
Écoute, ce n'est pas mon genre de me la ramener sur mon background, j'ai horreur de ça, mais j'ai bossé dans la recherche fondamentale en physique subnucléaire quelques longues années, j'ai été membre de collaborations scientifiques internationales, j'ai quelques dizaines d'articles publiés dans des journaux du style Physical Review Letter et autres, pas mal de conférences internationales à mon actif, etc. Je crois pas trop me gourrer quand je dis que j'ai une expérience un peu moins académique voire uniquement journalistique de la communauté scientifique que le sieur Eco (ou peut-être toi-même, qui sait). Pour te donner une définition de la communauté scientifique (sous-entendue communauté de scientifiques), déjà, non ce n'est pas un club. Si tu bosses en tant que scientifique, que c'est ton activité principale, par exemple celle qui te nourrit incidemment, alors t'en fais partie. Si ton boulot, c'est lire l'histoire des sciences, non, t'en fais pas partie.
Maintenant, pour la physique, ne confonds pas l'appliqué et le fondamental. Dis-toi bien que les projets concrets avalisés par les non scientifiques (gouvernements ou autres entités de pouvoir) sont soit du domaine des sciences appliquées (et conséquemment, une nouvelle "technologie" est susceptible d'émerger, engendrant des retours sur l'investissement), soit du domaine du fondamental (financement d'expériences comme celle du CERN par exemple) car il y a déjà de solides base théoriques et exp. admises par la communauté scientifique, et l'investissement est alors fait sur le long terme (en gros: on n'a pas construit le CERN pour prouver que la matière était faite de particules élémentaires, mais pour découvrir l'identité de ces particules, confirmer ou infirmer les théories prédisant ce à quoi ces particules devraient ressembler). Concernant les nouvelles technologies, celles-ci reposent sur des principes scientifiques fondamentaux admis, même si parfois très novateurs et que des esprits sceptiques discutent encore de leur bien-fondé (exemple : la constance de la vitesse de la lumière). Bien sûr, on n'est pas à l'abri de travaux scientifiques "de l'ombre" : par exemple, projets ultra-secrets commandés par l'armée, basés sur des principes non discutés ouvertement parmi la communauté scientifique internationale. Mais là n'est pas le problème : pour la Z machine, tu succombes à un enthousiasme issu plus d'un fantasme que d'une réalité. On ne demande pas aux gens de financer un projet sur quelque chose qui vient juste d'être observé, pas encore compris, mais que 2 ou 3 individus estiment être _peut-être_ utile pour nos futurs besoins en énergies. Il faudra revenir avec bien plus d'arguments solides et vérifiables par des groupes indépendants pour penser à entamer qqchose de la sorte (le zenergiethon comme tu dis - juste en passant, t'as chopé ça où ? cette expression est ridicule, mais ce n'est que mon avis). Comprends-moi bien, je ne critique pas l'expérience de la Z machine, je trouve ça très bien de rechercher dans ce domaine, les vraies avancées fondamentales en physique de nos jours sont assez rares (pour bon nombre de raisons, mais c'est un autre débat). Maintenant, demander du fric aux gens sur des arguments aussi maigres, voire reposant sur rien sinon la peur de l'impasse énergétique vers laquelle nous semblons nous diriger, je trouve ça pas terrible. Laisse d'abord les scientifiques faire leur boulot, comprendre ce qui se passe, assimiler, digérer, extrapoler de manière solide avant d'envisager ce genre de chose.