guino a écrit :Sans compter que les émissions ont lieu en altitude, ce qui peut modifier leur impact ...
Ceci est pris en compte dans la fourchette des 3-3,5% mentionnée au préalable. Pour se faire une idée, pour chaque unité de CO2 émise en vol, on estime que l'effet global est 1,9 fois celui du seul CO2 (en incluant donc les autres gaz, et les traînées de condensation). Il reste à mieux quantifier le rôle de la formation induite des cirrus en altitude, pour préciser cette donnée. A noter que le facteur est de 1,5 pour les activités émettrices au sol (transport routier par exemple). Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'IPCC.
Aujourd'hui, dans
le Monde:
La Commission européenne devrait présenter, mercredi 20 décembre, une proposition de directive destinée à contraindre les compagnies aériennes à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Le texte présenté par le commissaire en charge de l'environnement, Stavros Dimas, a fait l'objet de multiples tractations au sein du collège, avec les sociétés concernées, et les défenseurs de l'environnement.
Le dispositif, qui doit encore être approuvé par les Etats membres et le Parlement européen, prévoit pour l'essentiel d'intégrer le secteur dans le mécanisme d'échange des quotas d'émission de CO2 mis en place depuis janvier 2005 pour l'industrie et les activités énergétiques.
Afin de mettre tout le monde d'accord, une approche en deux temps va être retenue : la législation s'appliquera dès 2011 pour les vols intracommunautaires, puis vraisemblablement en 2012 pour les liaisons internationales, même si Günter Verheugen, commissaire chargé de l'industrie, souhaiterait reporter à 2013 l'intégration des vols intercontinentaux.
Aux yeux de M. Dimas, l'approche européenne se doit d'être exemplaire, à l'heure où plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement multiplient les discours contre le réchauffement climatique. S'il représente autour de 3 % des émissions de CO2 au sein de l'Union, le transport aérien joue un rôle croissant dans la pollution de la planète : la consommation de kérosène augmente avec la progression du trafic, en dépit des progrès techniques. "A elle seule, l'Union est jugée responsable de la moitié des émissions liées aux transports aériens internationaux", note le Fonds mondial pour la nature (WWF), en demandant une réduction des émissions aériennes de gaz à effet de serre.
AUGMENTATION DU TRAFIC
"Alors que les émissions totales de l'Union, réglementées par le protocole de Kyoto, ont diminué de 5,5 % (- 287 millions de CO2) entre 1990 et 2003, les émissions de gaz à effet de serre dues au trafic aérien international ont augmenté de 73 %, ce qui correspond à une croissance de 4,3 % par an", constatait pour sa part la Commission en septembre 2005.
A ce rythme, les experts bruxellois craignent que le secteur aérien ne réduise à néant un quart des efforts consentis dans d'autres domaines d'activités dans le cadre du protocole de Kyoto, tandis que l'Union a déjà du mal à tenir son objectif d'une réduction de 8 % des gaz à effets de serre entre 1990 et 2012.
Cependant, les projets du commissaire à l'environnement ont soulevé de vives réactions. Au nom des compagnies aériennes, l'Association des transporteurs aériens internationaux (IATA) s'est élevée contre la création d'un mécanisme d'échange exclusivement réservé au transport aérien. La compagnie allemande Lufthansa et dans une moindre mesure British Airways, et Air France, ont milité pour un régime le plus souple possible, trouvant une oreille attentive auprès du commissaire aux transports, Jacques Barrot. Ce dernier a plaidé pour une "approche équitable" par rapport aux autres industries. Il a été convenu d'intégrer les activités aériennes dans le système d'échange déjà en place.
Dans un premier temps, le projet ne devrait par ailleurs concerner que les émissions de CO2, et pas le Nox, un autre gaz aux effets présumés dévastateurs. Pour allouer les quotas, la Commission prendra comme base la moyenne des émissions entre 2003 et 2006, comme le souhaitait M. Dimas contre l'avis des compagnies, d'ici à 2012. Mais cette référence sera modifiée par la suite.
En revanche, M. Dimas est parvenu à intégrer les vols internationaux dans son dispositif, en dépit des mises en garde persistantes de quelques-uns de ses collègues, comme Benita Ferrero-Waldner, en charge des relations extérieures. Quelques pays tiers, dont les Etats-Unis, ont signalé leur opposition à toute initiative trop contraignante, incitant la Commission à faire preuve de prudence afin d'assurer la compatibilité de son projet avec les règles internationales, tout en accordant un délai d'un an supplémentaire pour les vols internationaux.
Bruxelles renonce à ce stade à taxer les émissions et le kérosène. "Le champ d'application de ce dispositif doit être le plus vaste possible pour être neutre sur le plan de la compétitivité et crédible sur le plan écologique", dit-on dans l'entourage d'un commissaire. En se limitant aux seuls vols "intracommunautaires", au départ et à destination de l'Union, 60 % du trafic aurait été ignoré.
La Commission devrait aussi suggérer qu'elle est prête à amender son projet dans l'hypothèse d'une initiative en ce sens de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Les 188 pays membres de cette instance n'ont pour l'instant pas réussi à s'entendre sur des normes ou d'éventuelles redevances applicables aux émissions de CO2.
Philippe Ricard
roma a écrit :Bouc emissaire!!!
Avec tout ce qu'on apprends regulierement sur les avions:pas de taxes sur le kerozene,pas pris en compte par le protocole de kyoto,subventions à tout va pour maintenir ce secteur economique ...
Bravo et merci aux Belges qui interdisent "les sauts de puces",esperons que les autres pays prendront exemple!
Concernant les subventions, un peu d'objectivité ne ferait pas de mal. C'est exact que le secteur aérien a bénéficié depuis 60 ans de l'appui des états (c'est de moins en moins vrai), de manière directe ou indirecte ... comme la grande majorité des grosses industries qui ont tiré l'économie occidentale depuis la fin de la 2ème GM: l'automobile, l'énergie, le rail, etc. Je suis bien incapable de dire quel secteur a le plus profité des subsides des contribuables... Accuser ainsi l'aviation relève du dogmatisme.
Pas de méprise. Il est normal que le transport aérien soit associé aux mécanismes de régulation internationaux, visant à réduire les émissions de GES. Tout le monde doit y prendre sa part. On pourrait même songer à revenir sur la fiscalité (kérosène ? CO2 ?), cela ne serait pas scandaleux. Je dis simplement qu'il est navrant de constater que pas mal de gens sur ce forum n'attendent qu'une chose: que tous les avions soient cloués au sol ("le Grand Soir" quoi), comme si cela allait permettre de résoudre la crise climatique et énergétique. La bonne blague !
A ceux-là, je préfère rappeler que la chasse aux sorcières n'a pas fait reculer le "Mal" pendant l'Inquisition ! Arrêtez de voir le monde selon le mode binaire blanc/noir: il y a une infinité de nuances de gris entre les 2 !
Je suis plutôt content que l'UE fasse des propositions pour internaliser les coûts liés aux externalités du transport aérien. Mais je serais encore plus content (et surtout, je trouverais cela plus juste) si la même intransigeance s'appliquait, avec des modalités adaptées évidemment, au transport maritime (aussi réchauffant que la transport aérien, au plan mondial), aux loueurs de voitures, aux frets routier et ferroviaire ... et surtout à l'usager final:
le consommateur ! Mais il est plus facile de taper sur une industrie dont le lobbying est mal structuré, voire inexistant, que sur des électeurs potentiels ...