milliards de dollars (soit de quoi financer la modernisation de 5 raffineries comme celle qui est adaptée au brut vénézuelien à Cuba; ou encore de rachetter des parts de dette de pays amis pour les aider à se degager plus rapidement du FMI, comme le Vénézuela l'a déjà fait avec l'Argentine).

Rafa
Brut léger
Brut léger
Messages : 471
Inscription : 16 juil. 2005, 20:34
Localisation : Lidje, Walonreye

Message par Rafa » 13 avr. 2006, 19:03

La compagnie pétrolière publique vénézueliuenne PDVSA a rachete ce mardi la totalité (pour un montant de 83 millions) de la dette qu'elle avait encore aux Etats-Unis, ce qui fait que PDVSA deviens de ce fait libre d'obligations envers la Comission des Valeurs des Etats-Unis.
Officiellement le rachat de la dette est due aux taux desavantageux, mais il est aussi un fait que politiquement cela ameliore encore plus la position de force du Vénézuela par rapport aux Etats-Unis, le tout dans un climat de tension constante entre les deux pays.

De plus, la télévision vénézuelienne a annoncé que PDVSA étudiait la possibilité d'exporter 2 millions de barrils mensuels vers l'Inde.

Aussi, bien que je n'ai rien vu ni lu le confirmant dans les médias vénézueliens, des rumeurs sur peakoil.com parlent du fait que le Vénézuela voudrait se defaire de sa filiale CITGO aux Etats-Unis, de façon à se mettre hors d'atteinte de toute action, légale ou extra-légale, que les Etats-Unis pourraient entreprendre. La diversification des exportations vers la Chine et l'Inde, notamment, ainsi que la mise en chantier de 35 bateaux pétroliers, preparent en tout cas le terrain pour effectuer un basculement du marché US vers le marché asiatique, si les tensions avec les Etats-Unis le rendait necessaire.
Le Vénézuela est en tout cas dans une très bonne position, et s'ameliorant chaque fois un peu plus, vis à vis des Etats-Unis, qui n'a actuellement plus aucun moyen de pression ou d'intimidation économique.

Le Vénézuela fête cette semaine le 4e anniversaire du coup d'Etat (financé et planifié depuis les Etats-Unis) du 11 avril 2002, et surtout de sa mise en échec par le peuple et l'armée, avec le retour triomphant du président Hugo Chavez le 13 avril. La confiance et la combativité des partisans de la revolution bolivarienne sont plus haut que jamais; en plus de nombreux documentaires et chansons commemorant les journées d'avril, la télévision de l'Etat passe aussi regulièrement des spots télévisés pour informer de la formation des "entreprises mixtes" pour l'extraction du pétrole, de la prise de contrôle par l'Etat des deux champs dont les compagnies étrangères ont refusé le passage en entreprise mixte, le fait que dorenavant les confliets entre le Vénézuela et les compagnies étrangères seront resolus devant les tribunaux vénézueliens (le Vénézuela ne reconnaît plus aucune legislation économique imposée depuis l'étranger, du moins pour ce qui est du pétrole), et, très nombreux, les spots pour expliquer l'utilisation des ressources pétrolières dans la politique sociale, étrangère, d'éducation, etc. du pays. ça doit être une dizaine de spots PDVSA differents qui passent tout le temps; certains passent aussi sur TeleSUR, dont un en portugais, fait spécifiquement pour une audiance brésilienne.

Avatar de l’utilisateur
zoneautonome
Goudron
Goudron
Messages : 104
Inscription : 23 mai 2005, 11:13
Localisation : 33 Gironde

Message par zoneautonome » 14 avr. 2006, 12:07

Éditorial du Monde : Lula ou Chavez

ou : le vilain nationaliste et le bon mondialiste :-D
Chavez au Venezuela, Lula au Brésil, Morales en Bolivie, Vasquez en Uruguay, Bachelet au Chili : scrutin après scrutin, l'Amérique latine bascule à gauche. Au Pérou, Ollanta Humala est arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle ce week-end. Au Mexique, le Parti de la gauche démocratique (PRD) est en avance dans les sondages pour la présidentielle du 2 juillet. Dix-sept scrutins sont prévus entre décembre 2005 et décembre 2006 : au total, la gauche pourrait se retrouver à la direction de 80 % des habitants du sous-continent.

Les cause de ce basculement prennent racine dans les profondes inégalités qui caractérisent la région. Si l'Amérique latine semble sortir d'une longue phase de crises à répétition et renoue avec une croissance plus durable (5,9 % en 2004, 4,1 % en 2005 et sans doute 4 % cette année), ces pays souffrent d'un développement très mal réparti où se côtoient des bourgeoisies nord-américanisées et des classes pauvres, notamment agricoles, accumulant misère, chômage et analphabétisme.

Entre Hugo Chavez et Lula da Silva, deux gauches s'opposent. L'une propose un discours radical aux accents populistes et avance des solutions nationalistes. L'autre, centriste, prône une politique budgétaire orthodoxe afin d'attirer les capitaux et cherche à insérer l'économie dans la mondialisation.

La forte poussée des prix des matières premières offre une chance pour beaucoup de pays latino-américains dont elles sont, souvent, une ressource importante, du cuivre au Chili, au pétrole au Venezuela comme en Bolivie, en passant par les denrées agricoles pour le Brésil ou l'Argentine. Au début des années 1990, la baisse des prix mondiaux avait précipité l'Amérique latine dans la crise. C'est aujourd'hui l'inverse.

Comment dépenser cette manne ? La tentation de vouloir distribuer rapidement des subventions aux plus nécessiteux est légitime et forte. Il faut espérer pourtant qu'au-delà de ces besoins immédiats les gouvernements de gauche sauront se garder de l'électoralisme pour conduire des politiques de long terme.

Il n'est pas sûr qu'Hugo Chavez, parmi les plus riches, fasse le bon choix en taxant fortement les importions et en expulsant les compagnies pétrolières étrangères, se privant de leurs technologies comme de leurs capitaux. Il n'est pas sûr que le contrôle des prix, la dévaluation du peso et les taxes, imposés en Argentine, apportent un bienfait autre que passager.

La solution brésilienne de jouer le jeu de l'insertion dans la mondialisation impose des contraintes qui limitent la croissance et les marges de manoeuvre. Mais l'investissement dans l'éducation et les infrastructures et l'ouverture aux capitaux préparent l'avenir.
La sécurité nucléaire est une chose trop grave pour être confiée à des actionnaires.


Répondre