La russie
Et voila je sais pas si quelqun la poster mais la russie à atteint son pic en 2007
Il est possible que ça remonte un peu transitoirement pendant un an ou deux.
Voici ce que j'en disais sur un autre forum
De janvier à Juillet, la production russe de pétrole s'est légèrement tassé (-1.1% en juillet). Ce n'est pas un décision politique : la preuve en est qu'ils viennent d'alléger le régime fiscal appliqué aux productions pour aider à relancer la production. Ce régime fiscal est certes plus lourd que dans la plupart des pays producteurs, mais il est le même quand des les années 99-2004 ou la production s'envolait et où les prix étaient bien plus bas. D'autre part, la demande intérieure est en hausse. Par exemple, les ventes de voitures sont florissantes en Russie, Celà fait plusieurs années que les constructeurs s'y précipitent.
Le cumul d'un léger déclin de la production et d'une hausse de la demande explique cette baisse nette (5.3%) des exportations. (de source officielle, ministère russe du développement économique).
Un petit rappel historique s'impose. D'abord, une vue générale des régions productrice d'ex-URSS (j'ai fait cette carte pour wikipedia) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Petr ... map-fr.svg
Géologiquement :
* Les bassins de Russie d'Europe, du Kazakhstan et d'Ukraine (Volga- oural, Timan Péchora, Nord Caspienne, Pripyat, Donets) ont des roches sources très anciennes, de l'ère primaire (âge Dévonien), essentiellement d'origine marine.
* la Sibérie Occidentale a des roches sources jurassiques avec des vrais morceaux de dinosaure entier dedans (même pas vrai, c'est surtout des algues). Il y a aussi des riches sources crétacées mais elles sont globalement immatures.
La production russe est très ancienne. La Région de Bakou (certes en Azerbaijan, mais à l'époque sujet de l'empire russe) fut l'une des toutes premières provinces pétrolière du monde. Si l'état soviétique délaissa un temps le pétrole au profit du charbon, la tendance
s'inversa sous Staline. pour l'anecdote, notons que la Tchétchénie dut un temps la plus importante province pétrolière. En 1942 fut découvert romashkino dans le Tatarstan, qui contribua à l'effort de guerre. Le gros décollage de la production soviétique commença dans les années 60, avec l'ouverture de l'énorme plate-forme de Sibérie Occidentale.
Cette région, dont le GOR (ratio gaz/pétrole) augmente vers le nord, est une des plus importantes de la planète, devant la Mer du Nord. Le gisement de Samotlor, avec près de 30 milliards de barrils de production ultime, y fut trouvé en 1968, c'est l'un des derniers
"super géants" de la planète.
Dans les années 80, la production soviétique a atteind le chiffre de 12.5 Mb/j, le chiffre le plus élevé jamais obtenu par un seul pays (incidemment, extrêmement proche du chiffre record de production américaine en 1971). environ 1 Mb/j était hors de Russie (Azerbaijan,
Ukraine, Kazakhstan...). 3 Mb/j venaient de Samotlor à lui seul, mais il était fortement surexploité, ce qui dégrada le réservoir et provoqua un effondrement rapide de la production, qui, cumulé à la forte baisse des cours du pétrole (précisément provoquée par l'Arabie
saoudite comme arme antisoviétique), contribua à l'écroulement de l'URSS.
Après 1991, l'industrie pétrolière russe se désagrégea quasiment, la production tomba de près de 50%. Cette chute aurait largement suffit à provoquer un choc pétrolier mondial si elle n'avait pas été compensée par une chute parallèle de la consommation russe. Après une période de stabilité à 6Mb/j de 1994 à 99, la production commença un rebond spectaculaire qui pris tout le monde par surprise, et ce malgrès un cours du pétrole très bas. En effet, après la privatisation de l'industrie pétrolière, les capitaux ont afflué, d'autant que le rouble était très bas, et toutes les techniques occidentales sont arrivées dans les gisements russes :
puits horizontaux, puits sous balancés, injection multiphase, pompes électriques immergées, etc, etc. Si ces techniques peuvent parfois améliorer légèrement le taux de récupération (donc la quantité de pétrole finalement extractible d'un gisement), elles ont surtout pour
effet d'épuiser les réserves beaucoup plus vite !
C'est de cette façon que fut obtenu le rebond de production. Presque aucun nouveau gisement ne fut mis en service. Les seules exceptions étant les gisements de Sakhaline, et le super-géant de priobskoye en Sibérie occidentale, mais ces exceptions sont récentes (après 2003) et les gisements en question étaient connus de longue date bien qu'inexploités. L'exploration n'a timidement recommencé que depuis une paire d'années.
