Morceaux choisis
La plupart des décroissants tirent à boulets rouges sur les néo-malthusiens. S’ils admettent parfois qu’une régulation de la population est nécessaire, ils ne considèrent pas ce problème comme prioritaire, mais tout à fait accessoire. Parce que leur foi en l’homme leur fait croire que les nantis vont accepter une « transition sereine et démocratique » faisant que le souhait de Gandhi se réalise prochainement : « Vivre simplement pour que d’autres, simplement, puissent vivre. » Ce qui est un leurre. C’est méconnaître la nature humaine, c’est-à-dire l’histoire des dix derniers millénaires de l’humanité. En fait la « décroissance » est un tout cohérent dont la démographie fait partie. C’est ce que montre Annaba dans un premier chapitre, « les décroissants ne peuvent qu’être malthusiens ».
En écologie, la question démographique fait l’objet d’un véritable tabou. Alors que de nombreux facteurs de pression anthropiques sont étudiés, montrés du doigt et parfois combattus, la problématique du nombre des hommes est généralement passée sous silence, rejetée comme non politiquement correcte. Il s’agit de montrer dans une deuxième partie, avec Didier Barthès, qu’une autre vision, en réalité plus humaniste, est possible : « Un droit contre tous les autres. » Le droit à une reproduction « infinie » s’oppose à tous les autres droits des hommes. Il s’oppose à celui de disposer durablement d’un monde écologiquement viable. Il s’oppose à la mise à disposition d’un confort minimal impliquant une consommation mesurée de ressources. Ce droit s’oppose aussi à lui-même, puisque plus nous laissons grandir notre nombre, plus demain nous devrons prendre de gré ou de force des mesures pour le restreindre. Dit plus simplement, le droit au nombre s’oppose à une société agréable et durable.
Le Qatari moyen dissipe 30 kW de puissance énergétique, l'Étasunien moyen 10 kW, l'Européen 5 kW, tandis que le Chinois moyen dissipe 2 kW, l'Indien 0,5 kW et le Sénégalais 0,3 kW. Les chiffres sont du même ordre de différence lorsqu'on examine les émissions de gaz à effet de serre ou la consommation des matières premières minérales. J'en déduisais que, d'un point de vue écologique, l'empreinte énergétique d'un nouveau-né européen est dix fois plus importante que celle d'un nouveau-né au Tamil Nadu, entre autres. Que la question de la surpopulation ne se réduisait donc pas au nombre des personnes mais à la multiplication de ce nombre par l'empreinte moyenne de la population du territoire en question. Que, par conséquent, il était rationnel de se poser aussi la question d'une baisse de la natalité en Europe que j'ai énoncée sous la forme spectaculaire de slogans tels que « la grève du troisième ventre européen » ou « l'inversion de l'échelle des allocations familiales »
Le constat ? Tous les écologues qui ont travaillé la question des relations démographie/environnement parviennent plus ou moins à la même conclusion : si nous souhaitons que l'immense majorité de la population mondiale bénéficie d'un style de vie comparable à celui d'un Européen moyen de 2010, le nombre de cette population se situerait autour d'un milliard
http://biosphere.ouvaton.org/bibliotheq ... 9-20-49-53