La production passa à 6.5 Mb/j, en 2000, 6.9 en 2001, la hausse fut très rapide jusqu'en 2004 (8.8) puis s'est ralenti, pour culminer à 9.4 en 2007 (ces chiffres incluent les condensats mais par les C3-C4 extraits du gaz naturel). Ainsi la production de Samotlor, qui était tombé à 450 000 b/j, fut doublée grace à 4500 forages horizontaux creusés par Halliburton.
Ajourd'hui, le prix de la surproduction commence à se payer. Sur les 9 premiers gisements en terme de production journalière, 6 sont anciens, avec plus de 60% de leurs réserves originelles épuisées, et ont une production sous amphétamines - càd boostée par les innovations
techniques citées plus haut.
A court terme (jusque 2011 inclut), la production va augmenter en diverses endroits :
* Le gisement de
Vankor qui doit entrer en production d'ici 6 mois devrait atteindre progressivement les 420 000 barrils/jours Lui non plus n'est pas une découverte nouvelle, il est connu depuis 1988, il a entre 1.5 et 2.5 milliards de barrils de réserves selon rosneft.
*
Priobskoïe (3e gisement en terme de production journalière) est encore en grande partie non développé, sa production continue à augmenter, on peut en attendre environ 100 000 b/j de plus chaque année.
*
Yuzhno-Khylchuyuskoïe (ouf!) doit produire 150 000 b/j
*
Prirazlomnoïe en mer de Barents, pour 130 000 b/j, sera mis en service par tranches de 2011 à 2013.
* Environ 100 000 b/j de plus sont attendus rapidement dans le bloc Sakhaline II.
* Un grand nombre de gisements moindres.
On peut donc estimer que dans les 3 ans et demi qui viennent, les nouvelles productions se situeront aux alentours de 1.2-1.3 Mb/j. Mais en parallèle, de forts déclins sont indévitables dans les vieux mammouths (Samotlor, Fedorovo-Surgutskoïe, Ramoshkino, Mamontovskoïe,
Pokachevsko-Uryevskoïe, Sugmutskoïe) et dans des centaines de gisements petits à moyens. Faute de données plus précises, on peut s'attendre à une production totale à peu près stable dans les 3 années qui viennent. D'autre part, la croissance économique du pays est assez forte, et le prix des carburants y est bas : la consommation intérieure va donc continuer à augmenter, se traduisant par un déclin sensible des exportations.
A plus long terme, la situation est difficile à évaluer, faute de données précises. Les gains de production se feront progressivement non plus en sibérie Occidentale, mais en Sibérie Orientale, à Sakhaline (les blocs III à VI), au Kamchatka, dans l'océan Arctique etc. Il existe des potentiels d'exploration en diverses endroits, comme le bassin de Vilyuy au coeur de la sibérie (roches sources permiennes), le Kamchatka où une découverte importante a été annoncée récemment (je n'en connait pas les caractéristiques géologiques) et surtout les extensions offshore artiques des différents bassins. Mais globalement le potentiel concerne beaucoup plus le gaz que le pétrole.
Les réserves prouvées repotées sont de 60 milliards de barrils. Il est clair que ce chiffre est une estimation trop basse. En comptant les gisements restant à découvrir, il parait raisonnable de d'estimer que la production future se situe entre 90 et 130 milliards de barrils
(ces deux bornes correspondant aux estimations de Campbell et de Youkos) - à comparer avec 145 Gb déjà produits.
Avec sa production annuelle de 3.5 Gb, la russie épuiserait donc entre 2.7 et 3.8% par an de son "restant à produire" - un taux de déplétion un peu supérieur à la moyenne mondiale, intermédiaire entre les pays du golfe (de l'ordre de 2%) et les producteurs occidentaux tels que la Norvège ou le Mexique (5 à 10%). La production peut donc prendre différents chemins, mais il est peu probable que le niveau actuel soit maintenu plus de 15 ans. Cette analyse est recoupée par la plupart des personnes proches de l'information primaire. citons Leonid Fedun, vice-président de Lukoil, qui estime que la production "ne dépassera jamais fortement le niveau actuel".
Voilà les estimations officielles russes :
http://www.rigzone.com/news/article.asp?a_id=65743
Elle sont évidemment un peu plus optimiste. Leur scénario bas donne la stabilité de la production, leur scénario haut :
* production strictement stable cette année
* hausse de production de 2.2% l'an prochain (grace à vankor et
priobsoie?)
* hausse de moins en moins importante ensuite, 0.8% en 2011.
Evidemment, on a envie de demander "et après 2011?" mais ils ne
donnent pas de chiffres à plus long terme.
Quoi qu'il en soit, le temps des hausses de production vertigineuses (en 2003 la russie avait augmenté sa production de presque un million de barrils/jour!) sont définivetement terminés et la capacité de la Russie a exporter du pétrole a se réduire fortement d'ici 2020.
(je sais c'est long

)